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Tramelan

«Les femmes ont beaucoup à apporter à l’armée»

Lors d’une conférence au CIP, Madame le colonel Pascale Beucler a évoqué le rôle des femmes dans l’armée et est également revenue sur son expérience personnelle.

Le colonel Pascale Beucler voit les femmes comme complémentaires aux hommes au sein de l’armée. Photo: A. Zuber

Par Aude Zuber

Pascale Beucler, qui a rejoint en début d’année le cercle très restreint des sept femmes colonels actuelles (voir notre édition du 22 février 2018), a présenté une conférence sur le rôle de la gent féminine dans l’armée suisse, mercredi soir au CIP à Tramelan. Il s’agissait de la 2econférence du cycle «Si tu veux la paix» proposé par la commune de Tramelan, la Société jurassienne d’émulation et le CIP.

«Les femmes ont beaucoup à apporter à l’armée», lance Madame le colonel devant une trentaine de personnes. L’habitante de Reconvilier met d’emblée en avant la motivation féminine. «Il est évident que quand il y a des femmes, les hommes ne veulent pas être derrière elles. Du coup, nous poussons les militaires à se surpasser», explique-t-elle.

Non sans humour, elle évoque également la question de l’hygiène. «Tous les commandants s’accordent à dire que leurs recrues masculines prennent davantage soin d’eux quand la gent féminine est présente.»

Au niveau du travail, Pascale Beucler voit les femmes comme complémentaires aux hommes. «Nous avons des logiques différentes. En collaborant avec mes collègues hommes, nous avons élargi les champs de possibilités», se réjouit-elle.

De la persévérance
Selon le colonel, les femmes font preuve d’une remarquable persévérance, profitable à tous. «A plusieurs moments de ma carrière, j’ai failli abandonner, mais j’ai tenu bon.»

Pascale Beucler avance un autre argument, celui du devoir envers son pays. «Si je me suis engagée il y a 30 ans dans l’armée, c’est pour apporter, à l’instar des hommes, ma contribution à ma patrie.»

Elle milite également pour une non-féminisation des fonctions militaires. «On dit Madame le colonel et non la colonelle. Je trouve cela bien, car en gardant le même intitulé, on sous-tend que les femmes remplissent le même cahier des charges.»

Et Pascale Beucler d’ajouter:  «Dans la littérature, la colonelle désignait l’épouse du colonel, notamment dans les écrits de Léon Tolstoï.»

A la fin de sa présentation, Pascale Beucler évoque la représentativité féminine dans l’armée suisse. «Actuellement, on compte 0,7% de femmes. Mais les choses bougent. L’année dernière, près de 250 femmes se sont enrôlées sous les drapeaux rouges à croix blanche. Ce n’est pas rien.»

Journée d’info pour tous
Pour augmenter ce pourcentage, elle souhaiterait rendre obligatoire la journée d’information pour la gent féminine. «Elles pourraient ainsi savoir de quoi il s’agit, comment ça fonctionne, les possibilités et les formations que l’armée peut offrir», conclut-elle.

 

Au fil de l’Histoire
1939-1945 Suite à un appel de volontaires du Conseil fédéral de septembre 1939 adressé aux hommes et aux femmes, le général Guisan signe, le 16 février 1940, les directives pour l’organisation du Service complémentaire féminin (SCF).
Durant la Seconde Guerre mondiale, environ 20000femmes furent instruites au Service complémentaire féminin.

1945-1985 Après la Seconde Guerre mondiale, le SCF est maintenu, mais modifié, comme l’âge d’admission des volontaires. En 1949, 387 femmes furent instruites et 254 en 1985.

1986 Le SCF est remplacé par le service féminin de l’armée. Toutes les femmes entre 18 et 35 ans peuvent alors s’annoncer.

1995 Le SFA cède la place au service des femmes dans l’armée (FDA). Le recrutement est désormais commun aux deux sexes.

2004 L’Armée XXI entre en vigueur le 1er janvier. Il s’agit d’un pas important pour les femmes qui font du service, puisque le statut entre militaires féminins et masculins est indifférencié.Les femmes peuvent être incorporées dans les unités de combat. AZU

 

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