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VTT

Camille Balanche se retrouve de nouveau toute seule

La Biennoise d’adoption a pu pour la première fois préparer la Coupe du monde de descente avec un team professionnel, mais la voici aujourd’hui chez elle car le début de la saison a été reporté à cause du coronavirus.

La championne d’Europe en titre Camille Balanche a rejoint l’équipe Dorval AM, avec qui elle a pris part à deux camps de préparation, avant que tout ne s’arrête.

par Sélim Biedermann


Camille Balanche était prête. Elle allait attaquer la saison, ce week-end au Portugal du côté de Lousã, pour la première fois dans le costume de membre d’une équipe professionnelle. Mais la voici de nouveau «amputée» de toute coéquipière, chez elle, à Bienne. Pandémie de coronavirus oblige. «Le plus dur est de savoir comment s’occuper, il n’y a vraiment presque plus rien à faire», lâche-t-elle, forcément très déçue. «Etant donné que je n’ai pas le droit de pratiquer ce qui comporte des risques afin d’éviter de me retrouver à l’hôpital, je me contente de rouler sur la route ou pédaler sur mon vélo d’appartement. Mais il manque bien sûr tous les aspects techniques.»

Parce que le truc de la Locloise d’origine, c’est la descente. Comme pour la Biennoise Emilie Siegenthaler, avec qui elle ne peut même pas se maintenir en forme pour le moment, car cette dernière se trouve en pleine rééducation à la suite de son opération à un genou. Mais de toute façon, «là, on n’a plus trop de but pour s’entraîner». Camille Balanche hausse les épaules. La Coupe du monde est à l’arrêt au moins jusqu’en juin, les trois premières manches ayant été annulées. «Je suis d’ailleurs un peu pessimiste pour la suite, au vu des courbes qui montent au niveau des cas positifs au coronavirus. Il faudrait que la situation soit bonne dans tous les pays, car on retrouve des concurrents du monde entier en VTT, et il s’agit de rester fair-play avec tous.»

Retour à la case départ
Comment savoir, dès lors, à quel rythme se préparer? Une chose est certaine, néanmoins: après avoir sué pendant trois mois, tout est à recommencer. «En plus, c’était assez stressant pour être prête dans les temps, car le début de la saison était prévu assez tôt cette année», explique la Biennoise d’adoption. Elle va donc reprendre par l’endurance de base, avant de progressivement en arriver jusqu’à «des intensités très hautes, que l’on ne peut pas répéter durant des mois». D’où un inévitable retour à la case départ... Avec de nouvelles contraintes. «Je ne peux même plus me rendre une fois par semaine chez mon entraîneur pour la condition physique. Et tous les fitness sont fermés», rappelle celle qui est habituellement coach dans l’un de ceux-ci, le CTS Bienne.

Petit lot de consolation en ce début d’année, Camille Balanche a découvert à quoi ressemble une préparation en équipe, avec Dorval AM. Cela en l’espace de deux camps, avec le second au Portugal qui s’est toutefois récemment vu raccourci. «C’était vraiment cool!», lance la jeune trentenaire. «Nous sommes trois filles à concourir en élite, cela nous permet de nous pousser mutuellement à l’entraînement. Et il y a cet esprit un peu familial. Malheureusement, j’ai pu en profiter seulement pendant deux semaines.»

«Mieux qu’espéré»
Ce n’est cependant que partie remise pour la septième meilleure descendeuse du monde, selon le classement général final de l’an dernier. Un rang obtenu après avoir disputé toutes les étapes du circuit en devant tout gérer toute seule. «Cela s’est vraiment super bien passé pour moi, même mieux qu’espéré, par rapport à mon objectif de finir dans le top 10.» De quoi faire signer à la championne d’Europe en titre un contrat professionnel de deux ans. «Même s’il ne se passe rien côté compétition en 2020, je suis sûre d’avoir une équipe encore l’année prochaine», se rassure-t-elle.

Avant d’aussitôt nuancer son propos: «Enfin, sur le papier...» Camille Balanche craint en effet que l’annulation de plusieurs manches de la Coupe du monde, pour lesquelles nombre de démarches avaient déjà été entreprises par les dirigeants de son team, contraigne ces derniers à revoir leurs plans. «Ce report du début de saison a coûté beaucoup d’argent, dépensé pour rien. Ça va peser dans le budget», souligne-t-elle. Mais pour l’heure, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire qu’attendre. Et, malgré ses doutes, la citoyenne de Bienne peut a priori demeurer confiante au vu des brillants résultats dont elle s’est fait l’auteure en 2019.

 

Emilie Siegenthaler: «Je ronge moins mon frein»

«Au moins, ce que j’ai de mon côté, c’est le temps. Dans mon cas, la triste situation due à la pandémie de coronavirus s’avère quelque peu arrangeante, elle me permet de me concentrer sur ma rééducation, qui en est à peu près à mi-chemin.» Emilie Siegenthaler profite de l’arrêt des compétitions pour soigner au mieux son genou droit, dont le ligament croisé a été touché en tout début d’année alors qu’elle évoluait sur une piste espagnole de pump-track. «Il est clair que plein d’autres choses sont bien plus sérieuses que ma blessure en ce moment. Néanmoins, je ronge moins mon frein», ajoute-t-elle.

La Biennoise s’est donc une nouvelle fois fait opérer, le 15 janvier, quelque quatre années après avoir passé sur le billard pour son autre genou. «Le ménisque a aussi dû être suturé au passage, il y avait une entaille», signale la vététiste de 33 ans, qui espère se retrouver d’attaque au début de l’été pour ce qui représenterait déjà sa treizième saison au plus haut niveau, après avoir décroché en 2019 le 6e rang au classement général de descente et sa meilleure place aux Mondiaux, soit 5e. Même si elle également se montrerait «étonnée que la Coupe du monde puisse reprendre en juin».

Pas de rééducation à Macolin
Indépendamment de cet état de fait, Emilie Siegenthaler travaille à son retour. «Je me trouve dans la période un peu dure, c’est-à-dire entre deux: je reprends gentiment l’entraînement alors que je ressens encore des douleurs», explique la membre du team Pivot Cycles. Et de préciser:«L’évolution de ma rééducation est standard. Je me situe dans une phase où cela ne va pas encore tout seul. J’ai pas mal de raideurs musculaires. Je dois reprendre de la force, tout en gardant la mobilité et la souplesse.» Et les mesures liées au COVID-19 ne lui rendent pas la tâche facile de ce point de vue-là. «J’avais pour habitude d’aller à Macolin en rééducation. Mais là, je devrais y rester, en dormant sur place, ce qui n’est pas idéal», relève la Biennoise. «Par chance, je peux encore voir mon physiothérapeute, mais je ne sais pas s’il va laisser son cabinet ouvert bien longtemps...»

Emilie Siegenthaler, fidèle à son caractère optimiste, fixe toutefois le bout du tunnel. Tout en sachant qu’il faut avancer par étapes «J’aimerais, dans le courant du mois prochain, pouvoir rouler sur un VTT normal», glisse celle qui se livre pour l’instant à quelques brèves virées sur sa monture électrique. «Cela me permet de doser la force que je mets sur la pédale, c’est plus agréable.» Il s’agit donc surtout, pour l’expérimentée No 1 helvétique, de faire preuve de patience. Comme c’est le cas de tant de gens à l’heure actuelle.

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