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Bienne

A midi, au théâtre, avec une «petite» rebelle

Pour la nouvelle édition de Midi, Théâtre!, l’équipe de Nebia programme, dès lundi, la pièce «Venir grande» de la troupe Frakt.

La Petite auprès de son arbre fétiche, avec son complice apiculteur Le Rossé. Photo: LDD

Salomé Di Nuccio

Comment voyait-on le monde des adultes à l’âge de 10 ans? Quelle image se faisait-on de ses règles de bonne conduite? Peut-être bien la même que celle de «La Petite», espiègle héroïne un brin rebelle de la pièce «Venir grande», que la troupe Frakt portera, dès lundi, sur les scènes romandes de la tournée Midi, Théâtre! Et comme le veut la tradition de la formule, l’aventure débute au niveau local pour la compagnie biennoise.

Trois midi d’affilée, à partir d’après-demain, le Théâtre Nebia programmera ainsi la dernière création signée Kraft.

Règles «fantômes» d’ici

A la lumière du jour et loin de la scène, trois structures en bois suggestives forcent déjà l’imaginaire. Au gré du tintement factice des cloches de vaches, on devine le cocon familial, l’univers des autres et la forêt, sphère habituelle d’une famille fictive du Jura bernois... Les décors sont plantés dans le foyer de Nebia, où un public diurne goûtera, à l’heure du repas, aux questionnements multiples et profonds d’une petite fille. «Il y a, à ses yeux, beaucoup de règles «fantômes». On n’en parle pas, mais  elles sont bien là», commente Pascale Güdel, comédienne et directrice artistique de Frakt.  «Pour respecter ses fameuses règles «fantômes», elle joue alors à la bonne fille pour plaire aux parents...»

Pour sa 6e production théâtrale, cette Jurassienne de souche s’est inspirée de «Venir grand sans virgules», premier roman de la Prévôtoise Myriam Wahli. Un ouvrage régional pur jus qui a fortement résonné en sa mémoire d’adulte. «En lisant un texte qui parlait de la Birse et de montagnes que je connaissais, je voyais des images tout à fait concrètes et ça m’a vraiment touchée.» Très à l’aise dans la peau d’enfants, elle s’est elle-même attribué le rôle de La Petite.

Le spectre des émotions

Déroulée sur une centaine de pages, l’histoire collait de plus au concept de Midi, Théâtre!, exigeant un spectacle d’une quarantaine de minutes. Basée sur «deux niveaux de narration», elle est à la fois jouée et racontée. «Ce qui  nous permet, à l’intérieur de l’histoire, de sortir de temps en temps de notre personnage pour la commenter.»

Axée autour des pensées quotidiennes d’une petite provinciale, «Venir grande» est annoncée aussi simple et légère que réflexive. «C’est un peu une pièce  assez lambda, où l’on passe par tout le spectre des émotions.»
De par une première expérience de Midi, Théâtre!, Pascale Güdel voit, en revanche, une forme de défi dans un jeu à la mi-journée à fleur de tables. «En jouant dans un espace qui n’est pas fait pour du théâtre, le gros challenge consiste à y amener une vraie théâtralité, et non bonnement une animation autour d’un repas.»

Performance scénique

En charge de la partie musicale du spectacle, Nicolas Gerber réussit là, quant à lui, une vraie performance scénique pour sa seconde expérience théâtrale. A tour de rôle père de La Petite, complice apiculteur et pasteur, l’artiste de Sonceboz a la charge de trois personnages, assurant en sus la fonction de pianiste et de narrateur. «Le musicien étant quelque part aussi un personnage, ça rentrait dans l’idée d’un assemblage.» Tout un programme, toutefois, lorsqu’on s’improvise acteur. «En me projetant dans chaque rôle, il s’agissait pour moi de sentir à quel endroit il pouvait résonner avec moi-même.» Il en va de même pour la dramaturge biennoise Nicole Bachmann, qui campe à la fois la mère, Rose la voisine et la maîtresse d’école.

Suite aux trois représentations au foyer de Nebia, la tournée romande mènera l’équipe de Frakt dans les théâtres de Villars-sur-Glâne, Sion, Porrentruy, Delémont, Yverdon, Rolle et Vevey. salomé di nuccio
Les 27, 28 et 29 janvier à 12h15.
 Plus d’infos: www.nebia.ch

Mots clés: Bienne, Nebia, Midi, Théâtre

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