Les Young Gods à Bienne

Par Tobias Graden / Traduction Marcel Gasser

Le co-organisateur Jessi Brustolin aurait bien voulu inviter Clawfinger, les Toten Hosen ou encore Massive Attack, mais cela n’a pas été possible.

En revanche, il y aura les Young Gods, Kadebostany, Zeal & Ardor et d’autres. Bienne aura donc tout de même son festival. Connu dans la région pour être le guitariste du groupe de rock Treekillaz et pour avoir coorganisé pendant des années le festival Barbarie, Jessi Brustolin s’est mis en tête, il y a un peu plus de six semaines, de remettre sur pied un festival à Bienne, où l’été s’annonçait morne. Raphael Benz et Tina Messer se sont joints à lui: officiellement, c’est d’ailleurs leur Sàrl Messer Benz qui œuvre comme organisateur. Christoph Messerli, du team Barbarie, et Lorenz Struchen, qui anime les Zwänzgi Chäller dans la vieille ville, les épaulent.

Et tandis que, l’une après l’autre, de nombreuses manifestations ont dû jeter l’éponge, l’équipe a atteint la semaine passée le point de non-retour de son projet : du 22 au 24 juillet, l’Esplanade de Bienne résonnera bel et bien aux sons de la musique rock et pop.

Rien à voir avec la Barbarie

Qu’on ne s’y trompe pas: la manifestation n’aura rien à voir avec la Barbarie, festival de musique alternative. Ni sur le plan du contenu, ni sur celui de l’organisation. Raison pour laquelle elle s’appelle juste «Asphalt», en allusion à son cadre. La programmation de ce nouveau festival se veut plus large. Le jeudi se déroulera sous le signe de la francophonie, avec des artistes comme Phanee de Pool, Carrousel ou Les Fils du Facteur. Le vendredi sera une soirée rock, avec Headliner, les Young Gods et Zeal & Ardor, qui devraient muscler les débats. Le samedi sera résolument pop, mais dans l’acception la plus large du terme, puisque Kadebostany, avec son identité visuelle très originale, tient tout autant du projet artistique. Contrairement au festival Barbarie, le public du festival «Asphalt» ne pourra pas circuler tout-à-fait librement.

Même après les dernières mesures d’assouplissement, les directives en vigueur ne le permettent pas encore pour l’instant, ce qui d’ailleurs explique pourquoi la Barbarie ou le Pod’Ring ne peuvent pas avoir lieu cette année. L’enceinte sera fermée, l’entrée coûtera entre 29 et 49 francs la journée, et l’abonnement pour les trois jours 99 francs. Des prix relativement modérés au vu du line-up. «Bon, ici on est à Bienne», commente Jessi Brustolin sobrement.

Reprise d’activité bienvenue

L’équipe chargée de l’organisation s’attend à pouvoir laisser entrer 1000personnes par jour, mais elle a d’ores et déjà élaboré plusieurs scénarios: en fonction des règles en vigueur à ce moment-là, on pourrait en effet imaginer une augmentation de la capacité. «Evidemment, nous respecterons à la lettre les directives du moment sur le coronavirus», promet Jessi Brustolin. Le budget du festival sera couvert en premier lieu par la vente des billets et des boissons.

Mais la recherche de sponsors a démarré, l’objectif étant de mettre sur pied une manifestation capable d’assurer son propre financement. «Après une si longue pause, les groupes ont hâte de remonter sur scène. Mais ce ne sont pas les seul: d’autres acteurs de la branche, comme les fournisseurs de boissons ou les techniciens de scène, se réjouissent tout autant de recevoir des mandats, d’autant plus que le nombre de manifestations prévues cet été est encore très limité», précise Raphael Benz.

En cas de succès, les organisateurs envisagent sérieusement la perspective d’installer ce festival de manière fixe dans le calendrier des manifestations de la région. «Mais nous ne voulons en aucun cas concurrencer les manifestations existantes», poursuit Jessi Brustolin. Les éventuels prochains festivals «Asphalt» n’auront donc de toute manière pas lieu dans la seconde moitié du mois de juillet, puisque c’est à cette période-là que sont programmés le Pod’Ring, la Braderie et la Barbarie, puis le Lakelive. Mais une planification en mai ou en juin paraît envisageable.

Redonner vie à la culture

Pour l’instant, il y a encore fort à faire pour assurer cette première édition. La prévente démarre aujourd’hui, l’équipe des bénévoles s’étoffe, la charge de travail augmente. Les organisateurs s’en accommodent avec plaisir.

«Nous souhaitons aider à redonner vie à la vie culturelle biennoise», déclare Jessi Brustolin. Sa récompense, à lui, c’est qu’il pourra monter sur scène le vendredi soir avec son nouveau groupe Newkillaz, la formation qui a succédé à Treekillaz, et jouer ses derniers morceaux en public. «Mais bon, je n’ai pas organisé le festival ‹Asphalt› pour ça», dit-il avec insistance. Et Raphael Benz d’ajouter avec ironie: «De toute manière, nous avions réservé un créneau pour un groupe émergent de la scène biennoise».