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Moutier: spectacle

Le bon son de cloche

La première de «Ville Vache Cloche»

Le trio Robert Torche, Serge Vuille et Mathilde Raemy a mêlé images sur écran, reportages vidéo et improvisations instrumentales. Pierre-Yves Theurillat

Pierre-Yves Theurillat

La Collégiale accueillait vendredi et samedi soir la première de «Ville Vache Cloche», une création musicale et multimédia originale signée Robert Torche et Serge Vuille, projet adapté et lauréat du prix «Rue des villes et rues des champs» financé par la Culture du canton de Berne. Mêlant reportages sur la cloche avec interviews en vidéos documentaires, projections sonores et improvisations instrumentales, les deux musiciens-reporters, percussionnistes et acteurs, aidés de la violoncelliste Mathilde Raemy ont livré une remarquable approche du monde symbolique et perceptif de la cloche.

Les deux musiciens ont tenté le pari réussi de tisser un lien entre ville et campagne, nature et monde urbain, profane et sacré. Des documents vidéos très parlants, une suite de portraits, un flux d’autres images et sons, de visites, de rencontres, une musique live mariant cloches et violoncelle où n’est jamais jouée la même suite de notes, limite transe extatique et méditation... En bref on pourrait dire un autre son de cloche, qui a fait trembler sur ses fondations quelques conformités. Certains de nos contemporains les trouvent bruyantes et s’en plaignent, d’autres ne pourraient s’en passer dans le paysage sonore quotidien.

Mathilde Raemy au violoncelle joue alors que sont diffusées des images de cloches en action. PYT

Les cloches, le plus souvent au milieu du village, forment une institution à elles seules. Leur tumulte rythmé ne laisse pas indifférent. Le travail de Robert Torche et Serge Vuille questionne sur notre rapport au son des cloches. Bruit si familier dans un contexte ordinaire, il est une musique qui transporte, soulève, mène à de nouveaux sentiers, de nouvelles perceptions.

Les clichés tombent. Beau paradoxe alors que les images défilent. Si le reportage a un côté intrusif, au milieu d’une collégiale, le religieux demeure. Il se fait rituel, comme lorsque les musiciens font le tour de l’assistance en secouant de grandes cloches, une soixantaine de personnes silencieuses et comme prises par un enchantement, une magie, vendredi.

Cloches de vache, clochers de villages, cloches accordées à la fonderie de Whitechapel, clochettes de celle de Morteau, cloches à manivelle d’antan dans les villages, cloches outil ou cloches musiciennes, l’univers de la cloche semble infini, au moins autant que la variété de sons qu’elle peut produire. Et comme le dit Serge Vuille: «la cloche est une technologie assez ancienne qui n’a pas beaucoup évolué et n’a pas non plus été souvent remplacée.»

Prochaine représentation, le 4 novembre à la Swiss Church de Londres.

https://villevachecloche.com

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