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Macolin

Un bunker mystérieux

Depuis la mi-mars, l’Office fédéral de l’armement Armasuisse creuse un bunker, dont l’affectation reste confidentielle. Les riverains se sentent laissés pour compte.

La construction du bunker par Armasuisse devrait durer jusqu’en novembre 2022. Peter Samuel Jaggi

Par Hannah Frei / Traduction Marcel Gasser

L’Office fédéral du sport (OFSPO) n’est pas le seul à construire à Macolin: Armasuisse, l’Office fédéral de l’armement, creuserait un bunker sur la parcelle située entre la rue de la Fin-du-monde et le Studmattenweg. Dans une lettre d’information, Armasuisse indique à la population de Macolin que quelque chose doit être construit sous terre, sans en dévoiler plus. La lettre envoyée à la population précise surtout la nature des travaux, l’endroit et la durée de l’opération (pose de canalisations de mars à mai, excavation de mai à juin, construction du gros œuvre de juin à novembre, finition de décembre à novembre 2022).

Mais les riverains jugent ces informations insuffisantes. Roland Seiler, par exemple, qui habite à 150 mètres au-dessus du chantier, se dit «préoccupé et inquiet». Il se demande quel impact aura ce bunker sur les riverains, par exemple s’ils seront exposés à d’éventuelles radiations. «Pourquoi construire un tel bunker au milieu d’une zone d’habitation», s’interroge-t-il? A 67 ans, Roland Seiler a beau respecter le caractère confidentiel de ce projet, il estime qu’on aurait pu l’en informer plus tôt. Or, rien n’a été fait dans ce sens.

Procédure normale

Selon Jacqueline Stampfli, porte-parole d’Armasuisse, la procédure engagée à Macolin est normale pour des travaux qui tombent sous le coup de la loi fédérale sur la protection des installations militaires. Une approbation formelle des plans n’est pas nécessaire, «car il est interdit de divulguer des informations confidentielles». Légalement, il est donc impossible de faire opposition aux travaux. La commune de Macolin a été informée personnellement de la conduite du projet.

A demi-mots, il faut comprendre qu’il s’agit «d’infrastructures de communication» et qu’à la fin des travaux, le bunker sera végétalisé. Ce qui ne satisfait pas Roland Seiler, fâché que la population ait été informée le jour où l’on installait les baraquements de chantier. Il s’est donc adressé directement à Armasuisse, dont il a exigé des éclaircissements. Compréhensif, le préposé de l’Office fédéral lui a accordé le droit de jeter un œil sur les plans. Mais les riverains ignorent toujours la nature exacte de ce bunker.

Pour Roland Seiler, la gestion du trafic est un autre facteur de perturbation. Et à ce sujet également, les informations se sont avérées tardives et imprécises. Dans un premier courrier, on apprenait que le passage par le Studmattenweg serait partiellement entravé entre mars et mai, mais praticable sur une seule voie. Or, il n’en est rien: dans un deuxième message, Armasuisse a corrigé le tir et annoncé que la rue serait entièrement condamnée.

Par conséquent, tout le trafic se déploie sur le Schanzenweg, un chemin étroit emprunté par les écoliers. «A long terme, il est inacceptable que les camions et les enfants utilisent le même chemin. Et les riverains vivent difficilement le fait de ne pas savoir comment les choses vont évoluer», résume Roland Seiler, qui vit dans le quartier depuis 22 ans. Nicole Rossier abonde dans le même sens: elle habite à 50 mètres du chantier et s’attend à d’importantes nuisances sonores. Or, en indépendante, elle recourt au télétravail, et son mari régulièrement aussi. «Ce qui me dérange, c’est que dans ce projet nous n’avons pas eu le droit à la parole et que nous n’avons rien su de ce qui se tramait. Le comportement d’Armasuisse est incompréhensible et inadmissible», résume-t-elle.

La mairesse interloquée

Madeleine Deckert, mairesse d’Evilard-Macolin, s’est également sentie prise en traître ce jour du mois de mars où elle a brusquement vu surgir les ouvriers. Certes, la commune connaissait l’existence de ce projet depuis l’automne 2020. Mais en novembre, elle avait demandé à Armasuisse d’en informer la population de manière proactive. Et en février il était devenu évident que les travaux débuteraient au printemps. Mais aucune date précise n’a jamais été arrêtée. «Même s’il s’agit d’un projet confidentiel, il est primordial que la population en soit dûment informée, surtout dans un petit village comme Macolin. Je trouve déplorable que ça n’ait pas été fait», déclare-t-elle.

La mairesse est persuadée qu’Armasuisse améliorera sa communication ces prochaines semaines. Et elle promet qu’il y aura désormais entre la commune et l’Office fédéral de l’armement des séances régulières de coordination, dont la teneur sera relayée à la population. Le trafic aussi sera mieux régulé à l’avenir: un nouveau concept a été élaboré, qui séparera les poids lourds et les piétons. Il entrera en vigueur prochainement. De plus, Armasuisse convie les riverains à une séance d’information le 28 avril, dont on ignore le contenu exact.

Mots clés: Macolin, Armée, Bunker

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