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Partis pris (12)

Une voix centriste pour la région

Le parti PDC présente deux listes de 24 candidats chacune pour les élections au Conseil national: une romande et une alémanique. Rencontre avec les francophones Jacques Frei et Sandra Lo Curto.

Jacques Frei veut mettre en valeur les savoir-faire du Jura bernois sous la Coupole fédérale. LDD

Julie Gaudio

Douze partis qui proposent des candidats de notre région sont en lice pour les élections au Conseil national. Pour détailler leurs objectifs, Le JdJ a donné la parole à deux représentants par groupe parlementaire: un homme et une femme, venant de Bienne et/ou du Jura bernois. Douzième épisode avec le Parti démocrate-chrétien (PDC).

Le parti démocrate-chrétien (PDC) présente dans le canton deux listes, dont une 100% romande. Il affiche ainsi clairement son importance de placer un francophone sous la Coupole. La chose ne sera pas aisée, d’autant plus que le canton perd un siège (24 au lieu de 25 actuellement). En outre, la campagne n’a pas bien commencé pour le parti centriste   (voir encadré), qui se fait rattraper par Les Verts, dans les derniers sondages.

Le PDC a cependant réussi à constituer une liste de 24 francophones, même s’ilne jouit pas «d’une grande visibilité dans la région», admet Jacques Frei, candidat au Conseil national et président du PDCJura Sud: «Les élections fédérales donnent aussi un moyen pour le parti d’être vu. J’ai accepté de me présenter pour que les citoyens du Jura bernois aient la possibilité de voter pour un parti centriste fort à l’échelle nationale», poursuit-il.

Cela ne fait pourtant que deux ans que le candidat né en 1965 est membre du PDC, «séduit par les idées de ce parti». Conseiller municipal à Court sans étiquette depuis 1995, il se lance pour la première fois dans une élection de cette ampleur. Novice en politique nationale et internationale, Jacques Frei veut «apprendre» et affirme avoir «de l’ambition». En parallèle de ses activités politiques communales, Jacques Frei est mécanicien-électronicien dans l’entreprise Les Fils d’Henri Frei SA, à Court, spécialisée dans la création de pièces diverses pour l’industrie horlogère. Il codirige la société avec son cousin, Michel Frei.

Se détacher de Moutier

Ainsi, Jacques Frei souhaite défendre l’industrie locale et mieux valoriser la région, s’il est élu.«Nous sommes dans une région industrielle très forte avec beaucoup de savoir-faire mais qui ne sait pas se vendre», déplore-t-il. «Et c’est vital d’avoir un francophone sous la Coupole!»

Si le parti veut exister dans la région, il veut aussi se détacher de ses ancrages prévôtois. Selon lui, son parti ne vit que pour les intérêts de Moutier, pour l’instant. Pour tenter de dépasser la Question jurassienne, le parti a créé la branche ‹PDCJura Sud› qui englobe au-delà de Moutier. «Nous voulons un PDCqui soit un parti national centriste, et pas un parti qui soit pro-jurassien ou pro-bernois», détaille-t-il. «On veut mettre de côté l’étiquette séparatiste qui lui est accolée».

Pour la famille

A propos des sujets sociétaux, Jacques Frei  se dit «extrêmement séduit par les idées du PDC»et rappelle que son parti est «très familial», en adoptant des mesures favorables aux familles. En témoigne le dernier gros sujet en date: le congé paternité de deux semaines adopté par le Conseil national. LePDC s’est immédiatement réjoui de cette décision tandis que la gauche a estimé que ce n’était pas assez  – son initiative, retirée depuis, prévoyait quatre semaines. La droite dure, quant à elle, a essayé de torpiller le projet, le jugeant trop coûteux.

Le candidatrappelle également que son partia lancé l’initiative «Baisser les primes – pour  un frein aux coûts de la santé». Selon lui, pour ces sujets sociétaux qui provoquent souvent des débats animés  sous la Coupole, ce sont «les idées centristes qui aboutissent car chacun fait un petit effort de chaque côté».

 

«Je suis la voix des minorités linguistiques»

Revendiquant fièrement son «background» d’immigrée italienne et son trilinguisme (italien, français et allemand), Sandra Lo Curto souhaite s’investir «à fond dans la politique de l’asile et des réfugiés» si elle est élue sous la Coupole. Ses trois cultures l’amènent à se revendiquer comme «la voix des minorités linguistiques». C’est donc tout naturellement qu’elle est favorable à la signature de l’accord-cadre avec l’Union européenne (UE), indispensable, selon elle, pour éviter «l’isolement complet de la Suisse».

Née à Berne en 1959, Sandra Lo Curto est affiliée PDCdepuis l’âge de 24 ans. Elle n’a jamais exercé de mandat électoral mais a travaillé au secrétariat général du PDCsuisse et a suivi les dossiers parlementaires pendant différentes législatures dans la capitale fédérale. Elle est aujourd’hui présidente par intérim du PDCBiel/Bienne-et région. D’abord journaliste, la candidate s’est reconvertie dans les relations publiques et a fondé son agence de communication, SLCCommunications, à Bienne en 2005, qu’elle dirige toujours.

Financement de l’AVS

Entrepreneuse et travaillant encore à plein temps, Sandra Lo Curto est favorable à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, notamment dans un souci d’«égalité avec les hommes». Elle veut même aller encore plus loin en poussant l’âge de la retraite à plus de 65 ans «pour ne pas tout charger sur les épaules des jeunes» pour le financement de l’AVS. «Il faut voir ça comme un pacte intergénérationnel», affirme-t-elle. Elle est cependant d’avis d’adapter la limite «selon les secteurs». «Il est évident que pour des gens ayant des métiers très durs, comme ceux qui travaillent dans le bâtiment, l’âge de la retraite ne doit pas être réhaussé, mais plutôt baissé.»

En plus de ces solutions, la candidate PDC veut augmenter la TVA. «C’est une mesure quitouche tout le monde et je pars du principe que si on n’a pas d’autres solutions, un ou deux points de plus de TVA pourraient quand même amener beaucoup, d’autant plus que nous avons une des TVAles plus basses d’Europe», déclare-t-elle.

Pour des quotas féminins

Ayant pu observer la vie politique de près sous la Coupole pendant une trentaine d’années, Sandra Lo Curto a bien conscience que l’égalité femmes-hommes n’est pas encore effective, en politique notamment. Opposée aux quotas «pendant presque toute sa vie», car n’aimant pas «les femmes-alibi qui sont choisies parce qu’il manque des femmes», la candidate affirme qu’elle est en train «de basculer» dans l’autre camp. «On a tout essayé, mais l’égalité salariale et la parité ne sont toujours pas effectives», constate-t-elle. Elle dit aujourd’hui oui aux quotas féminins, notamment dans les conseils d’administration et les directions de grandes entreprises.

L’autre priorité que Sandra Lo Curto a désormais à cœur est celle de l’urgence climatique. Le combat de Greta Thunberg n’y est pas pour rien: «Grâce à elle, j’ai renoncé à un voyage en avion cette année», affirme-t-elle. «Il faut sensibiliser les individus à agir, mais aussi les aider financièrement à adopter les bons gestes, par exemple, s’ils veulent remplacer leur vieux chauffage à huile», poursuit-elle. Cependant, la candidate PDCne néglige pas non plus la responsabilité de l’Etat et les actions à grande échelle, comme celle de taxer les vols en avion. «C’est indécent d’avoir des vols courte distance quatre fois moins cher que le train! Cela joue en faveur des consommateurs, mais en défaveur du climat.» JGA

Une campagne controversée

Le PDC a été pointé du doigt le mois dernier pour sa campagne quelque peu... inhabituelle. En effet, lorsque l’on tapait le nom d’un candidat ou d’une candidate d’un autre parti sur le moteur de recherche Google, on se voyait parfois proposer une annonce comme premier résultat. En cliquant dessus, on arrivait sur une page aux couleurs du parti de la personne, avec des arguments pour la décrédibiliser. Au bas de la page, un lien était proposé: «Je veux voir de vraies solutions» qui renvoyait sur le site du PDC. Une «tromperie»qui a fait un tollé dans la classe politique, ainsi qu’au sein même des rangs du PDC. Certains élus se sont même «excusés» sur les réseaux sociaux.
Jacques Frei, de son côté, «déplore ce genre d’attitudes». «Même si je comprends l’intention première, qui est d’établir des comparaisons pour convaincre de voter pour le PDC, je ne suis pas d’accord avec le fait de nommer précisément les adversaires de cette manière», explique-t-il.
De son côté, Sandra Lo Curto se contente de rétorquer qu’elle trouve ça «moins choquant que certaines campagnes UDC». JGA

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