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Bienne

Une vie à mettre en lumière

Le 1er décembre, Danaé Panchaud a rendu les clés du Photoforum Pasquart, qu’elle dirigeait depuis quatre ans. Elle dresse son bilan, avant de partir pour Genève.

Danaé Panchaud cherche à mettre en avant tous les styles photographiques. Barbara Héritier

Julie Gaudio

 

Rythmé par un calendrier d’expositions très précis, le Photoforum Pasquart met actuellement en lumière plusieurs artistes lauréats du prix 2021 de l’institution. La grande diversité de travaux témoigne, chaque année, de la richesse de la scène photographique contemporaine. Un aspect très cher à Danaé Panchaud, la directrice du Photoforum, qui vient de céder sa place à Jana Johanna Haeckel. Avant de prendre la route pour Genève, où elle dirigera, dès le 3 janvier 2022, le Centre de la photographie (CPG), Danaé Panchaud prend le temps de dresser le bilan de ses quatre ans à la tête du Photoforum.

 

«Mes années en terres seelandaises ont été très stimulantes», affirme Danaé Panchaud d’emblée. «A la tête d’une petite équipe, il a fallu gérer un riche programme d’expositions, avec peu de ressources. Cela a demandé beaucoup d’investissement personnel.» Son mandat a aussi été marqué par la pandémie, qui ne l’a toutefois pas découragée, car «nous avons réussi à monter tous les projets souhaités, mais différemment.»

 

Du parfum à l’Algérie

 

Pour cette Romande ayant grandi à Fribourg, Bienne a aussi été le moyen de renforcer l’allemand appris à l’école. «J’avais quelques bases, mais le bilinguisme seelandais a été un accélarateur de mon apprentissage», glisse Danaé Panchaud en souriant. «Et je comprends le suisse-allemand de mieux en mieux!»

Formée à l’école de photographie de Vevey (CFC), puis à la Haute école d’art et de design de Genève (bachelor), curatrice pour des musées lausannois, et diplômée d’un master en muséologie à l’université de Birkbeck à Londres, Danaé Panchaud n’hésite pas à déménager pour suivre ses opportunités. Bienne est, selon elle, «une ville très accueillante, dotée d’une scène culturelle très dynamique».

 

Presque seule pour choisir les expositions du Photoforum, Danaé Panchaud a pu laisser libre cours à sa créativité. «Je choisis les artistes à partir de mes découvertes, ou parmi ceux dont je connais le travail», détaille-t-elle. «Je prête attention à diversifier les genres artistiques, les origines géographiques, les sexes et les âges. Je fais en sorte aussi de présenter des photographes en milieu de carrière, souvent oubliés des expositions.»

Parmi les nombreux projets réalisés, Danaé Panchaud retient celui sur l’Algérie, présenté durant l’été 2020, après six mois de fermeture. «C’était un très beau projet, qui a, me semble-t-il, particulièrement ému les visiteurs. La réussite était au delà de mes espérances», confie-t-elle avec un sourire. Dans un tout autre style, Danaé Panchaud retient l’exposition «Sillages» (janvier-mars 2019) visant à éclairer les liens entre parfum et photographie. «Je me suis beaucoup posé de questions avant le vernissage, me demandant si ce n’était pas trop osé, mais le public était finalement au rendez-vous», se réjouit-elle. «Les effluves ont aujourd’hui complètement disparu des salles!»

 

Une suite de deux

 

Attirant les curieux de Bienne et d’ailleurs, le Photoforum contribue, avec les Journées photographiques, «à se démarquer dans cet art, au niveau suisse et européen», estime Danaé Panchaud. «Suivant les thématiques abordées, j’ai parfois des personnes qui m’appellent de l’étranger pour me demander comment on se rend à Bienne!»

Pas sûr qu’on lui pose la même question lorsqu’elle sera à Genève. Si elle n’a pas encore totalement fait ses adieux à la cité seelandaise, Danaé Panchaud prépare déjà sa première exposition genevoise. «Elle mettra en lumière la photographe allemande Anne Morgenstern, dès le 22.2.2022», livre-t-elle. Un bel alignement de chiffres, prophétisant un avenir radieux.

 

D’autres projets suivront, visant toujours à mettre en lumière les pratiques émergentes de l’image photographique contemporaine. Et Danaé Panchaud s’attaquera à une activité pas du tout développée au CPG, mais déjà bien ancrée au Photoforum: la médiation culturelle. «Je me réjouis de commencer mon futur travail avec un nouveau défi», conclut-elle gaiement.

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