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Mesures Covid

Les fanfares mettent un bémol

Les assouplissements décidés par le Conseil fédéral et entrés en vigueur ce lundi, laissent perplexe le milieu de la musique amateur, y compris dans la région.

Faute de pouvoir respecter les distances demandées, les fanfares de la région continueront de répéter en petits groupes de cinq personnes. pixabay

Par Marisol Hofmann

Les assouplissements décidés mercredi dernier par le Conseil fédéral et entrés en vigueur ce lundi ont eu l’effet d’une fausse bonne nouvelle pour les fanfares de la région. «Beaucoup se sont fait avoir», confirme Jean-Pierre Bendit, président de la Fédération jurassienne de musique (FJM), qui croule sous les appels et les courriels, tant la situation est peu claire. «Les répétitions peuvent certes avoir lieu avec 15 personnes au maximum contre cinq, jusqu’à présent. Toutefois, lorsqu’on entre dans le détail, on s’aperçoit que cette mesure est valable pour autant que chaque musicien dispose non plus de 15 m² mais bien de 25 m²! Pour pouvoir répéter à 15 musiciens, il faudrait presque un stade de foot!» exagère-t-il expressément.
Plus exactement, il faut disposer d’une salle de 375 m², soit une surface équivalente voire plus grande que la plupart des halles de gymnastique, comme l’a relevé Luana Menoud-Baldi, présidente de l’Association suisse des musiques (ASM), sur les ondes de la RTS. «Trouver une salle de cette taille n’est pas donné à toutes les sociétés. De plus, jouer ainsi de manière éparpillée n’est pas l’idéal pour les musiciens», regrette Marcel Baumgartner, président de la Fanfare de Malleray. «Nous pensions que le Conseil fédéral allait augmenter le nombre de personnes autorisées mais pas les surfaces. Il aurait mieux fait de dire que l’on continuait tel quel».
Et c’est finalement la réalité car les récents assouplissements n’en sont pas pour les fanfares. «Ils ne nous permettent pas de respecter les distances demandées dans les salles que nous avons à disposition. Nos musiciens de plus de 20ans vont donc continuer de répéter par petits groupes de cinq personnes», indique Sacha Hirt, président du groupe GénéraSon, à Tavannes.
 

Près de 12 000 signatures
Cette situation a d’ailleurs généré un certain flou pour les sociétés locales, à l’instar du Corps de Musique de Saint-Imier dont le président craignait de devoir trouver une nouvelle salle dans l’urgence. «Dans notre local de répétition, nous aurions théoriquement dû passer de 5 à 3 personnes selon les nouvelles directives», s’était-il inquiété.
C’est pourquoi Jean-Pierre Bendit a pris les devants et publié un communiqué sur le site internet de la Fédération jurassienne de musique à l’attention de celles-ci, en précisant notamment que l’espace minimum de 75 m² reste en vigueur pour les répétitions jusqu’à 5 membres de plus de 20 ans (nés en 2000 ou avant).
Il a également tiré la sonnette d’alarme auprès de l’Association suisse des musiques (ASM) qui a pris la situation en main en lançant, mardi, une pétition en ligne. «Le Conseil fédéral a fixé des mesures irréalisables à nos sociétés, le 14 avril dernier. L’argument est que de jouer d’un instrument à vent génère des aérosols et la propagation du virus», indique celle-ci, dans sa présentation. Or l’ASM conteste ce raisonnement avancé et demande des mesures «plus réalistes». «Plusieurs études ont démontré, depuis un an déjà, que la pratique d’un instrument à vent ne génère pas d’aérosols», insiste Jean-Pierre Bendit. Intitulée «Non, la musique à vent ne ferait pas de mal à une mouche encore moins à une bougie!» la pétition a déjà récolté près de 12 000 signatures.
D’autres éléments suscitent la frustration des fanfares, comme l’impossibilité pour les sociétés de musique amateur de pouvoir donner des représentations publiques, contrairement aux musiciens professionnels, ainsi que le manque de perspectives. «Les musiciens n’ont pas d’objectifs, pas de buts, ni concerts, concours ou manifestations programmés. Dans ce contexte, il est difficile de garder la motivation. C’est le défi auquel les sociétés sont confrontées», souligne le président de la FJM. Un sentiment partagé par Marcel Baumgartner qui craint que certains de ses membres, notamment les personnes à risque, qui ne participent plus aux répétitions depuis l’arrivée de la pandémie, peinent à trouver la motivation de revenir après une si longue pause.
 

Manque de perspectives
Sacha Hirt a pour sa part pu constater une baisse du niveau musical importante. «Au vu de la situation sanitaire, notre priorité, actuellement, est surtout de préserver la cohésion de groupe», commente-t-il. «En l’état actuel, nous ne serions même pas en mesure de donner un concert, si les mesures venaient à s’assouplir. Il nous faudrait bien deux à trois mois de répétitions, le temps de se réhabituer à jouer ensemble et retravailler les morceaux», ajoute le président de la Fanfare de Malleray.
Les sociétés sondées de la région espèrent que la pétition ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd et qu’elles puissent bientôt reprendre les répétitions avec un plus grand nombre.

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