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Panama papers

Perquisition au siège de l’UEFA

Le scandale a connu un nouveau rebondissement hier avec une descente de police au siège à Nyon, diligentée par le Ministère public de la Confédération.

L’ancien secrétaire de l’UEFA Gianni Infantino s’est déclaré prêt à apporter des précisions si nécessaire. Keystone

(ATS) Les Panama Papers et leur cortège de révélations embarrassantes ont connu un nouveau rebondissement hier avec une perquisition menée au siège de l’UEFA à Nyon. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a agi sur soupçon de gestion déloyale et d’éventuel abus de confiance.

Au milieu du déballage des pratiques financières de tout un éventail de chefs d’Etat, entrepreneurs, sportifs, criminels, banques, la justice a ouvert des enquêtes.

À Nyon, la police voulait obtenir les contrats concernant l’attribution des droits TV en Equateur à la société Cross Trading, citée dans le scandale Panama Papers, a indiqué l’UEFA. L’UEFA précise avoir fourni «tous les documents en sa possession et vouloir coopérer pleinement».

Soupçon de gestion déloyale

«Si je dois apporter des précisions, je le ferai bien sûr avec plaisir», a indiqué en début de soirée dans un communiqué le président de la FIFA Gianni Infantino. Ancien secrétaire général de l’UEFA, le Valaisan a entre-temps succédé à Sepp Blatter à la tête de la FIFA.

Le Ministère public de la Confédération a indiqué avoir agi sur soupçon de gestion déloyale et d’éventuel abus de confiance. Il a aussi mené une perquisition dans une autre entreprise.

Les soupçons du MPC se réfèrent aux informations recueillies lors d’une autre procédure, comme à des analyses financières menées par le Ministère public. En raison des Panama Papers, des indices supplémentaires sont apparus laissant supposer la possibilité d’obtenir des renseignements plus complets.

Panama dans l’œil du cyclone

Parallèlement, les grands pays ont affiché hier leur volonté de combattre l’opacité fiscale, et surtout de mettre au pas le mouton noir, le Panama. La transparence fiscale a d’autant plus le vent en poupe que les Etats-Unis sont en train de combattre de leur côté l’optimisation fiscale des entreprises.

Dès la semaine prochaine à Washington, à l’occasion des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, les ministres des Finances des pays les plus puissants du monde vont aborder les questions soulevées par ces révélations lors d’un G20 Finances.

En attendant, la France a décidé mardi de réinscrire le pays latino-américain sur sa liste des paradis fiscaux. Paris a demandé à l’OCDE, le groupe des pays avancés qui pilote la lutte contre l’optimisation fiscale au niveau mondial, de lui emboîter le pas.

Mais le pays latino-américain ne semble pas disposé à changer sa politique alors que la plupart des personnes éclaboussées par les révélations distillées depuis dimanche par les membres du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) se défendent en disant respecter la loi. Pour l’instant, la seule victime de poids de ces révélations est le premier ministre islandais David Sigmundur Gunnlaugsson, qui s’est mis «en retrait» de ses fonctions mardi (lire ci-dessous).

Riposte

Le gouvernement panaméen a riposté en s’en prenant à l’OCDE et à la France: «de toute évidence, (vous) utilisez l’information émanant du récent rapport diffusé par les médias internationaux pour déformer les faits et ternir la réputation du pays», a dénoncé le vice-ministre des Affaires étrangères, Luis Miguel Hincapié.

Le Panama a aussi accusé le chef de l’OCDE d’avoir pour dessein «de contraindre à l’adoption de la norme de l’OCDE pour l’échange automatique d’informations» fiscales, le nouveau standard mondial récemment mis en œuvre par presque tous les pays.

Mais la pression risque de s’accroître. Les Etats-Unis sont très mobilisés. Ils combattent aussi l’optimisation fiscale sur le front intérieur avec l’adoption récente de nouvelles mesures pour freiner l’exil fiscal des multinationales américaines qui fuient l’impôt en transférant leur siège à l’étranger à la faveur de rachats d’entreprises.

 

Démission à la Fifa

L’Uruguayen Juan Pedro Damiani, cité dans le scandale Panama Papers, a démissionné du comité d’éthique de la FIFA. Aucune autre information n’a été donnée par la Fifa, qui a ouvert lundi une enquête sur Juan Pedro Damiani, mis en cause dans la gigantesque enquête sur les paradis fiscaux.

Selon les Panama Papers, Juan Pedro Damiani est lié à trois personnes inculpées par la justice américaine dans le scandale de corruption de la FIFA. Damiani et son cabinet d’avocats auraient notamment travaillé pour sept sociétés offshore liées à l’Uruguayen Eugenio Figueredo, ancien vice-président de la FIFA et ex-membre de son comité exécutif, arrêté à Zurich fin mai 2015.

Damiani aurait également servi d’intermédiaire auprès d’une société basée au Nevada et liée aux hommes d’affaires argentins Hugo et Mariano Jinkis. Ces derniers, dirigeants d’une société de marketing sportif, sont eux aussi poursuivis par la justice américaine, pour le versement présumé de dizaines de millions de dollars de pots-de-vin contre l’obtention de droits télévisés en Amérique du Sud.

 

Plainte de Mossack Fonseca

Fonseca Le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, au cœur du scandale des Panama Papers qui a éclaté dimanche, a affirmé mardi avoir été victime d’un piratage informatique opéré depuis des serveurs étrangers. Il a porté plainte. La requête a été déposée lundi.

«Nous avons un rapport technique qui dit que nous avons été piratés depuis des serveurs étrangers», a déclaré Ramon Fonseca Mora, directeur et cofondateur du cabinet. «Personne ne parle du piratage» dans la presse qui abonde depuis deux jours sur les révélations, s’offusque-t-il, alors que «c’est le seul crime qui a été commis», selon lui.

 

Crise en Islande

Soucieux d’éviter des élections anticipées, le gouvernement islandais était hier à la recherche d’un nouveau premier ministre. La veille Sigmundur David Gunnlaugsson s’est mis «en retrait», son entourage ayant été mis en cause dans les Panama Papers, selon lesquels l’épouse du premier ministre islandais possède une société enregistrée au Panama.

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