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Soins précieux

Se requinquer chez la Dom et repartir à tire d’ailes

Lorsque leurs parents sont victimes de prédation ou qu’eux-mêmes souffrent d’un coup de chaud, des oisillons se laissent tomber du nid. Avec de la chance, ils finissent chez Dominique Eggler.

Une jeune hirondelle de fenêtre tombée du nid réclame sa pitance à sa maman d’adoption. Bientôt, elle pourra s’envoler avec ses congénères. Blaise Droz
Blaise Droz 
 
Elle est bien la fille de son père, Dominique Eggler. Nos fidèles lecteurs de longue date se souviennent forcément de Roland Eggler, l’ancien chef de gare de Malleray-Bévilard et Sonceboz, qui était également l’un des plus prolifiques correspondants du Journal du Jura. La Dom aussi est devenue journaliste et sa signature est apparue et apparaît encore dans nos colonnes depuis que, rédactrice libre, elle écrit pour des organisations diverses qui font appel à ses talents.
 
Mais chez les Eggler, la fille partage avec son défunt père une autre qualité encore, celle d’aimer, connaître et soutenir la faune ailée de notre région au point de se dépenser sans compter afin de maintenir en vie l’oisillon tombé du nid ou le rapace percuté par une voiture.
 
Bénévolat
 
Sa réputation étant faite non seulement chez les particuliers mais également chez les gardes-faunes, la Dom reçoit dans son arche parfois bien plus qu’un couple par espèce. En ce moment, ce ne sont pas moins de sept martinets, trois faucons crécerelle, deux hirondelles de fenêtre, un verdier et un hardi étourneau qui, dans l’attente des grands rassemblements de ses congénères par-dessus les vignobles, hante le bureau de la journaliste dont il se prétend le maître!
 
Parce que sa passion est confortée par le sentiment d’un devoir qu’elle a, en tant qu’humain, envers l’environnement, Dominique Eggler ne compte ni son temps, ni les économies qu’elle engloutit dans ce job bénévole consacré à la vie sauvage.
Il n’est pas donné à tout le monde de s’occuper d’un oisillon privé de ses parents. Son nourrissage doit débuter dès le lever du jour et se prolonger jusqu’à son déclin. Chaque martinet et hirondelle reçoivent jusqu’à 5 grillons 10 à 12 fois par jour, soit un rythme d’un nourrissage plus ou moins toutes les heures.
 
Musique douce
 
Le reste du temps, les jeunes hôtes de la célèbre maison aux volets bleus de Cormoret doivent bénéficier de pénombre et de tranquillité. Encore que leur maman de substitution tente d’amoindrir leur stress en leur faisant écouter de la musique. Elle évite bien sûr le hard-rock et le métal, mais pense qu’un fond sonore rassurant peut contribuer à les apaiser.
 
Mais tous les pensionnaires n’ont pas droit à l’intérieur du bâtiment, d’autres sont gardés dans des serres extérieures et un équipement moderne de ce type manque encore cruellement à la station de soins de Dominique Eggler.
 
Reconnue en tant que tel par le canton, la petite entreprise de Cormoret connaîtrait la crise si elle ne pouvait pas obtenir quelques soutiens financiers, notamment pour la construction d’une serre polyvalente et modulable destinée aux oiseaux en phase de réadaptation au milieu extérieur. Parce que, contrairement aux martinets qu’il suffit de laisser s’envoler d’un coup d’un seul, tous les autres oiseaux doivent reprendre contact progressivement avec le milieu environnant lorsqu’ils ont été soignés pour un traumatisme.
 
En cet été 2021, Dominique Eggler s’engage allègrement dans la dernière ligne droite avant la retraite. Cela lui donnera un peu plus de temps mais aussi son lot de soucis financiers. Afin de pérenniser son action, elle va fonder une association, de manière à pouvoir demander et obtenir du soutien, notamment financier.
Mots clés: Oiseaux, Portrait, Soins

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