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Saint-Imier

Biodiversité généralisée et appliquée tous azimuts

Le film «Demain» a été projeté à Espace Noir avec une effervescence d’idées exposées samedi et hier

Trois acteurs parmi beaucoup d’autres, Janine Favre, Michel Némitz et Chris Zumbrunn (de g. à dr.). Bernard Schindler

Bernard Schindler

Le film «Demain» accroche partout où des citoyennes et citoyens réfléchissent à l’avenir à long terme. Lauréat du César 2015 de la spécialité, il invite à l’action, au travers d’exemples pris dans le monde entier. Avec une logique implacable, il part de l’agriculture et enchaîne dans l’ordre sur l’énergie, l’économie, la démocratie et l’éducation, avec le constat que beaucoup de choses vont mal dans ces domaines et que des initiatives à petite échelle naissent spontanément, portées par des gens qui refusent de subir. Les constantes des expériences réussies apparaissent : le souci du développement durable, la décision au niveau local, la nécessité d’un milieu diversifié.

Le modèle de la «biodiversité», terme issu du milieu végétal et animal, peut alors s’étendre à tout, par exemple au monde financier par la création de monnaies locales, tels les WIR suisses des PME et artisans, ou à celui de l’éducation à l’image de la Finlande qui laisse une grande marge de manœuvre à chaque collège, charge à lui de s’adapter au mieux à ses réalités locales. Les succès sont probants: dans son rayon d’action, une monnaie locale a un impact économique au moins deux fois plus élevé que la monnaie nationale et la Finlande caracole en tête des enquêtes PISA.

La région bouge
Discrets ou en gestation, les projets foisonnent dans la région. Parmi eux, Janine Favre se lance dans les «Jardins conviviaux», elle exhume le projet Précosse, lancé en 1992 mais privé de soutien municipal, pour créer une production maraîchère à St-Imier. En arrière-plan, il y a la gestion participative et la permaculture de rendement très efficace. «J’ai 84 ans, mais j’ai encore des idées! Tout est sur la table, à discuter. Il faut trouver les personnes motivées» lance-t-elle. Belle énergie, après une carrière d’infirmière en bonne partie missionnaire en Afrique.

La «Ruche des coopératives», basée à la Chaux-de-Fonds mais très inter-cantonale, travaille à l’amont: elle aide à la mise en place de coopératives, Michel Némitz fait partie des membres fondateurs. Premier projet, «Padoucha» est en phase de création avancée, elle se vouera à la distribution des produits locaux sur les marchés, avec du personnel recruté parmi des travailleurs défavorisés en quête d’emploi stable.

La «Décentrale» existe à Mont-Soleil dans une belle demeure de 1904, elle se veut espace de création et de rencontre en gestion coopérative. Chris Zumbrunn y est impliqué, mais il connaît très bien aussi la problématique des monnaies locales. Un projet est en route à Berne et des idées sont lancées dans le périmètre du Parc Chasseral. A la Décentrale, il y a un espace disponible pour le rêve de Thys Meyer, enseignant déçu de l’école publique. S’inspirant de Summerhill en Grande-Bretagne et de la pédagogie de Maria Montessori, il veut créer une «Ecole libre et démocratique» où les enseignants suivent le développement et les demandes des enfants plutôt que de leur imposer un programme.

A petite échelle, une «Café-réparation» fonctionne, lieu d’échanges de compétences pour prolonger la vie d’appareils de la vie courante. A Courtelary, le «Café-jeux du Vallon» invite les enfants à jouer et les mamans à discuter. La créatrice, Florence, vient du midi de la France, elle a assuré elle-même son intégration et elle la fait partager. Les réalisations, ambitieuses ou modestes existent bel et bien et les projets, très variés, abondent. De quoi en reparler à brève échéance. 

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