Julien Baumann
Le contraste est immense entre l’intimité des petites salles de la région et le plateau de télé de M6 à Paris où Blake Eduardo a pu passer deux minutes sous le feu des projecteurs en septembre dernier. Le magicien biennois y proposait un de ses tours dans le cadre des qualifications de «La France a un incroyable talent».
Plusieurs centaines de personnes dans le public, un show millimétré devant un jury qui ne retient que les meilleurs, la pression devait être à son comble. Le principal intéressé dit avoir réussi à transformer son trac en énergie positive avant d’entrer en scène.
«J’ai fermé les yeux, j’ai souri et je me suis remémoré tous les moments sympathiques que j’avais passés durant les quatre derniers jours avec des amis parisiens. Et au lieu d’entrer avec la boule au ventre, je suis entré avec le sourire au ventre.» Sa prestation sera diffusée mardi prochain. S’il ne peut pas divulguer davantage de détails sur l’issue de ces qualifications, Blake Eduardo a passé un bon moment: «J’étais content et j’ai fait de mon mieux.»
Une opportunité artistique
Quel que soit le résultat, cette participation est déjà à elle seule perçue comme une belle marque de reconnaissance par l’illusionniste. «Je me sens artiste. Je me suis battu pour obtenir cette étiquette et je crois que cette fois c’est bon, je la mérite!» Blake Eduardo pense que son passage dans l’émission lui servira aussi de tremplin. Depuis la création du show en 2006, les épisodes sont régulièrement suivis par trois à quatre millions de téléspectateurs.
«Je n’ai jamais parlé à autant de personnes en même temps de toute ma vie», rigole-t-il avant de reprendre son sérieux: «C’est une opportunité énorme de faire connaître mon travail. J’apprécie de jouer dans des petites salles car j’aime le contact avec le public. Mais des fois, j’ai eu du mal à les remplir et il y a de quoi se poser des questions. C’est délicat pour un artiste de gagner sa vie aujourd’hui et c’est comme si le système nous obligeait à être médiatisés. Il faut être vu par le plus grand nombre. Je voulais participer à cette émission, c’est aussi une façon de me faire connaître en Suisse romande.»
Cette expérience n’est pas seulement un coup de pub pour Blake Eduardo qui explique avoir pu s’améliorer artistiquement. Avec l’aide de son équipe (Alexandre de Marco, Vincent Held et Lorenz Schaer), il a remis en scène et réécrit un numéro de son premier spectacle en espérant convaincre le jury. «On a beaucoup travaillé sur mon personnage et sur le texte. Je suis allé plus loin dans mon jeu.»
«J’espère devenir une startiflette»
Même s’il dit «survivre de la magie», la carrière de Blake Eduardo prend toujours plus d’envergure. Fin octobre, il a reçu le troisième prix du championnat de France de magie FFAP dans la catégorie micro magie. Il y avait présenté un numéro tiré de son dernier spectacle «Un truc tout près» dans lequel le spectateur devient lui-même magicien (notre édition du 11 mars dernier).
«En compétition, peu de magiciens donnent la responsabilité du tour au spectateur car ce dernier peut tout faire rater. Et ça a marché devant d’autres magiciens, c’était une petite victoire personnelle.»
Ce succès grandissant ne semble pas pour autant monter à la tête du Biennois. Lorsqu’on aborde son possible avenir dans le show-business, il répond d’emblée:«J’aimerais devenir une startiflette.»Une amusante manière de relativiser l’importance du statut de vedette. Pour tous ceux qui ne pourront pas apprécier son incroyable talent mardi soir, Blake Eduardo se produit régulièrement dans la région, notamment à l’Atelier 21 à Bienne.
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