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Ecologie

Objectif: en finir avec les pesticides de synthèse

L’initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse sera soumise au vote. Le projet est porté par des Neuchâtelois et, entre autres, une citoyenne d’Ipsach.

Sept citoyens ont lancé l'initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse

Par Maeva Pleines

La votation sur l’initiative populaire «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse»  vient d’être confirmée pour le 13juin. Une étape importante pour le comité de sept écolos, viticulteurs, commerçants ou encore biologistes, qui portent le projet sans affiliation politique. Stéphanie Hüsler a rejoint l’équipe pour soutenir la campagne qui a séduit cette juristed’Ipsach. «En tant que consommatrice, je suis soucieuse de protéger ma santé et celle de ma famille. Je me souviens d’une émission ‹A bon entendeur› qui démontrait que du glyphosate se trouvait dans l’urine de 40% des Romands. Cette initiative changerait cela.»

De fait, le texte demande d’interdire les pesticides de composition non-naturelle dans un délai de 10ans, à compter de l’acceptation de l’objet. Par rapport aux autres produits phytosanitaires, ce sont eux qui présentent le plus de risques pour l’humain et l’environnement. «Ceux-ci réduisent la biodiversité des sols et augmentent les maladies», appuie Stéphanie Hüsler. Des études ont en effet démontré la responsabilité de ces substances chimiques sur le déclin des insectes, la contamination des eaux souterraines et de nombreuses maladies. Celles-ci comprennent notamment les cancers dépendant des hormones, la maladie de Parkinson, une baisse de la fertilité ou encore des leucémies infantiles.

Période de transition
Pour mettre en place des alternatives plus durables aux pesticides de synthèse, les agriculteurs risquent de passer par une période de diminution de rendement, que les initiants qualifient d’acceptable. «Au moment de passer au bio, la production peut baisser les premières années, admet Stéphanie Hüsler. Mais ce n’est que passager, le temps que le sol regagne en fertilité et offre une capacité de production encore meilleure. Alors que, sur le long terme, les produits chimiques contaminent les sols, qui finissent par perdre la biodiversité nécessaire à un bon rendement.»

Cette mère de famille insiste ainsi sur la période de transition de 10ans, qui doit permettre aux paysans d’aborder ce changement en douceur. «Sans compter que nous ne nous attaquons qu’aux pesticides de synthèse. Les produits bios ou agrégés par le label Demeter ne sont pas concernés, grâce à leurs standards bien plus élevés que ce que demande l’initiative. Nous ne touchons pas non plus aux engrais, ni aux antibiothiques, ni aux fourrages», conclut-elle.

Et d’amener une comparaison avec l’amiante, «à laquelle on ne voyait que des aspects positifs, à l’époque, jusqu’à ce qu’on découvre ses effets secondaires désastreux». Selon Stéphanie Hüsler, une prise de conscience similaire se fait progressivement pour les pesticides de synthèse.

Quant à savoir si la crise économique actuelle pourrait effrayer la population à soutenir l’initiative, l’habitante d’Ipsach pondère. «Même si l’argument de la peur est utilisé, il faut savoir qu’en Suisse, 2,3 mio de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année, il y a donc largement assez pour faire face à une légère baisse de production, temporaire et absorbée sur 10ans. Quant à l’aspect économique, il faut savoir que les marges sont plus élevées sur les aliments bios, c’est-à-dire qu’une partie des surcoûts n’est pas liée au travail de l’agriculteur mais au choix du distributeur, ce qui pourrait changer. Et puis, grâce à une production biologique de plus en plus massive, des économies d’échelle seraient réalisées.» Le texte annonce, par ailleurs, que les importations devront être soumises aux mêmes exigences, afin de supprimer la concurrence déloyale subie par l’agriculture suisse. Les initiants aspirent ainsi à un changement de paradigme, en déconstruisant les dépendances à l’agrochimie, au profit de PME et start-up innovantes.

Plus d’infos sur:www.vieoupoison.ch

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