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Cyclisme

Des «remparts» pour protéger les coureurs

Des «bulles sanitaires» entourées de barrières de deux mètres de haut seront mises en place jeudi prochain lors de la 2e étape du Tour de Romandie à La Neuveville et à Saint-Imier, pour le départ et l’arrivée.

Jeudi prochain, on sera bien loin de ce cliché pris à Saint-Imier en 2015, avec la foule vers l’arrivée.

par Sélim Biedermann


«On a dû s’adapter au protocole sanitaire de l’Union cycliste internationale, étant plus strict que ce que permettent depuis peu les nouvelles règles édictées par le Conseil fédéral, et donc aux conditions fixées par les responsables du Tour de Romandie. C’est la problématique», lâche, néanmoins toujours dans la bonne humeur, John Buchs, le président du comité de Saint-Imier.

«La situation sanitaire nous a rendu la tâche un peu compliquée», appuie son homologue de LaNeuveville, Catherine Frioud Auchlin, mais, elle aussi, dans un sourire qui démontre bien l’enthousiasme que l’on éprouve du côté du Jura bernois à accueillir la boucle romande, précisément la 2eétape agendée jeudi prochain.

Des zones hermétiques frustrantes
Dans les deux communes, des «bulles sanitaires» seront mises en place. «Le public a normalement une grande promiscuité avec les coureurs», relève la maire d’une commune qui en est à son troisième départ d’une étape du Tour de Romandie, après ceux de2012 et2015. «Les fans vont certainement être très frustrés. Ils patienteront... Ma foi, c’est comme ça.»

La 74eédition, qui se tiendra de mardi à dimanche, ne ressemblera à nulle autre. «Le cyclisme est un sport populaire, où l’on peut en temps normal s’appuyer sur une barrière à deux mètres de la ligne gratuitement. C’est, pour moi, le plus grand crève-cœur», regrette John Buchs en évoquant les 240derniers mètres de l’étape totalement hermétiques au public, à l’occasion de ce qui sera la quatrième arrivée de l’histoire du peloton cher à Richard Chassot –le patron de l’épreuve– à Saint-Imier, avec celles de1950, 1984 et2015.

Décourager les mordus
On se doute bien, toutefois, que quelques mordus voudront tenter de braver coûte que coûte les interdictions liées à la pandémie. «Il faut les décourager à faire ceci dans l’intérêt des coureurs et du sport», coupe John Buchs, qui se montre cependant indulgent face à l’hypothèse d’un tel comportement. «Je comprends cet engouement, moi qui suis un fou de cyclisme! Quand je vais sur le Tour de France, j’essaie d’ailleurs toujours de me glisser dans les meilleurs endroits...»

Et de souligner malgré tout que les gens peuvent admirer ces as du deux-roues en dehors des zones de départ et d’arrivée, que ce soit dans les localités ou au sommet des cols par exemple, en se pliant aux règles liées au Covid s’appliquant dans le domaine public. Soit le respect des distances et les regroupements de plus de 15 personnes non autorisés. Avec en outre l’obligation de porter un masque, une exigence de l’Union cycliste internationale. «Pouvoir assister au passage des coureurs d’une épreuve de niveau mondial reste un privilège pour les habitants de notre région», note l’ancien maire de «Sainti».

Double barriérage
Histoire de s’assurer une sécurité sans faille face à d’éventuels débordements au début ainsi qu’au terme de l’étape, il n’y aura pas simplement les traditionnelles barrières Vauban –commandées et payées par les comités locaux. Juste derrière celles-ci, l’armée suisse se chargera de poser des «remparts» de deux mètres de haut. Pour un double barriérage dissuasif. Mais sachant que «le risque zéro n’existe pas», comme le rappelle John Buchs, un corps de la Protection civile, fort de 30hommes, veillera au grain à Saint-Imier. A LaNeuveville, ce rôle sera tenu par des agents de sécurité.

Des personnes baptisées «Covid-angels» se trouveront également au départ et à l’arrivée, afin que tout se déroule dans le respect des directives, et leur présence semble capitale. «Elles devront agir avec beaucoup de psychologie», insiste le président du comité imérien, «parce qu’on aimerait que ce soit aussi un jour de fête, et non pas de contraintes».

 

Les commerces ouverts

Sans compter une circulation perturbée –avec notamment la fermeture de la route cantonale dès6h jeudi à Saint-Imier– et des places de parc en moins, les citoyens imériens et neuvevillois ne devraient pas se retrouver trop gênés par la venue du Tour de Romandie dans le Jura bernois et de ses «bulles sanitaires» prévues au cœur de leur commune. Celle qui se trouvera à la place du 16-Mars, à «Sainti», en prévision de l’arrivée de la 2eétape peu après17h, n’empêchera pas les commerces de rester ouvert lors des deux premiers passages du peloton dans le courant de l’après-midi (à14h44 et16h04, selon les estimations). «Mais il ne faudrait pas que des gens profitent de venir s’attrouper là», met en garde John Buchs. Et la «double-bulle» qui entourera la gare sise au bord du lac de Bienne, à l’est et à l’ouest de celle-ci, ne privera évidemment pas la population de LaNeuveville d’accéder aux trains à l’heure du départ du peloton(13h).

Ces «bulles» n’étaient par ailleurs pas suffisamment conséquentes pour permettre d’accueillir à elles seules les cars des 20équipes –19 du World Tour et une composée de coureurs suisses– engagées sur cette 74eboucle romande et les voitures des directeurs sportifs notamment. Ainsi, les autorités neuvevilloises, en charge du départ, ont sollicité l’aide de leurs voisines: «Nos collègues du Landeron nous aident en mettant à disposition un troisième espace sur le parking de la piscine, puisque nous sommes quand même un peu coincés entre le lac et la montagne à LaNeuveville...», signale Catherine Frioud Auchlin. Du côté de Saint-Imier, une seconde zone hermétique prendra place à la rue des Noyes, qui demeurera fermée de13h à19h.

 

Un budget à réévaluer pour le comité d’organisation imérien
 

Qui dit «bulles sanitaires», dit sécurité accrue. Et qui dit sécurité accrue, dit en règle générale dépenses supplémentaires. Mais on s’accommode de cet investissement à Saint-Imier, où quantité de barrières ont dû être commandées en plus de ce qui était prévu à la base. «On a commencé, mardi soir, à réévaluer notre budget (réd:de 110000francs)», confie John Buchs au nom du comité imérien. «Mais nous n’avons pas de chiffres pour l’instant.»

Ce dernier peut cependant se réjouir du soutien affiché. «Si l’augmentation est d’environ10%, le Fonds de loterie s’est dit d’accord de prendre une nouvelle décision sur la base de nouveau budget», fait-il savoir. Par ailleurs, «aucun retrait officiel parmi nos 54sponsors ne nous est parvenu, personne ne nous a lâchés, c’est fantastique! Ça aussi, c’est un grand encouragement.»

«Des recettes en moins»
A «Sainti», de toute façon, «nous n’aurons pas de perte en tant qu’organisateur, ce seront des recettes en moins», explique John Buchs. «Et on ne cherche pas à faire du bénéfice mais à ce que tout le monde ait du plaisir. Où il y a une perte en revanche», nuance-t-il, «c’est pour les sociétés locales, qui sont les principales victimes de cette pandémie».

Le HCSaint-Imier ainsi que la Société du funiculaire Saint-Imier - Mont-Soleil s’étaient notamment annoncés pour prendre part à l’événement. Sauf que la manifestation populaire imaginée dans un premier temps s’est envolée. «Cette année, il n’y aura pas de village du tour», secoue la tête John Buchs, en se rappelant qu’en2015, lors de la précédente arrivée d’étape à Saint-Imier, «c’était la grosse fête, comme à l’Imériale».

A LaNeuveville, en revanche, le budget de 35000francs reste inchangé. «Il n’y a pas de majoration spécifique. Par contre, c’est peut-être le résultat qui bougera», imagine Catherine Frioud Auchlin. En effet, plusieurs sponsors se sont retirés. Les possibles frais seront à la charge du comité d’organisation, la commune assurant le déficit. Mais tant pis! «C’était vraiment un choix du Conseil municipal de maintenir cet événement, qui paraît moralement important pour la population en cette période de crise sanitaire», rappelle la nouvelle maire. «Aussi, notre ville abrite beaucoup de clubs ainsi que des sportifs d’élite. Cela fait partie de son ADN.»

Important pour l’image de la région
De surcroît, répète Catherine Frioud Auchlin, «le fait d’être une ville-étape du Tour de Romandie fait bénéficier notre magnifique Jura bernois d’une vitrine extraordinaire, étant donné que cette course est largement suivie sur les écrans». Au total, 143pays reprennent les images de l’épreuve, et 60 diffusent en direct la dernière heure de la 2eétape.

En dépit de l’absence de tourisme, de nuitées dans les hôtels, les retombées économiques ne s’avèrent ainsi pas insignifiantes. «Le retour sur investissement est difficilement estimable et capitalisable en francs, mais indirectement, cela porte ses fruits», juge John Buchs. «Il ne faut pas penser que nous aurons pléthore de touristes les semaines suivantes, mais ça montre que notre région est dynamique, et c’est important pour son image. Ça, ça paie.»

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