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Chômage

«Soyons donc créatifs!»

Une élue du PS exigeait des mesures concrètes pour éviter le transfert de chômeurs à l’aide sociale. Oui, mais, disent les députés.

Les députés n’ont pas voulu de la motion mais l’ont acceptée en partie sous forme de postulat. A-keystone

Par Philippe Oudot


Déplorant l’exclusion du monde du travail d’une part importante de chômeurs qui se retrouvent à l’aide sociale, la députée Sarah Gabi Schönenberger (PS) demandait au gouvernement de prendre des mesures concrètes. A ses yeux, il est en effet impératif d’agir en faveur des chômeurs de longue durée et des personnes arrivant en fin de droit pour éviter leur transfert à l’aide sociale.

Elle lui demandait aussi d’établir un calendrier concret fixant les étapes et indiquant les délais pour atteindre ces objectifs. Elle le priait en outre d’indiquer les moyens concrets qu’il entendait mettre en place pour impliquer davantage les milieux économiques afin d’atteindre l’objectif visé. L’élue soulignait que les travailleurs de plus de 50 à 55ans étaient particulièrement concernés et insistait sur la nécessité de mettre en place des mesures ciblées.

Des mesures existent
Tout en assurant que la réinsertion professionnelle des chômeurs fait partie de ses priorités et qu’il faut prendre des mesures adéquates dans ce sens, le gouvernement rappelait dans sa réponse que les mesures de marché du travail existent. Financées par l’assurance chômage, elles visent justement à soutenir les personnes concernées en leur proposant, par exemple, un bilan professionnel, des tests d’aptitude, des mesures de formation ou encore un encouragement à l’autonomie profes-sionnelle. Par ailleurs, les offices régionaux de placement (ORP) collaborent déjà étroitement avec les milieux économiques. Concrètement, le Conseil exécutif proposait donc d’adopter le premier et le troisième points de la motion sous la forme moins contraignante de postulat, mais de rejeter le deuxième point.

Système pervers
Pas de quoi satisfaire la motionnaire pour qui le gouvernement tente de minimiser le phénomène en se retranchant derrière le fait qu’il n’existe aucune base de données recensant les personnes en fin de droit. A ses yeux, si le taux de chômage est faible, c’est bien parce que le système, un brin pervers, exclut des statistiques les chômeurs de longue durée qui ne retrouvent pas d’emploi et qui arrivent en fin de droits. D’où la nécessité de prendre des mesures ciblées de qualification afin qu’ils puissent se réinsérer dans le monde du travail.

Sans surprise, gauche et droite ont croisé le fer quant à la pertinence de la proposition. Barbara Mühlheim (PVL) a constaté que les travailleurs âgés n’étaient pas les seuls concernés et qu’il y avait aussi beaucoup de gens souffrant de problèmes de dépendances: «Il faut commencer par les soigner, pour qu’ils puissent retrouver un emploi», a-t-elle observé, ajoutant que son parti suivait l’argumentation du gouvernement. Un point de vue partagé par le PBD et le PLR, alors que l’UDC rejetait même la proposition de postulat.

A gauche, on a évidemment soutenu la motion. La socialiste Béatrice Stucki a ainsi rappelé que «le chômage rend malade, tant psychiquement que physiquement, et qu’il vaut mieux promouvoir la qualification des personnes concernées plutôt que simplement leur distribuer de l’argent.»

Coup de pouce du canton?
«Tout le monde veut réduire les dépenses de l’aide sociale, alors soyons donc créatifs!», a quant à lui lancé Tom Gerber, au nom du PEV. «Le canton pourrait, par exemple, prendre en charge les surcoûts des cotisations LPP liées à l’âge», a-t-il avancé.

Au vote, les députés ont suivi le gouvernement, adoptant sous forme de postulat le premier et le troisième points (respectivement par 102 et 104 oui, contre 42 et 39 non), rejetant moins nettement le deuxième point (89non, 53 oui et 2 abstentions).

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