Par Sébastien Goetschmann
Tessa Grossniklaus, qui travaille sur l’exploitation familiale, à Eschert, a à cœur de défendre les intérêts des paysans du Jura bernois. Une tâche qu’elle pourra mener très concrètement en reprenant le poste, à 50%, de secrétaire générale de la Chambre d’agriculture régionale. Elle succédera à Emilie Beuret, en mars de l’année prochaine.
A 23ans, la jeune femme qui suit actuellement la formation pour obtenir le brevet fédéral d’agricultrice, admet «manquer peut-être d’expérience. D’un autre côté, j’ai l’avantage d’avoir effectué mes études récemment dans une profession où les normes évoluent régulièrement», affirme celle qui a d’abord entrepris un CFC d’assistante socio-éducative avant de revenir à la ferme. «J’y ai toujours eu un pied et je pense que là est ma place.»
Dynamique et motivée, Tessa Grossniklaus souhaite également conférer une image plus jeune et ouverte d’une profession que l’on se représente parfois comme vieillotte et qui, pourtant, ne cesse d’évoluer avec son temps. «Bien que je ne sois pas la plus à l’aise derrière un ordinateur, je pense que ma connaissance pratique de la profession me permettra d’accompagner les agriculteurs, comme lors de la reprise d’un domaine. Surtout, je n’ai pas peur de me mouiller et de m’investir à fond dans cette nouvelle fonction», assure-t-elle.
Parmi ses principaux objectifs figure celui de maintenir la diversité des pratiques qui fait la richesse de l’agriculture dans le Jura bernois. «Avec l’essentiel des exploitations situées en zone d’altitude, nous avons la chance d’avoir des paysans qui transforment leurs matières premières et font même de la vente directement à la ferme, alors que d’autres se concentrent uniquement sur la production. Chacun a sa façon de voir le métier et je souhaite que cette pluralité demeure, que chacun puisse continuer à faire ce qu’il aime.»
Agriculture raisonnée
Tessa Grossniklaus aura fort à faire pour maintenir cette diversité dès le début de son mandat. Elle s’attellera en effet à combattre les initiatives «Pour une eau potable propre» et «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse», qui seront soumises au vote, le 13juin 2021. «Ces mesures sont bien trop extrêmes et contre-productives», estime-t-elle. «On veut nous pousser vers une agriculture toujours plus extensive, alors que les normes et réglementations suisses font déjà partie des plus strictes au monde pour l’agriculture traditionnelle.»
Une position partagée par de nombreuses associations paysannes. «Je crois que nous avons actuellement un bon équilibre entre le respect de l’environnement, le bien-être animal et la productivité. En interdisant totalement les produits phytosanitaires, cela engendrera une baisse de rendements et impliquera donc l’importation de denrées provenant de pays certainement moins regardant que la Suisse. Ecologiquement, le bilan est loin d’être positif.»
Tessa Grossniklaus n’hésite pas à prendre un exemple concret pour illustrer son propos. «Sur l’exploitation familiale, qui compte 26 vaches laitières, nous utilisons notre propre fourrage et de l’engrais naturel. Mais pour les pommes de terre que nous vendons en direct, nous utilisons des antifongiques pour éviter de devoir jeter la moitié de la production.»
Tessa Grossniklaus juge important que le consommateur s’intéresse aux produits qu’il achète. «Il doit cependant se rendre compte que la Suisse est déjà exemplaire.» Pour elle, il y a un travail d’information et de mise en relation à faire entre la population et les producteurs. «En développant par exemple des offres comme l’école à la ferme.» Une mission de renseignement qu’elle se réjouit également de mener à bien.
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