«Avoir une famille m’a profondément changé»

Benjamin Fleury

La maison des Vicenzi à Orvin, c’est un joli petit jardin d’enfants. Il est difficile de ne pas marcher sur les jouets et encore plus d’éviter leurs propriétaires. Ceux-ci gambadent dans tous les sens, sans doute ravis d’avoir une soudaine visite. On croit en compter huit. «Nous avons quatre enfants: Amalia, Ellie, Joey et Roméo», nous informe alors Johnny Vicenzi.

Le virtuose d’Orvin nous accueille chez lui. Celui qui dirige la fanfare du village, l’Harmonie, a réussi un joli petit exploit récemment. Il a décroché un certificat fédéral de direction en mai dernier, soit une distinction aussi majeure que rare. «Je ne sais pas combien en possède le Jura bernois, mais je dirais moins de cinq», précise l’homme dont les notes finales forcent le respect (5,02 de note générale et 5,2 pour le travail de diplôme).

Baguette et famille en or

Dans la quête de cette reconnaissance, Johnny Vicenzi avoue volontiers que sa famille a joué un grand rôle. Grâce à elle et à une épouse particulièrement conciliante, il a en effet pu entretenir en toute quiétude son feu sacré pour la musique: «Avoir une famille, m’a profondément changé. En plus de son soutien, j’ai appris à être encore plus sociable, à essayer de comprendre et de me mettre au niveau de tout le monde».

S’investissant presque chaque soir pour former des jeunes à son domicile ou aux locaux de l’Harmonie, le directeur de fanfare a en particulier fait de la patience une vertu majeure. «Certains jeunes vont aux répétitions en révélant volontiers n’avoir rien répété depuis la séance d’avant. Ce sont des kamikazes! Mais Johnny reste toujours calme». Jamais dérangée par la place prise par la musique, Séverine Vicenzi loue particulièrement la capacité de son époux à ne pas s’énerver, dans des situations où il serait pourtant normal de le faire.

«A présent, chaque répétition est un échange», confie en effet l’homme qui se réjouit de voir les jeunes du village et de la région s’investir dans l’Harmonie Une bonne dizaine de membres sont en effet âgés de 16 ans ou moins. De quoi amener une nouvelle dynamique au sein de la fanfare de son cœur: «En 2014, nous ne comptions que 14 membres. Or, maintenant, nous en avons 25! Nous sommes six formateurs et commençons à récolter les fruits de notre investissement. Mais, idéalement, nous souhaiterions accueillir encore plus de monde!»

La fanfare? Pas ringarde!

L’appel est lancé. Mais comment la fanfare parvient-elle à  séduire les jeunes? «C’est une belle école de vie qui encourage la camaraderie. Je ne supporte pas que la fanfare soit considérée comme ringarde! Les préjugés n’ont pas de raison d’être», répond calmement Johnny Vicenzi qui parvient à contenir un cri du cœur.

Ingénieur en microtechnique, il défend âprement sa passion. Depuis tout petit, le citoyen d’Orvin baigne en effet dans le milieu musical. «Mon père faisait du cornet dans la fanfare et m’a donné envie d’en faire aussi. A 9 ans, j’ai fait mon entrée dans la société».  
Il ne l’a plus quittée. Pour le jeune Johnny, c’était le début d’un long parcours qui a donc trouvé son épilogue en mai dernier avec l’obtention du certificat fédéral de direction à Ependes (FR), au côté de l’Harmonie.

«Je ne peux pas envisager de quitter la fanfare d’Orvin. Je me sens attiré magnétiquement à ce village. Le mode de vie et la mentalité me plaisent». Ecolier à Orvin puis étudiant à Bienne, Johnny Vicenzi n’a vécu qu’une courte période en dehors du nid orvinois. «Ca n’a duré qu’une année et je ne me sentais pas bien», avoue volontiers l’homme aux racines profondément ancrées.

Orvin, sa terre, la fanfare, une épouse, quatre petits diables... la musique est belle et la partition gagnante.

Ses passions

Famille Avec Amalia (quelques mois), Ellie (2 ans), Joey (6) et Roméo (7), Johnny et Séverine Vicenzi ont de quoi s’épanouir et aussi des journées bien remplies!

Musique Adepte de cornet et de piano, le directeur musical forme aussi des jeunes.

Nature La famille Vicenzi aime également profiter des paysages idylliques lors de promenades au-dessus du village d’Orvin.

Mécanique  S’il lui reste un peu de temps et de... souffle, Johnny Vicenzi avoue aussi volontiers bricoler. «C’est plus rare mais j’aime bien toucher à la mécanique».