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HEP-BEJUNE

Une stabilité retrouvée

Depuis le début du mois, Maxime Zuber fait partie des sept membres du comité des recteurs de swissuniversities. Parallèlement, il finalise de gros chantiers pour la Haute école tricantonale.

Après quatre ans, le recteur de la HEP-BEJUNE commence à voir le retour sur investissement. Meyer & Kangangi

Par Dan Steiner

Déjà homme aux mille vies avant le mois de septembre, entre engagement – le mot reviendra à plusieurs reprises – politique, académique et au niveau de la gestion d’un établissement pédagogique d’importance, Maxime Zuber a encore ajouté une ligne à son impressionnant CV. En accédant à la vice-présidence de la Chambre des Hautes écoles pédagogiques, l’ancien député-maire de Moutier a rejoint le comité de la Conférence des recteurs de swissuniversities (HEP, HES, universités). Le recteur de la HEP-BEJUNE revient sur cette nomination.

Maxime Zuber, nous nous rencontrons ici, à la route de Moutier.Cela doit vous faire plaisir d’y avoir votre bureau, non?
C’est «l’un» de mes bureaux, au siège principal de la HEP. Les autres se trouvent à Bienne et à La Chaux-de-Fonds. Nous avons de la chance d’avoir des établissements bien situés et essayons d’être présents sur les trois sites. Mais le fait que celui-là soit à la route de Moutier, je n’y suis pour rien (rires).

En 2016, vous avez pris la tête de la HEP, en 2018 du Conseil des HEP romandes, et depuis le début du mois la vice-présidence de la Chambre des HEP, donc une place au sein du Comité de la Conférence des recteurs de swissuniversities. Que reste-t-il?
En dessus, il reste la présidence de swissuniversities. Non, disons que, dans ce comité de sept personnes, je suis l’un des deux représentants de la Chambre HEP. Ces fonctions représentent beaucoup de travail et d’engagement, davantage que des honneurs. C’est ce qu’il faut retenir avant tout.

Donc aucune volonté de gravir encore des échelons?
Non, pas du tout. Le seul poste restant est président de swissuniversities, comme dit, mais il ne m’intéresse pas. Ce que je veux, c’est développer cette Haute école, présente sur trois cantons. Elle a une grande importance car elle contribue à la tertiarisation de cette région, qui reste fortement orientée vers le secteur secondaire. Et puis je souhaite aussi être au service de la jeunesse, la fidéliser, parce qu’on sait bien que les jeunes qui se forment en dehors d’une région ont beaucoup de mal à y retourner.C’est donc une force pour cette dernière de posséder des Hautes écoles comme la nôtre, la HE-Arc et l’Université de Neuchâtel. Finalement, la HEP doit jouer un rôle important dans le paysage suisse et même au-delà, histoire de montrer que l’Arc jurassien existe, qu’il est écouté, entendu et respecté.

En quoi ont consisté vos débuts à ce poste de vice-président?
Cela fait quatre ans que je suis dans la Chambre HEP. Je fonctionne donc avec des collègues recteurs de tout le pays, en particulier avec les Romands. Cela n’a donc pas été un grand changement. Cela l’a plutôt été au niveau du nombre de séances, de dossiers à étudier, du travail et des déplacements.

Quel sont votre rôle et cahier des charges, de manière concrète?
Pour le Conseil académique des HEP romandes, ça ne change rien. Pour la Chambre HEP, c’est un engagement plus fort puisque, en tant que vice-président, je seconde le président. Il faut donc préparer les séances, les dossiers ou encore représenter le comité, parfois, dans divers cénacles. Ce qui est nouveau, c’est donc de siéger dans le comité des sept de swissuniversities.

C’est aussi l’occasion d’y représenter dignement la HEP-BEJUNE...
L’école a subi pas mal de turbulences. En arrivant à sa tête, j’avais trois buts. D’abord stabiliser les choses à l’interne et l’engager dans les gros chantiers qui la concernent, notamment l’accréditation institutionnelle, c’est-à-dire obtenir la reconnaissance fédérale en remplissant les critères de qualité requis.Le second objectif consiste à réviser le concordat fondateur, pour qu’il soit adapté à la réalité des Hautes écoles. Il est désormais en attente de l’approbation des trois cantons; ce texte datait de 2000. Finalement, il s’agissait de faire rayonner la HEP, qu’elle obtienne une reconnaissance extérieure.

Tout cela vous donne du travail en plus. Comment le gérez-vous?
Les séances existaient déjà. Simplement, cela demande un engagement supplémentaire dans l’étude des dossiers. Certains, à la HEP, ont demandé beaucoup de temps mais sont sous toit, à savoir la révision complète des statuts du personnel, une procédure de certifications ISO ou encore la création de la filière bilingue. Cela a allégé mon travail de recteur.

Au niveau personnel, que vous apportent ces titres de vice-président et de membre du comité?
A part une responsabilité accrue, pas grand-chose. J’ai fait un choix dans ma vie, il y a quatre ans. Le travail ne m’a jamais fait peur et j’ai décidé de consacrer toute mon énergie à ma carrière académique, laissant tomber la politique. Désormais, tous mes dossiers sont dans le même domaine. Auparavant, il y avait l’aspect enseignement, privé et politique. Cela constitue ainsi un accomplissement personnel, mais au sein de la politique des Hautes écoles.

Enseignez-vous également toujours à l’Université de Neuchâtel?
Seulement quelques cours en première et deuxième années, en mathématiques et statistiques. Une charge légère, mais qui me permet de garder un lien avec l’enseignement. Car quand on dirige une HEP, il faut savoir de quoi on parle!

Avec tout ça, arrivez-vous encore à parcourir vos 10 km de course à pied, le matin?
Ah oui!il faut. Aujourd’hui, je suis parti de la maison à 5h15, rentré à 6h15 après le «3P» – le parcours pédestre prévôtois –, j’ai pris une douche, le déjeuner. Vous arrivez au travail en pleine forme. Ça permet de partir d’un bon pied. Je le fais parfois le soir, pour transpirer mes soucis. C’est une question d’équilibre.

A cette place de recteur, vous vous y voyez encore un bout de temps, du coup?
Oui, oui. Je dirais qu’après quatre ans, un cycle, je sais de quoi je parle et connais mon job. Je veux dire par là qu’on commence désormais à voir le retour sur investissement. Car c’est aussi un métier qu’il faut apprendre.

Finalement, et après les remous d’avant 2016 dont vous avez parlés, est-ce que la HEP-BEJUNE est sur de bons rails?
Cette stabilisation passait par les gros chantiers institutionnels précités. Et puis il fallait rassurer le personnel et lui montrer que le rectorat avait une vraie vision d’avenir. J’ai en effet le sentiment que cette stabilité est maintenant présente dans l’esprit du personnel.


Maxime Zuber, alors député-maire de Moutier à Berne. Archives Stéphane Gerber

«Je suis redevenu un simple citoyen. Aussi car j’ai été gavé de politique communale»
En quittant la politique, en 2016, vous disiez: «Il ne faut jamais dire jamais...»
On me pose toujours la question (sourire). Je vais être très clair: j’ai vraiment tourné le dos à la politique. En fait, j’en ai tellement fait que je pense qu’il y avait une forme d’overdose politique. On se rend compte quand on arrête qu’on n’a plus envie d’y retourner! J’ai fait le tour de tout ce qui est politique partisane et institutionnelle, et il n’y a de ma part plus aucun engagement. Et puis, j’ai fait mon temps. J’ai pas mal donné... Mais je reste un citoyen intéressé, par exemple en ce qui concerne la libre circulation des personnes, donc des étudiants.

Et si le oui s’impose le 27 en votations?
Les milieux académiques sont unanimes à refuser cette initiative car pratiquement la seule richesse que l’on a en Suisse, c’est la matière grise, notamment dans la technologie, la science. Et cela repose sur la très haute qualité de notre système de formation. Cette compétitivité des écoles suisses est présente grâce à leur ouverture au monde.

Pour en revenir à la politique, ne vous manquait-il pas un mandat national?
Il est vrai que, avant d’arrêter à la mairie, j’avais un vrai intérêt pour la politique nationale, et je ne m’en cache pas. Mais les circonstances étaient compliquées... Et il y a eu un choix à faire: poursuivre une vie hybride, entre profession et politique, ou une vie dans laquelle on s’engage complètement dans une voie. Et je n’ai jamais regretté ce choix!

Vous «rêviez» aussi de diriger un jourun groupe de presse. Toujours intéressé?
(Rires) Il est vrai que ce n’est pas forcément le meilleur moment. Disons que j’ai toujours été passionné par le rôle, aussi pédagogique, que jouent les médias dans la vie publique. Ils servent à former les opinions, et donc constituent ce qu’on appelle le quatrième pouvoir. Ils méritent selon moi un soutien politique plus fort qu’actuellement.

Quelques mots sur Moutier. Vous qui savez manier les chiffres: que peut-on faire pour les comptes de la Ville?
Je vais sûrement vous décevoir, mais comme disait Mario Annoni, qui a longtemps été un adversaire, mais que j’estime: «On ne commente pas la politique de ses successeurs.» Je suis redevenu un simple citoyen. Aussi peut-être parce que j’ai été gavé de politique communale...

Même réponse pour la question de la date du revote, à Moutier, on imagine...
(Sourire) Effectivement. J’ai vraiment pris mes distances... Tout ce que j’espère, c’est que ces discussions se déroulent calmement, comme avant 2017. Et puis je me conforme à un devoir de réserve très stricte depuis que je suis recteur de la HEP, qui est tricantonale.

Un don de quasi-ubiquité
* Recteur HEP-BEJUNE
* Vice-président Chambre des HEP, et donc membre du comité de la Conférence des recteurs de swissuniversities
* Président Conseil académique des HEP romandes
* Enseignant titulaire Université de Neuchâtel
* Membre du comité Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana (HES)
* Maire Moutier (1995-2016)
* Député PSA Grand Conseil (2002-2016)
* Enseignant Gymnase français de Bienne et de la rue des Alpes (1988-2016)

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