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Offices postaux

«Il faut stopper le massacre»

La Députation a arraché une demande de moratoire sur leur fermeture, ce que le canton devra exiger de la Confédération.

La poste d’Orvin est amenée à disparaître, comme plusieurs autres offices. Photo: Archives Dan Steiner

Berne Dan Steiner

La manifestation des Orvinois devant leur poste, il y a un mois, porte quelques fruits. On ne parlera pas ici d’un retour en arrière du «rouleau compresseur», selon les mots de Virginie Heyer (PLR, Perrefitte), qu’est le géant jaune. Du moins pas encore. Mais quelques jours après le rassemblement demandant qu’on ne ferme pas l’office du village, le maire et conseiller national agrarien de Cortébert, Manfred Bühler, avait déposé une motion dans la Berne fédérale. Stop à l’exigence des dividendes de La Poste, a-t-il exigé.

Ce reproche, on l’a également entendu hier dans la tanière cantonale de l’Ours. Malgré les grognements de l’exécutif, la motion de la Députation francophone, avec la députée-maire de Perrefitte comme porte-parole, est parvenue à arracher des mains du gouvernement une demande de moratoire.

Par 71 voix contre 64 et, peut-être, huit abstentions décisives, le Conseil exécutif est désormais sommé de faire son possible pour que la Confédération impose à La Poste le blocage de la fermeture des offices postaux dans le canton de Berne. Pas indéfiniment, bien sûr, mais jusqu’à ce que l’Assemblée fédérale statue sur l’initiative jurassienne validée en 2018 qui demandait également moins d’intransigeance postière.

Sourde oreille
«C’est une question de principe. C’est inadmissible que La Poste, qui a un mandat à remplir dans le secteur public, procède de la sorte», a tonné la porte-parole devant l’assistance. Elle en a voulu pour preuve Orvin, mais également Crémines, «dont les spécificités géographiques sont tellement évidentes qu’on ne s’explique pas l’acharnement qu’elle a mis à vouloir fermer ces offices. La solution du service à domicile à Orvin est tout particulièrement hors réalité!»

Quant au dialogue évoqué dans la réponse du gouvernement, c’est une fausse excuse. «De véritable dialogue, il n’y a pas eu. Tant la population que les communes sont mises devant le fait accompli. Pétitions signées par des centaines de citoyens, manifestations publiques, rien n’y fait.»

Egalement membre de la Députation, Moussia de Watteville a embrayé, prenant la parole pour son groupe et clamant qu’il était «urgent d’attendre les décisions fédérales. Il faut stopper le massacre», a poursuivi la Verte tramelote, précisant bien que ce n’était pas l’arrêt complet des fermetures que la motion soutenait, mais «une pause» dans l’opposition entre service public et exigences de dividendes.

Un mandat à remplir
Si le Curgismondain Roland Benoit a pu amener l’eau de l’UDC au moulin, le Reconvilierain évangélique Tom Gerber a avoué ne pas avoir pu convaincre son groupe. Il est vrai que le PEV et le canton avaient plusieurs arguments à faire valoir, le plus souvent cité étant celui du réaménagement des offices en agences postales, dans des commerces locaux où le service et le contact humain allaient pouvoir perdurer voire s’améliorer.

«Dans le canton de Berne, les habitudes ont clairement changé. La Poste s’adapte et elle en fait de même avec ses prestations», avait bien tenté Christoph Ammann, conseiller d’Etat chargé de l’Economie. «Oui, elle est obligée de fermer certains endroits, ce qui fait mal. Mais elle développe ainsi de nouvelles offres pour couvrir les besoins. Ce moratoire n’est ni judicieux ni demandé au bon échelon politique.»

Eh bien ce sera quand même au Conseil d’Etat de toquer à la porte du Palais fédéral. «La Poste n’a pas souhaité prendre position suite à l’acceptation de l’initiative jurassienne et elle continue sans sourciller sa politique de suppressions. Le canton de Berne, qui compte de nombreuses régions rurales touchées, doit réagir. La Poste a un mandat à remplir et elle ne peut tout simplement pas supprimer sans compenser adéquatement», a cacheté Viriginie Heyer.

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