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Amitra

Le bénévolat pour briser les peurs

L’association, qui a pour mission d’accueillir et d’aider les migrants à s’intégrer à Tramelan, fait le point sur sa situation après cinq ans d’existence. Elle partage notamment son besoin de recruter de nouvelles forces.

L’aide aux réfugiés peut prendre des formes diverses, comme ici, avec un cours de mathématiques improvisé. ldd
Par Sébastien Goetschmann
 
«Tramelan possède une longue tradition d’accueil», note en préambule Nathalie Mercier, caissière de l’association Amitra. «Un centre d’une centaine de places existe depuis 30ans, ainsi que des appartements particulièrement adaptés aux familles, si bien qu’une classe d’intégration a très tôt vu le jour pour les enfants migrants», poursuit-elle.
 
Pourtant, peu d’activités destinées à associer les requérants d’asile à la vie villageoise, excepté des actions ponctuelles organisées notamment par les Eglises, n’avaient été mises en place avant la crise migratoire de 2015. «Un centre d’urgence avait alors été ouvert sous la patinoire, pour loger une centaine personnes, des jeunes hommes en majorité», rappelle Nathalie Mercier. C’est en voyant l’exiguïté dans laquelle ces derniers vivaient que Mathieu Chaignat, cofondateur et président d’Amitra, a décidé de mettre à disposition une salle de gym pour y jouer au foot et les faire sortir de leur souterrain. La première animation de l’association était lancée.
 
Depuis, l’organisation a diversifié son offre, en fonction des besoins exprimés par les réfugiés. Cours de français, de mathématiques, création d’une équipe de football intégrée au sein du FC Tavannes-Tramelan, participation à des épreuves de course à pied et autres activités sportives, repas internationaux, initiation à l’horlogerie, visite de musées, etc. Les initiatives portées par des bénévoles se sont multipliées, toujours dans le but de fournir une possibilité d’évasion, de créer du lien social et de s’intégrer un peu à la vie tramelote.
 
 
Intégration par la langue
Elément indispensable de socialisation, l’apprentissage du français a, dès le départ, été au cœur des préoccupations d’Amitra. A l’heure actuelle, cinq ou six volontaires donnent des cours exclusivement aux titulaires d’un permis N, soit les personnes qui ont déposé une demande d’asile en Suisse et qui font l’objet d’une procédure. Un nombre insuffisant pour couvrir la totalité des besoins. C’est pourquoi l’association lance un appel afin de trouver de nouvelles forces.
 
«Il n’y a pas besoin d’être enseignant pour gérer ces leçons de français», assure Léonie Morf, secrétaire d’Amitra. «Comme il s’agit d’une initiation, de susciter l’intérêt pour le français, cela se fait souvent de manière improvisée, en fonction des capacités des requérants.» A noter que les demandeurs d’asile ayant reçu une décision d’admission F ou B se voient dispenser des cours offerts par l’Etat.
 
Afin d’exemplifier l’importance de la langue, le cas de Marouf Besharat est particulièrement intéressant. L’homme de 35ans est arrivé d’Afghanistan il y a un peu plus d’un an. «J’ai commencé à apprendre seul dans ma chambre, en regardant des vidéos sur YouTube», explique-t-il dans un français un peu hésitant, mais parfaitement correct. Il a ensuite bénéficié du soutien des bénévoles d’Amitra, pendant quatre mois, avant de suivre les cours dispensés au CIP. «Samedi, je passe le test fide pour pouvoir trouver du travail», se réjouit-il.
 
 
Aider les enfants
Pour celles et ceux qui ne se sentent pas à l’aise de donner des cours dans la langue de Molière, il existe d’autres moyens d’apporter son soutien. Depuis un an, une salle de jeu à laquelle les familles migrantes peuvent demander l’accès, a été aménagée par l’organisation Save the Children, dans un ancien appartement. «Mais il manque de monde pour rendre ce lieu plus vivant, y dispenser des animations, préparer des activités, comme du bricolage, des lectures de contes, du théâtre, des jeux de société, selon les envies», explique Léonie Morf. L’investissement au sein d’Amitra peut donc être multiple.
 
Enfin, l’hiver s’étant installé, les enfants, qui représentent environ 50% des réfugiés accueillis au village, ont besoin de vêtements adéquats et de bottes. Des articles qu’il est possible de déposer directement au centre, à la Grand-Rue 91.
 
Prendre contact avec Amitra: mathieu.chaignat@cip-tramelan.ch ou au0786649748

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