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VTT

Le long chemin qui mène à Lenzerheide

Emilie Siegenthaler lance ce week-end sa 10e saison en Coupe du monde. La Biennoise veut confirmer son excellente année 2017 et jouer les premiers rôles lors des Mondiaux grisons de septembre.

Emilie Lenzerheide entreprend un virage réussi à Lenzerheide en juillet dernier (photo LDD)

Christian Kobi

Ce sera le clou de la saison, un feu d’artifice qui s’annonce d’ores et déjà grandiose. Du 5 au 9 septembre prochain, le gratin mondial du VTT se retrouvera à Lenzerheide, dans les Grisons, à l’occasion des championnats du monde de cross-country et de descente. Cet événement, chez elle et devant «son» public, Emilie Siegenthaler l’a évidemment déjà marqué en rouge dans son agenda. «C’est vrai, toute ma saison est construite là autour, mais cela ne sert à rien d’en faire tout un foin déjà maintenant. Nous ne sommes qu’en avril et beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là», tempère la descendeuse biennoise de 31 ans.

Même si elle ne souhaite pas s’attarder sur une compétition qui aura lieu dans cinq mois, Emilie Siegenthaler sait qu’elle aura son mot à dire sur l’exigeante piste grisonne. En témoigne sa belle troisième place prise en juillet dernier, lors de la répétition générale en Coupe du monde. «Sans que je sache pourquoi, cette piste me convient bien», lâche-t-elle. «Elle est pourtant composée de beaucoup de virages artificiels, alors que j’affectionne plutôt les longues portions en forêt. Mais l’année passée, j’ai réussi à trouver le bon dosage et à me libérer complètement.»

La pression au quotidien
Se libérer. De la pression extérieure qui pèse sur ses épaules, elle, la meilleure Suissesse de la discipline. Mais aussi de celle, plus oppressante et moins mesurable, qu’elle se met toute seule au quotidien. «Je suis très exigeante avec moi-même, j’ai toujours envie d’en faire plus et de le faire mieux», avoue la diplômée en psychologie du sport, qui parle là en connaissance de cause.

Et faire mieux, après sa brillante dernière saison (deux premiers podiums en Coupe du monde, 5e place finale au classement général), c’est forcément aller titiller les sommets. «L’année passée, j’ai réalisé la meilleure saison de ma carrière. Et quand on y réfléchit bien, ce n’est peut-être pas un hasard», lâche-t-elle mystérieusement.

Et pourquoi donc? «Parce que ma blessure à mon genou gauche (réd: déchirure totale d’un ligament avec un trauma sur le ménisque) survenue en août 2016 m’a privé d’une bonne partie de ma préparation l’hiver dernier. Je n’ai pas touché mon vélo pendant quatre longs mois. A mon retour, j’ai couru sans pression, juste pour le plaisir. Et cela a payé.» Plutôt bien, même.

Sous un autre angle
Mais aujourd’hui la donne a changé. En forme et libérée de tout pépin physique – «J’aurai quand même toujours un genou plus mince et moins souple que l’autre», dit-elle –, Emilie Siegenthaler doit assumer son nouveau statut. Et elle le sait. «Avec mes récents résultats, je me sens en quelque sorte ‹obligée› de faire une bonne saison. A nouveau, je me mets beaucoup de pression», grimace-t-elle.

Pour tenter d’utiliser cette dernière à bon escient, la Biennoise a décidé de faire appel cet hiver à une psychologue du sport. «J’avais besoin d’échanger avec quelqu’un de neutre, qui ne me connaissait pas. J’ai tendance à beaucoup réfléchir, et à le faire toujours dans la même direction. Cette personne m’aide à retourner la situation et à voir les choses sous un autre angle. Je sentais que je devais investir dans ce domaine pour progresser.»

Car même à bientôt 32 ans – elle les fêtera le 19 septembre –, Emilie Siegenthaler sent qu’elle n’a pas encore fait le tour de la question. «Certaines filles ont commencé la descente à 6 ou 7 ans, moi seulement à 21 ans», rappelle l’ancienne championne d’Europe juniors de cross-country. «Je sens que j’ai encore du potentiel à exploiter. Le jour où cela ne sera plus le cas, j’arrêterai...»

Musique d’avenir. En attendant, pas à pas, la septuple championne de Suisse avance vers son grand objectif de fin de saison. «D’ici là, je me suis fixé plein de petits objectifs, comme celui de bien rouler et de prendre du plaisir. Si j’y parviens, la confiance et les résultats suivront.» Jusqu’à Lenzerheide?
 

Diversification des plaisirs appréciée
Si les manches de Coupe du monde représentent toujours le gros du morceau de la saison d’Emilie Siegenthaler, les Crankworx lui offrent d’agréables coupures. Ces festivals d’événements promotionnels et de compétitions sont au nombre de quatre dans l’année, dont le premier a eu lieu il y a un mois en Nouvelle-Zélande. «J’y ai pris une très bonne 2e place», savoure la Biennoise, qui dit apprécier le côté «relax» de ces rendez-vous. «L’accent est mis sur le plaisir et le show. Cela tranche avec la Coupe du monde, où tout est plus sérieux. Mais j’aime cette diversification.»

Le sérieux de la Coupe du monde, justement, c’est pour ce week-end. A Lošinj, une île située au large de la Croatie, sur une piste rocailleuse entièrement travaillée à la main. «Ce n’est pas trop ma tasse de thé, mais je vais essayer de faire de mon mieux sans trop me prendre la tête.»

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