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Nidau

Pallier la pénurie de places en crèches

Les citoyens sont appelés à se prononcer sur une initiative prônant davantage de place dans les crèches et sur le contre-projet que lui oppose la Ville.

Photo Susanne Goldschmid

Carmen Stalder, adaptation Marcel Gasser

Nidau souffre d’une pénurie de places en crèche, qu’elles soient subventionnées ou privées. Le problème ne date pas d’aujourd’hui et il est incontestable: la demande excède l’offre.

Pour mettre un terme aux longues listes d’attente et à l’absence de structures durant les vacances scolaires, les socialistes de Nidau ont lancé une initiative, dite «initiative sur les crèches», exigeant un meilleur encadrement dans ce domaine et une politique plus favorable aux familles. Elle aurait déjà dû être soumise au scrutin populaire, mais une proposition de renvoi, lancée par les partis bourgeois et le Parti évangélique, a été acceptée en juin au Conseil de ville. Le Conseil municipal a donc été prié d’élaborer un contre-projet, ce qu’il a fait. Le corps électoral se prononcera donc le 10 février.

Un coût de 140 000 francs
Il faut savoir que le canton de Berne est en train de transformer son système de financement des structures d’accueil. A partir d’août 2019, les communes distribueront aux parents intéressés les premiers bons de garde pour la prise en charge de leurs enfants. Le canton participera au financement de chaque bon distribué, en renonçant au contingentement en vigueur jusqu’ici.

Le montant de ces bons de garde s’établira en fonction du revenu et de la fortune des parents. Ceux-ci pourront les faire valoir dans la structure d’accueil de leur choix. Il n’y aura plus de différenciation entre crèches subventionnées et privées. Mais comme le nombre de bons de garde n’est pas contingenté, le Conseil municipal de Nidau a fait un rapide calcul et estimé que, si l’initiative est acceptée telle quelle, cela représentera pour la commune un surcroît de dépenses de 140000fr. par année.

Le contre-projet prévoit donc que, si les coûts pour ces bons de garde excèdent les possibilités financières de la commune, le Conseil municipal pourra en limiter la remise. «Ce point du règlement ne fait qu’entériner la situation actuelle et ne résout pas le problème des listes d’attente», commente Michael Kramer (PS), membre du comité d’initiative. Les socialistes jugent le contre-projet «inutile et inadéquat» et recommandent donc au corps électoral d’opter pour l’initiative. Même approche chez Les Verts, qui soutiennent l’initiative à l’unanimité. «Le contre-projet n’est pas assez contraignant. Nous ne voulons pas que le nombre de bons de garde fasse l’objet de palabres à chaque débat sur le budget», déclare Carine Stucki-Steiner, conseillère de ville.

En face: les bourgeois
Les élus de droite qui, en juin, ont réclamé un contre-projet, persistent et signent. Ils estiment que l’initiative va trop loin et qu’elle limite la marge de manœuvre de la commune. Ralph Lehmann (FDP), président du groupe bourgeois, qualifie le contre-projet de solution «à la fois raisonnable et progressiste», qui permettrait au Conseil municipal de garder un certain contrôle sur les coûts et d’éviter que ceux-ci ne dérapent. Président du groupe UDC, Leander Gabathuler se dit également persuadé que le règlement élaboré par le Conseil municipal «améliorera la situation, même si de petites listes d’attente continueront d’exister». Selon lui, accepter l’initiative revient à s’exposer au risque que la demande de places en crèche explose, contraignant Nidau à engager des investissements importants, par exemple pour la construction de nouvelles crèches.»

Paul Blösch-Althaus (PEV) privilégie également la contre-proposition, en quoi il se distingue de la position de son groupe Verts/PEV. A ses yeux, le règlement offre une sécurité financière. «Nous devons en effet nous demander si c’est à nous, en tant que commune, de répondre pleinement et sans limite financière à tous les besoins en matière de crèche.»

Autre aspect de l’initiative: la garde durant les vacances scolaires. Là, il y a une lacune à Nidau qu’il faudra bien combler, quelle que soit l’issue du scrutin. L’initiative exige une offre de garde depuis les nourrissons jusqu’en classe de 9e année. Le règlement propose uniquement jusqu’en classe de 6e. Le parti socialiste déplore aussi l’absence, dans le contre-projet des autorités, d’une indication sur le nombre de semaines qui seront couvertes. Les huit semaines annoncées du bout des lèvres par le Conseil municipal pourraient à tout moment être réduites.

Dans le camp bourgeois, on met surtout l’accent sur la situation tendue des finances à Nidau, qui rendrait l’application de l’initiative irresponsable. Michael Kramer voit les choses différemment: «Nidau dépense aujourd’hui des millions pour des projets d’envergure, et on monte au créneau pour quelques francs à investir dans les crèches.» Les Nidowiens auront donc le dernier mot le 10 février.

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