Docteure en biologie de l’Université de Neuchâtel, Noémie Lamon a mené une étude avec d’autres chercheurs portant sur le comportement de chimpanzés. Parue dans une prestigieuse revue scientifique, elle démontre que ces singes sont capables d’inventer de nouveaux outils plus performants et de délaisser les anciens, une fois l’invention faite.
On a cru longtemps que l’évolution cumulative des comportements culturels était propre à l’être humain. Cette étude démontre au contraire que ces chimpanzés sont aussi capables d’évoluer, suggérant que cette faculté provient de notre ancêtre commun. Une nouvelle technique pour récupérer des liquides s’est propagée au sein de l’espèce, probablement parce qu’elle est plus efficace que sa version ancestrale.
Deux études précédentes avaient documenté chez ces singes la fabrication d’éponges végétales à l’aide de mousse en lieu et place de feuilles, la première technique étant plus efficace, plus rapide à faire et à utiliser. Dans la nouvelle étude, les chercheurs se sont intéressés aux raisons pour lesquelles ce comportement s’est propagé dans la communauté, alors que d’autres innovations ne s’installent pas durablement dans le groupe.
L’expérience a été menée sur 20 individus, dont neuf avaient déjà utilisé de la mousse pour faire des éponges. Sept d’entre eux qui connaissaient la technique ont préféré la mousse, alors que chez les autres seuls trois ont fait ce choix. La chercheuse a constaté que la nouvelle technique s’est d’abord imposée dans les zones marécageuses de la forêt, où il y a plus de mousse. Mais elle a aussi observé que cette technique était en train d’être utilisée ailleurs, ce qui montre que le comportement est en train de s’installer durablement pour cette communauté.
C-PHO
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