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Hockey sur glace

Difficile de se projeter sur la suite de la saison

En pleine pause forcée du championnat, les clubs régionaux demeurent pour le moment dans le flou complet par rapport à la future reprise de la saison, si l’on admet que celle-ci puisse aller à son terme.

Le HC Moutier (en bleu) n’a pu disputer jusqu’ici qu’un seul match de championnat, le derby du 17 octobre face aux Requins tramelots, perdu aux tirs au but.

Sélim Biedermann

Après la décision du canton de Berne, à l’instar de ses voisins romands, d’interdire les sports d’équipe et de contacts, prise le 23octobre en raison de la deuxième vague du coronavirus qui sévit notamment en Suisse, le monde amateur se trouve à l’arrêt. Que ce soit au HCSaint-Imier, qui milite en 1re ligue, ou à Tramelan, Moutier et Erguël du côté de la 2e ligue, sans oublier les Ladies du HCT en SWHLB, trois incidences majeures se dégagent de la problématique actuelle: le calendrier, l’entraînement et les finances.
 

Le calendrier

«On est quand même dans un championnat amateur, on ne se voit pas disputer trois matches par semaine», lance dans une évidence Dominique Péteut, la nouvelle présidente du HC Moutier. Une équipe qui, à cause des mises en quarantaine à répétition dans son groupe de 2e ligue, n’a pu jouer jusqu’ici... qu’une partie, le derby du 17 octobre face à Tramelan (défaite 2-3 aux tirs au but). «Nous n’avons pour l’instant aucune idée de quand la saison pourra se poursuivre, si tel est le cas», ajoute-t-elle. Et vu que le HCM ne peut bénéficier de la patinoire prévôtoise que jusqu’à début mars, «ça devient court».

«On a tous le même problème: le calendrier sera beaucoup trop concentré. Il y aura inévitablement des conflits entre nos différentes équipes par rapport à la disponibilité de la glace», renchérit au nom du HCT son patron, Frédéric Haefeli. Si à la Zurich Arena tramelote, la surface de jeu restera gelée jusqu’aux environs du début du printemps, et que du côté de Saint-Imier, ce sera encore le cas durant l’entier du mois de mars, les dirigeants des clubs régionaux éprouvent bien du mal à envisager la suite d’un exercice 2020/21 très rapidement mis en pause. «J’émets de gros doutes sur le fait de pouvoir reprendre la compétition, cela s’annonce compliqué», glisse le président des Requins. «Quel mode de championnat faut-il désormais privilégier?»

Sans doute, une version allégée. «En 2e ligue, on pourrait n’effectuer qu’un seul tour de saison régulière...», se demande Dominique Péteut. «En tout cas, nous n’avons pas 36'000 solutions.» Pour l’heure, le flou complet demeure. «La ligue laisse les choses relativement ouvertes pour le moment», note Frédéric Haefeli. «Mais qui peut aujourd’hui donner une projection sur la suite de la saison? Personne. Et ça, je le comprends.»

Malgré l’incertitude générale liée au coronavirus, les responsables de la Regio League essaient néanmoins de passer à la phase 2 de leur plan de bataille «covidien». «Ils sont en train d’adapter le championnat», signale Gérard Dessaules, responsable administratif du HCSI. En 1re ligue, après les deux tours prévus à la base et avant les play-off, «on pourrait imaginer supprimer le masterround», réfléchit-il. Quelques éclaircissements surviendront normalement le 16 novembre, jour où doit se tenir une séance à distance de planification entre la ligue et les clubs. «Ce sera à nous d’accepter ou non les propositions qui seront formulées», lâche encore le membre du comité imérien.

Si l’impasse prédomine, il restera les phases 3 et 4. Soit, pour la troisième, simplement disputer des rencontres amicales... «C’est un plan peu crédible», réagit Gérard Dessaules. «Les gens ne seraient pas intéressés à venir à la patinoire.» La dernière option? Radicale: tout s’arrête définitivement.

 

L’entraînement

Si, ô soulagement, le Covid-19 disparaissait suffisamment rapidement et permettait ainsi l’organisation de la suite de la saison, il s’agirait de prendre en compte une période de remise en forme. Chose indispensable, mettent en garde à l’unisson les dirigeants des clubs jurassiens bernois. Les femmes d’abord: «Il est bien clair qu’on ne peut pas rester longtemps à l’arrêt puis reprendre tout de suite la compétition, sinon, c’est là que les blessures commencent», souligne en guise de piqûre de rappel Dominique Péteut. Frédéric Haefeli lui emboîte le pas: «Si tout à coup on pouvait recommencer à jouer du jour au lendemain, ce ne serait clairement pas dans des conditions optimales». Et Gérard Dessaules de conclure: «Je vois mal une reprise sans préparation dans les jambes, donc si le championnat peut redémarrer, ce ne sera logiquement pas avant le mois de janvier».

En attendant, et en dépit du travail des automatismes de leur collectif, les équipes tentent de conserver un niveau de condition physique plus ou moins acceptable, sans contacts bien sûr. «On essaie de garder une activité minimum», dit, côté tramelot, Frédéric Haefeli, avec un brin d’abattement face à une situation fort contraignante. Pas mieux chez les voisins... «Notre souci, actuellement, est surtout de pouvoir réorganiser gentiment des entraînements», relève la présidente prévôtoise. La donne ne varie pas franchement au HC Saint-Imier, à l’échelon du dessus. «Les joueurs ont reçu des instructions de la part de Steve Pochon (réd:l’entraîneur des Bats) afin de se maintenir en forme», explique Gérard Dessaules, «mais personne n’est derrière eux pour contrôler ce qu’ils font».

Prévoir suffisamment de temps pour se repréparer au championnat, suer sans jeu d’équipe en avançant à tâtons. Ou le refrain sportif nauséabond de l’année 2020.

 

Les finances

«Une autre difficulté à laquelle nous faisons face est celle qui concerne toute la partie financière», s’inquiète Frédéric Haefeli. «Les coûts, on les as. Ils sont engagés, étant donné que la saison a démarré. Mais les contre-parties, on ne les as pas du tout. On rencontre des problèmes de sponsoring, on ne peut s’appuyer sur aucune manifestation ni sur les entrées aux matches.» En pleine pause forcée du championnat, le regard du président du HCT se révèle très sombre: «Nous allons vite nous retrouver dans une situation critique».

A Tramelan, on veut ainsi continuer de croire à de prochains soutiens des autorités. «Je comprends bien que le sport professionnel passe avant le monde amateur. Cependant, le travail de fond que réalisent les petits clubs n’est pas à négliger. C’est toute la chaîne qu’il faudrait aider», martèle Frédéric Haefeli. Le second dossier envoyé cette année par les dirigeants des Requins – après une réponse négative enregistrée vers la fin de l’été – n’a toujours pas trouvé écho. «Nous n’avons pas encore reçu de réponse quant à une potentielle aide. L’échéance des décisions que l’on doit nous fournir a été repoussée. Et on n’a aucune visibilité sur ce dont on pourrait bénéficier», regrette le boss tramelot.

Ailleurs, on n’en mène pas large non plus. «Nous tirons tous la langue», souffle Gérard Dessaules, du côté de «Sainti». Si Frédéric Haefeli estime, lui, que «ce n’est pas la solution de tout annuler cette saison», le responsable administratif imérien explique pour sa part que si l’éventuelle reprise doit s’effectuer sans spectateurs, il vaut mieux stopper le championnat. «Nous n’aurions plus de rentrées d’argent, car notre club fonctionne beaucoup avec les entrées aux matches et les dépenses aux buvettes», explique ce dernier.

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