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Canton de berne

24 novembre et AIJ, combien ça coûte?

Le député UDC Manfred Bühler s’interroge après coup sur la nécessité du vote et quelques-unes de ses conséquences

L’Assemblée interjurassienne – ici, John Buchs, Dick Marty et Philippe Rottet, de gauche à droite: Manfred Büher s’interroge sur son coût. (Stéphane Gerber)

Pierre-Alain Brenzikofer

Après le 24 novembre, Manfred Bühler semble perplexe. L’élu UDC de Cortébert va même jusqu’à se demander si ce vote était bien utile, eu égard au résultat. Il se pose d’ailleurs la même question à propos de l’AIJ et bien d’autres encore dans une interpellation...
«Le vote historique du 24 novembre a permis de mesurer l’ampleur du rejet de l’idée de fonder un nouveau canton. Près de 72% des votants du Jura bernois, représentant la majorité absolue du corps électoral inscrit, ont dit non à cette idée», clame-t-il d’emblée. Et glisse qu’il est permis de se demander si l’exercice démocratique était nécessaire, «puisque ce résultat ne fait que confirmer ce que d’aucuns avaient déjà conclu sur la base des résultats des élections cantonales depuis des décennies et de l’absence de mouvement populaire perceptible demandant un changement institutionnel».
L’interpellateur constate aussi que le long travail de l’AIJ de 1994 à 2013 n’a finalement débouché que sur un seul fait marquant, la votation du 24 novembre. «Une quantité considérable d’argent public a pourtant été investie dans des rapports volumineux qui n’ont pas été pris en compte dans l’objet du vote. De plus, depuis le résultat négatif pour les aspirations jurassiennes, un torrent de haine et de mépris déferle sur le Jura bernois», constate Manfred Bühler Et de citer une population assimilée au nazisme dans une chanson de Thierry Meury, intrigue abondamment abordée dans ces colonnes. L’interpellateur, lui, tient à relever les «innombrables prises de position publiques de responsables ou anonymes séparatistes qui prétendent tour à tour que la population du Jura bernois a voté par ignorance ou par peur.»
Pour le député de Cortébert, toutes ces interventions sont «autant d’insultes à l’intelligence et à la maturité de la population. Il faut aussi constater que des représentants éminents des plus hautes sphères du pouvoir jurassien foulent d’ores et déjà au pied l’engagement de leur gouvernement selon lequel la Question jurassienne serait résolue à l’issue des processus définis dans la Déclaration d’intention du 20 février 2012.»

Histoire sans fin?

L’interpellateur a ainsi entendu le maire de Delémont Pierre Kohler déclarer en direct à la TV qu’«on ne pourra jamais, de mon point de vue, dire que la question jurassienne est terminée».
Pour Manfred Bühler, ces propos sortis de la bouche d’un ancien ministre «interpellent au plus haut point». Il a encore entendu Pierre-André Comte, secrétaire général du MAJ, évoquer une «nouvelle phase active» de la Question jurassienne ou un «redéploiement de l’action autonomiste».
Des déclarations d’autant plus inquiétantes, selon l’agrarien, que la Constitution jurassienne contient maintenant deux articles «qui posent problème au regard de la paix confédérale».
Et de citer le fameux article 138, qui mentionne que le Jura peut accueillir toute partie du territoire jurassien directement concernée par le scrutin du 23 juin 1974 si cette partie s’est régulièrement séparée au regard du droit fédéral et du droit du canton intéressé. Le nouvel article 139, introduit suite à son acceptation le 24 novembre 2013, prévoit que le Gouvernement jurassien est habilité à engager un processus tendant à la création d’un nouveau canton couvrant les territoires du Jura bernois et du Jura.

«Agressions permanentes»

«Ces deux articles constituent des agressions permanentes contre l’intégrité territoriale du Jura bernois», conclut Manfred Bühler.
Dans ce contexte, l’interpellateur souhaite savoir quel a été le coût global approximatif pour le canton et les communes du Jura bernois de la procédure de votation du 24 novembre. Il s’interroge aussi sur le coût total de l’AIJ à ce jour pour le canton: «Le Conseil exécutif estime-t-il que cet argent a été dépensé à bon escient dans les deux cas, puisque le résultat de la votation était prévisible? Et est-il d’avis que le Jura devrait supprimer l’article 138 et le nouvel article 139 de sa Constitution?»
Manfred Bühler demande encore à l’exécutif ce qu’il fera pour que le Jura entreprenne les démarches nécessaires: «Cas échéant, interviendra-t-il auprès des parlementaires fédéraux bernois pour que la garantie fédérale ne soit pas accordée à l’article 139 en question?»
Le député demande l’urgence «afin que la page de cette votation puisse être tournée au plus vite et que la population du Jura bernois puisse ressentir le soutien du Conseil exécutif. Il est nécessaire de connaître prestement l’avis de ce dernier, puisque les Chambres fédérales pourraient être saisies tout prochainement de la question de la garantie pour l’article 139.»

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