Vous êtes ici

Abo

Cinéma

Un film à son image

Olivier Jeannerat, qui a grandi à Moutier, s’est lancé le défi de réaliser un documentaire pour ses 60 ans, qui sera bientôt diffusé dans les salles obscures de la région.

Olivier Jeannerat (à gauche) se met lui-même en scène, afin de prendre de la hauteur par rapport à son film et sa démarche. Il est épaulé dans cette tâche par Jérémie Steiger qui lui apporte son regard artistique et philosophique. ldd

Par Marisol Hofmann

Soixante ans, c’est l’âge des grands questionnements. Tel est du moins le sentiment d’Olivier Jeannerat, Noirmonier bien connu dans la région pour avoir lancé le Noctambus et l’association de redistribution des invendus alimentaires Au P’tit Plus et qui a récemment passé ce cap. «Je me pose de sérieuses questions sur l’avenir de notre civilisation, notre façon de consommer, notre rapport à la nature etc. Encore plus depuis la naissance de mes petits-enfants et les mouvements de jeunes pour le climat», raconte celui qui a opté pour une vie allant vers davantage de simplicité. Et de poursuivre: «Je me demande souvent comment se fait-il que nous soyons de plus en plus nombreux à nous soucier de ces questions et qu’en même temps les changements prennent autant de temps à s’opérer...» Il était temps pour cet esprit créatif, jamais à court d’idées, de ressortir son ancienne passion pour la vidéo et de se rendre sur le terrain afin de prendre la température, non pas de la planète, mais bien des opinions de ceux qui y vivent. C’est ainsi qu’il s’est lancé, deux ans plus tôt, le défi de s’offrir, pour son soixantième anniversaire, la réalisation de son tout premier film documentaire. «Je suis tout à fait conscient que je suis un amateur et que d’autres sont beaucoup plus doués que moi dans cet art. J’ai toutefois l’avantage de ne devoir rendre de compte à personne. Ni journaliste, ni cinéaste, je bénéficie d’une totale liberté. Je suis juste un citoyen lambda qui discute avec d’autres citoyens.»
 

Un faisceau de 30 regards
C’est poussé par ses questionnements et le désir de «donner la parole à ceux qui ne l’ont pas» (ou du moins pas souvent) qu’Olivier Jeannerat est parti à la rencontre d’une trentaine de personnes, principalement issues de sa région, d’âges, milieux sociaux et professionnels variés, allant de l’agriculteur au punk vivant dans un squat, en passant par des militants du climat ou encore ses petits-enfants. «J’ai choisi des personnes que je connaissais bien, voire très bien, d’autres que je connaissais un peu et que j’avais envie de découvrir ou encore que je ne connaissais pas du tout, mais qui suscitaient ma curiosité. Avec ce panel, je savais pertinemment que je n’avais pas tous les regards. Il s’agit simplement d’un faisceau d’une trentaine de regards», image-t-il. C’est d’ailleurs avec cette métaphore qu’il introduit son film: les éclairages, des angles de vues et des distances différentes donnent vie à un objet tout comme «la multiplicité des angles de vues sur le monde qui nous entoure donne vie à nos opinions et à nos vérités».
Olivier Jeannerat n’a donc pas cherché à être impartial. «Ce n’était pas mon but. Je voulais avant tout réaliser un film d’opinions qui ouvre le débat, sans pour autant adopter un ton moralisateur», explique-t-il.
La notion de réussite sociale, l’écologie, l’agriculture, l’initiative citoyenne, la société de consommation, la résistance… sont autant de thèmes globaux abordés lors des entretiens (environ une heure pour chacun) qu’il a menés avec des acteurs locaux.
Il en fait d’ailleurs partie. Il s’est inclus dans le lot en se mettant en scène, sans chercher à cacher ses idéaux, ses convictions, ses préoccupations ou ses contradictions. «Je ne voulais pas utiliser les gens pour dire ce que je n’ai pas le courage de dire. C’est pour ça qu’au début du film, je me positionne. J’ai voulu être le plus sincère possible», souligne-t-il. Et de conclure: «J’ai voulu créer un film à mon image.» Un documentaire empreint de spontanéité, d’espoir, d’humour parfois, d’utopie aussi et de quelques surprises qui le rendent unique en son genre, et qu’il a choisi d’intituler «Des croissants pour tout le monde» (clin d’œil à la décroissance).
Initialement destiné à sa famille et une poignée d’amis, sa dimension universelle lui a valu d’être diffusé dans les cinémas de la région, dont dans quelques salles obscures du Jura bernois selon le programme ci-dessous.


Cinoche (Moutier): samedi 8 mai, à 17h, en présence du réalisateur.
Cinématographe (Tramelan): mardi 11 mai, à 20h, en présence du réalisateur et jeudi 20 mai, à 20h.
Cinéma Royal (Tavannes): mercredi 19 mai, à 20h.
Cinéma Palace (Bévilard): mercredi 26 mai, à 20h, et jeudi 27 mai, à 20h.

Articles correspondant: Région »