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Longines

Le boss va passer la main

Après 51 ans au service de la maison imérienne, dont 33 aux commandes, Walter von Kaenel va se retirer en juillet. Il a su développer la marque au sablier ailé pour en faire des plus puissantes au monde.

Walter von Kaenel aura marqué l’histoire de Longines, tout comme feu Nicolas Hayek, dont il était très proche, celle du Swatch Group. Archives-stéphane Gerber

 

Par Philippe Oudot

Il fait partie des personnages clés de l’histoire de l’industrie horlogère, Walter von Kaenel. A près de 79ans, il va en effet quitter la présidence de la direction de Longines, le 1er juillet prochain, pour prendre une retraite bien méritée. Il garde toutefois un pied dans la maison qu’il a portée au firmament en devenant président d’honneur de la marque. Il reste également président de la Fondation Longines. La nouvelle a été annoncée hier par le Swatch Group qui, dans la foulée, a communiqué d’autres mutations au sein de la direction générale et à la direction de plusieurs marques (voir «Nouvelles têtes»).

Tous les échelons
Le grand patron de Longines peut se targuer d’un parcours exceptionnel. D’abord, en sortant de l’école obligatoire, cet enfant de Renan entreprend un apprentissage d’employé de commerce dans une quincaillerie de La Chaux-de-Fonds. Il travaille ensuite trois ans au service des Douanes suisses avant de trouver un emploi chez Jean Singer &Cie, fabricant de cadrans, à La Chaux-de-Fonds. Il y entre en 1963 comme employé de commerce, devient adjoint au directeur de production, fondé de pouvoir puis adjoint au directeur des ventes.

C’est en 1969, qu’il réalise son rêve en rejoignant la maison au sablier ailé. De retour de New York où l’entreprise l’avait envoyé pour un stage, Walter von Kaenel va gravir tous les échelons, jusqu’au sommet. D’abord, comme chef de vente, puis chef du département des ventes. En 1977, il prend la direction commerciale et est en charge des ventes et du marketing, avant de se voir confier la direction générale par Nicolas Hayek, patron du Swatch Group.

Numéro 1 dans son segment
Au sein du géant horloger, Walter von Kaenel se voit très vite assigner une mission: être le numéro 1 dans son segment de prix. Un ordre de marche que ce colonel va s’appliquer à mettre en œuvre. Résultat:malgré son positionnement dans le milieu de gamme, la maison imérienne est aujourd’hui le numéro2 du Swatch Group, derrière Omega:selon la Banque cantonale de Zurich, elle a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 1,5milliard de francs, soit 18% des résultats du groupe. Dans le club des marques milliardaires en termes de chiffre d’affaires, (Rolex, Omega, Longines, Cartier, Patek Philippe et Tissot), la marque au sablier ailé occuperait même le 3e ou 4e rang.

Au fil du temps, le big boss a su faire évoluer la marque et s’adapter aux changements du marché. Après les crises horlogères des années 70 et 80, l’heure était aux montres à quartz. Dans les années 90, le patron de Longines a su prendre le virage du retour à la montre mécanique, qui génère aujourd’hui 80%du chiffre d’affaires.

Walter von Kaenel croit toutefois toujours à la technologie du quartz. La marque a d’ailleurs continué d’y apporter des innovations avec, par exemple, le calibre ultraprécis (plus ou moins cinq secondes par année) qui équipe la Conquest VHP.

Engagé sur le front
Mais ce succès ne tombe pas du ciel. Il est le fruit d’un inlassable travail de toute une équipe, tant au niveau du produit que du marketing, mais aussi de l’engagement indéfectible de son boss qui, malgré le poids des ans, a toujours payé de sa personne en se rendant régulièrement aux quatre coins du monde.

 

Un stakhanoviste engagé sur tous les fronts

S’il s’est engagé corps et âme pour l’entreprise dont il est la figure emblématique, l’infatigable patron de Longines a aussi été très actif au niveau de la région, aussi bien sur les plans économique que politique. Dans le Jura bernois, il a d’abord siégé au comité de la Chambre d’économie publique, dans les années 90, mais aussi au comité de l’Union du commerce et de l’industrie du Jura bernois.

Au niveau politique, il a notamment été conseiller de ville, à Saint-Imier, dans les rangs radicaux. Dans les années 90, il a aussi présidé du PLRdu district de Courtelary, puis de la section du Jura bernois. Et sur le plan cantonal, il fut également coprésident du parti, de 1992 à 1996. De 1997 à 2010, le boss de Longines sera également membre de la délégation bernoise de l’AIJ au sein de laquelle il fut président de la commission Institutions et membre de celle «Culture». Il a, en outre, assuré la présidence de la délégation bernoise à l’AIJde 2004 à 2006. Et ce n’est pas tout, puisque Walter von Kaenel fut encore secrétaire général du Groupe Avenir, avant d’être élu au Conseil du Jura bernois dès sa fondation, en 2006. Il y a présidé la section Institutions, siégeant également dans celle de l’Economie. Achaque fois réélu, il y a siégé jusqu’à son retrait, en 2018. Véritable stakhanoviste, ce passionné d’histoire est encore membre du comité directeur de la Société jurassienne d’émulation, et membre du conseil de fondation des Archives de l’ancien Evêché de Bâle.

Enfin Walter von Kaenel a aussi à son actif une grande carrière militaire, gravissant tous les échelons jusqu’au grade de colonel, commandant successivement les régiments d’infanterie 46, puis 9.

 

Nouvelles têtes

Les changements annoncés par le Swatch Group ne concernent pas que Longines. Dès le 1er juillet, Raynald Aeschlimann, président et CEOd’Omega, accède à la direction générale du groupe. Matthias Breschan quitte la tête de Rado et succède à Walter von Kaenel comme CEOde Longines. Sylvain Dolla, responsable de Hamilton, est élu à la direction élargie du groupe et reprend le poste de CEOde Tissot, jusqu’ici occupé par François Thiébaud qui, de son côté, est nommé président du conseil d’administration de la marque. Par ailleurs, l’actuel CEOde Certina et d’Union, Adrian Bosshard, prend la tête de Rado. C’est Marc Aellen, responsable des ventes chez Jaquet Droz, qui accède à la direction de Certina. Enfin, le CEOde Mido, Franz Linder, prend aussi la direction d’Union.

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