Vous êtes ici

Canton de Berne

Le Conseil exécutif s’oppose à l’initiative sur les plans d’études

Les électeurs devront se prononcer le 4 mars sur le projet «Pour un débat démocratique – Votons sur les plans d’études !»

Un Oui à l'initiative reviendrait à rejeter à posteriori le plan d'études "Lehrplan 21", auquel les enseignants auront déjà été formés entre temps. Photo: Archives Peter Samuel Jaggi

Le Conseil exécutif rejette l’initiative législative «Pour un débat démocratique – Votons sur les plans d’études !». L’acceptation de ce projet entraînerait une déstabilisation profonde du système éducatif bernois et une politisation des contenus de l’enseignement. De plus, le Grand Conseil dispose déjà de suffisamment d’instruments pour piloter l’école obligatoire, que ce soit en vertu de la loi qui régit ce domaine ou à travers les finances. Le gouvernement est convaincu que les discussions sur les plans d’études doivent conserver leur caractère technique actuel ; elles ne doivent pas devenir politiques.

L’initiative « Pour un débat démocratique – Votons sur les plans d’études ! » demande que la compétence de statuer définitivement sur les plans d’études revienne non plus au directeur de l’instruction publique, mais au Grand Conseil et le cas échéant au peuple. La grande majorité du Grand Conseil et le Conseil exécutif rejettent cette initiative, sur laquelle les électrices et les électeurs se prononceront dimanche 4 mars 2018. Des initiatives semblables dans les cantons d’Argovie, Appenzell-Rhodes Intérieures, Schaffhouse, Soleure et Thurgovie ont toutes été rejetées par le peuple. S’exprimant devant les médias aujourd’hui, le directeur de l’instruction publique Bernhard Pulver a rappelé les arguments qui, selon le gouvernement bernois, plaident contre l’initiative.

Risque de politiser l’enseignement
Si l’initiative est acceptée, le parlement devra statuer rétrospectivement sur le maintien du plan d’études alémanique «Lehrplan 21» ; en cas de référendum contre cet arrêté parlementaire, il faudra organiser une votation populaire. Ce changement sera contre-productif, estime Bernhard Pulver : «Si les autorités politiques s’occupent en détail des contenus de l’enseignement, il y aura une politisation du plan d’études et de ses modifications.» Les choix seront alors faits non plus sur la base de considérations pédagogiques et didactiques, mais en fonction de leur capacité à réunir une majorité. Or, au Grand Conseil, les orientations politiques changent avec les majorités et « l’école se retrouvera prise dans un flot de réformes au fil des interventions politiques sur le plan d’études ». Cela entraînera une déstabilisation profonde du système éducatif.

Le Grand Conseil veut rester dans son rôle
A plusieurs reprises, la majorité du Grand Conseil a manifesté clairement son refus de débattre des aspects pédagogiques et didactiques des plans d’études. Le directeur de l’instruction publique a rappelé aux électrices et aux électeurs que le parlement cantonal dispose aujourd’hui déjà de suffisamment de compétences pour prendre des décisions stratégiques et définir les principes directeurs de l’école obligatoire: il peut agir en vertu de la loi qui régit ce domaine et à travers les finances. Lorsqu’il a approuvé le budget et le plan financier, le Grand Conseil a donné son aval aux leçons supplémentaires du «Lehrplan 21», et donc en particulier à la nouvelle grille horaire et à la formation continue correspondante du corps enseignant.

Le « Lehrplan 21 » bénéficie d’un large soutien
Le conseiller d’Etat Bernhard Pulver souligne en outre que le «Lehrplan 21» a une forte légitimité démocratique. C’est l’œuvre commune des vingt et un cantons alémaniques, qui ont harmonisé les objectifs de l’école obligatoire, améliorant ainsi la mobilité intercantonale. En disant oui aux nouveaux articles constitutionnels sur l’éducation en 2006 puis au concordat HarmoS en 2009, le peuple suisse comme le corps électoral bernois ont approuvé une harmonisation de certains éléments fondamentaux du système éducatif et des plans d’études. Des contenus importants du «Lehrplan 21» ont reçu un large soutien lors d’auditions avec des milliers d’enseignants ainsi qu’avec leurs associations professionnelles et les milieux économiques. Les avis recueillis ont été pris en compte dans l’élaboration de la partie bernoise du plan et ils le seront lors de sa future évaluation.

Un non au «Lehrplan 21» aurait des conséquences de grande ampleur
En conclusion, Bernhard Pulver a évoqué les conséquences qu’aurait un rejet a posteriori du «Lehrplan 21». La votation populaire à ce sujet pourrait être programmée au plus tôt en 2020. Elle aurait donc lieu alors que les enseignantes et les enseignants auraient déjà été formés au nouveau plan d’études et que la très grande majorité des élèves auraient déjà suivi une à deux années scolaires basées sur le nouveau plan. L’abrogation du «Lehrplan 21» obligerait à adopter des réglementations transitoires, qui resteraient en vigueur jusqu’à ce que le Grand Conseil et, le cas échéant, le peuple adoptent un nouveau plan d’études.

Articles correspondant: Région »