Vous êtes ici

Abo

Grand Conseil

Non à la nouvelle «Welscherei»

La Députation n’a pas été écoutée en matière de bilinguisme dans le domaine de la santé. La législation actuelle suffit, estiment les députés.

Si tout est limpide en théorie, des manquements au respect du traitement en français ont été observés dans la pratique à l’hôpital de l’Ile, à Berne, mais également à Bienne. Insuffisant pour convaincre les députés. Keystone

Dan Steiner

«Non, ce n’est pas un caprice d’enfant gâté», a clamé Peter Gasser (PSA) à la tribune, un index pointé vers le plafond du Rathaus. «Ni une nouvelle ‹Welscherei›», a-t-il poursuivi dans son style plein d’entrain caractéristique. Même si la législation est parfaitement claire à ce sujet, a-t-il relevé, le respect du bilinguisme dans les hôpitaux n’est pas toujours observé dans la pratique. C’est selon la Députation une problématique connue, mais des cas de patients traités de manière insuffisante au niveau de la langue lui sont fréquemment rapportés.

Plusieurs appels des députés latins n’ont toutefois pas suffi à faire accepter cette déclaration de planification, en marge de la prise de connaissance du rapport concernant la Planification des soins 2016 selon la loi sur les soins hospitaliers – acceptée à l’unanimité, hormis l’abstention des trois membres du PSA (voir ci-dessous).

Par 75 «non» contre seulement 64 «oui», le Grand Conseil n’a ainsi pas daigné contraindre le Conseil exécutif à vérifier, sur le terrain, la bonne application du droit des patients francophones à être soignés dans leur langue à l’hôpital de Beaumont, à Bienne, ou encore à celui de l’Ile, à Berne. Car c’est depuis là que des manquements répétés sont parvenus jusqu’aux oreilles des membres de la Députation.

Pierre Alain Schnegg s’abstient
Non suivi par son parti, Roland Benoit (UDC) était également monté au front. «Nous vous invitons simplement à accepter une déclaration d’intention, pas une motion ou un postulat. Nous demandons seulement que la loi soit respectée, rien de plus.»

Après une première salve d’interventions non favorables, la présidente de la Députation Samantha Dunning (PS) est, elle, repassée devant le micro. «Comme certaines personnes n’ont pas utilisé leur oreillette ou ne veulent pas comprendre, je le répète: notre déclaration a des conséquences concrètes sur les hôpitaux du Jura bernois et de Bienne. Ceci n’a donc pas d’effet sur ceux de l’Oberland ou de Haute-Argovie.» Ce que d’aucuns, peut-être distraits, avaient auparavant prétendu.

Pour enfoncer le clou, la députée socialiste en a profité pour placer une seconde banderille. «A l’aube d’un certain vote (ndlr: de Moutier), le Grand Conseil aurait tout intérêt à montrer un certain égard envers sa minorité...»

Un baroud d’honneur qui n’a pas plus ému que cela Pierre Alain Schnegg, le conseiller d’Etat en charge de la Santé. «Je laisserai le soin au Grand Conseil de décider.» Le citoyen de Champoz a toutefois tenu à relever le «boulot exceptionnel» effectué tant à Bienne qu’à Berne, malgré la présence d’inévitables exceptions. «Mais finalement, est-ce mieux d’être soigné en français, en allemand ou par un médecin?»

«Manque de considération»
Et pourquoi ne pas choisir deux des trois propositions? Amère après le vote, la Biennoise Samantha Dunning ne s’étonnait  toutefois pas du résultat. «Car je ne savais pas vraiment comment les groupes allaient réagir. Mais c’est plutôt l’attitude désintéressée de certains qui m’a énervée. On ressent un manque de considération pour la minorité francophone.»

Selon Peter Gasser, ce n’aurait pas été la première fois qu’on eût donné un signal politique fort en mettant en exergue un point qui existait déjà. Eh bien, pour cette fois, c’est raté.

Planification avalisée
Objet principal du vote, la Planification des soins pour la période 2017 à 2020 a été acceptée sans vote contraire. Approuvée à la mi-décembre, elle «constitue une base solide pour assurer à la population bernoise une offre de prestations hospitalières conforme à ses besoins», déclarait le Conseil exécutif en fin d’année dernière.

En très résumé – car le volumineux rapport comptait plus de 200 pages –, elle couvre les domaines de la planification hospitalière pour les soins aigus somatiques, la réadaptation et la psychiatrie, les soins psychiatriques ambulatoires, le sauvetage et les professions de la santé non universitaires. Réexaminée tous les quatre ans, la planification est la première depuis l’entrée en vigueur de la révision de la LAMal.

Articles correspondant: Région »