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Un peu plus de 100 jours à la mairie

A Eschert, il fait tout sauf la police

Jean-Daniel Parrat a remplacé Edmond Montavon, en août dernier. Et bien qu’employé de la gendarmerie neuchâteloise, le nouveau maire cherche avant tout le dialogue.

La commune et son maire reposent sur des bases solides. DSH

Par Dan Steiner

Dire que Jean-Daniel Parrat ne fait pas la police à Eschert, où il est devenu maire en succédant à Edmond Montavon, démissionnaire après sept ans, n’est pas tout à fait exact. Avec l’administration générale, la police communale complète l’intitulé du dicastère dont il s’occupe depuis août dernier.«Je suis en effet un peu bileux; cela me touche lorsque les gens sont mécontents», avoue le «nouveau» maire. «Ce qui m’amène à privilégier l’écoute... sauf quand ‹il faut› vraiment.»

Employé de la gendarmerie neuchâteloise, il n’est donc pas du genre à remettre à l’ordre ses collègues ou les petites mains de l’administration, à moins que la situation l’exige. Ce qui est plutôt rare, à Eschert.

Cette dernière n’est d’ailleurs que la commune d’adoption de ce Prévôtois pur sucre ayant immigré il y a une demi-douzaine d’années. Et qui n’a pas perdu de temps avant de tâter de la politique locale. «On est venu me chercher à mon arrivée, en 2014, alors que j’étais là que depuis trois mois», rigole-t-il. «On m’a dit ‹tu verras, c’est très intéressant›.»

Il reprend alors la place de Rémy Minder, démissionnaire pour fin 2014. En ligne de mire, il a alors la route d’accès au village, qui pose problème. «Sa rénovation a été une certaine fierté», se rappelle-t-il. L’assainissement des conduites d’eau propre ajouté, la facture avait été un peu plus conséquente qu’initialement prévu, mais il fallait ce qu’il fallait.

Plusieurs dossiers déjà derrière
Puis c’est Edmond Montavon qui a frappé à sa porte. «Il me poussait à reprendre son poste. Peut-être parce que je montre beaucoup d’intérêt à la bonne marche communale. Et ce même si rendre tout le monde content est évidemment mission impossible.» C’est finalement sans adversité qu’il lui a succédé, l’été passé. «C’était effectivement dommage de ne pas être combattu. D’un autre côté, c’est une marque de confiance. Qui sait, peut-être qu’il y aura d’autres prétendants cet automne...»

Car comme Patrik Devaux à Orvin, Jean-Daniel Parrat s’est engagé en sachant que le terme de la législature est fixé à cette année déjà. Ce qu’il vient de dire signifie-t-il que sa décision de repartir pour un tour (complet) est déjà prise? «Ce n’est pas encore tout à fait clair», lance-t-il avec un rictus. «Je ne veux pas faire fuir les autres conseillers.»Le Conseil se donne donc jusqu’à cet été pour dire qui continue et qui renonce.

Reste que, en seulement quelques mois comme maire, l’homme de 49 ans depuis fin mars, séparé et père de deux enfants, a pu élargir son horizon et prendre pleinement conscience de la tâche qui l’attend s’il vient à rempiler pour 2022-2025. Déjà soulagé d’avoir pu mener à bien le projet de la route et celui de la place multisport en tartan de l’école, il se félicite d’avoir pu mettre un point final à celui du ruisseau des Chaudières. «Après sept ans de procédure, on a enfin pu le terminer, l’an passé. Pour stabiliser le terrain (réd: qui s’était affaissé par le passé), il était nécessaire de déplacer le ruisseau.»

Robinets ouverts,robinets partiellement fermés
Cela dit et cela fait, il reste toujours de quoi dépenser de l’argent, dans une commune. Mais pas de quoi ouvrir grand les robinets. «Nos finances se portent bien et il nous reste encore de la fortune, mais on va rester prudents, en 2022/23. Car les effets de la crise sont difficilement quantifiables, notamment au niveau du chômage.» Et donc de ses conséquences sur les rentrées fiscales.

Mais le Plan général d’alimentation en eau nécessitera une mise aux normes des installations locales. «Tout fonctionne, mais le réservoir en cas d’incendie, par exemple, est vétuste et sa capacité insuffisante», explique le maire. Un projet commun avec Belprahon avait, par le passé, été imaginé, mais la commune voisine avait connu une avarie qui l’avait forcée à effectuer des travaux urgents.

Passage obligé pour les communes, la révision du Plan d’aménagement local est, lui, à bout touchant, à Eschert. «Tout devrait être transmis à l’OACOT (réd: l’Office des affaires communales et de l’organisation du territoire) à la fin du mois. Nous avons déjà reçu des modifications de leur part. Mais peut-être qu’il va encore nous en demander.» Ah! les procédures.

Il faudra bien fusionner, une fois, mais avec qui?
Devenir maire d’une petite commune, c’est très vite se rendre compte de la difficulté du travail de milicien. C’est se démener avec un juridisme de plus en plus présent. Jean-Daniel Parrat n’est plus conseiller depuis quelques mois seulement mais estime que les charges qui reposent sur ses collègues ont déjà augmenté. Quand il est arrivé à la mairie, il avait en plus une double casquette, avant que Pierre-André Barras ne vienne occuper le siège vacant. Se pose donc toujours l’éternelle question: pour décharger, faut-il fusionner? «Fusion ou partenariat, c’est inévitable. Tout devient si professionnel et si compliqué...»

Les liens avec Moutier seront à rediscuter, eu égard à son départ prochain. «Nous avons toujours l’eau de secours de leur part, donc il faut que des collaborations se fassent», juge le maire d’Eschert. Et ses élèves du secondaire, continueront-ils d’étudier dans la Prévôté? C’est également à voir.

Jean-Daniel Parrat indique pour finir que l’idée d’une fusion avec les villages de la couronne devra être débattue. «Mais sur quelles bases? Si je me fie aux discussions, mes concitoyennes et concitoyens sont conscients de cette difficulté concernant la professionnalisation. On va devoir unir nos forces, tout le monde le comprend.» Rappel utile: en 2013, Eschert avait dit non à l’étude d’un nouveau canton à 67,2%, puis avait renoncé à demander le vote communaliste.

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