Nicole Büchler reste cool avant Rio

Berne
Sélim Biedermann

Mais jusqu’où s’envolera Nicole Büchler? Après avoir battu à cinq reprises son propre record de Suisse en salle cet hiver, qui en est désormais à 4m80, et signé la meilleure marque nationale de tous les temps en extérieur début mai à l’occasion du premier meeting de la Ligue de Diamant à Doha (4m78), la perchiste biennoise planera jusqu’à Rio cet été. «J’espère que c’est bon signe en cette année olympique», lâche-t-elle dans un sourire qui en dit long.

Non, la Seelandaise ne se mettra plus un stress inutile avant de partir pour ses troisièmes JO, au Brésil, comme elle en était coutumière lors de la plupart des grandes compétitions qu’elle a disputées par le passé. Qui se sont souvent avérées, du coup, manquées. «Pas à chaque fois!», rebondit-elle, «j’ai quand même déjà battu six fois mon record de Suisse dans un grand championnat, mais on l’oublie parce que je n’ai pas atteint la finale».

La finale des JO, Nicole Büchler l’a plus que jamais en ligne de mire après ses échecs de Londres en 2012 – où elle avait cependant des problèmes musculaires – et Pékin en 2008 – où elle n’était toutefois pas encore assez aguerrie, précise-t-elle. «On verra si je supporte la pression», glisse l’athlète du LCZurich, étant un instant rattrapée par ses vieux démons, hier au rendez-vous annuel de Swiss Athletics, à Berne.

 «Je ne suis peut-être pas encore au top maintenant»
Mais sa confiance est telle – notamment depuis qu’elle travaille avec un préparateur mental afin de s’envahir de pensées positives – qu’elle n’a peur de rien en cette fantastique année2016. «Ça se passe vraiment bien pour moi. Je suis super contente de mes résultats et je me sens bien physiquement. J’espère que ce bon début de saison va m’aider pour la suite.»

Est-il réaliste de pouvoir rester sans cesse à un tel niveau, en tout cas jusqu’à dans trois mois et le grand rendez-vous brésilien? «Oui, demeurer performante durant l’entier d’une saison, c’est possible, du moins je l’espère. Et je ne suis peut-être pas encore au top maintenant...»

Eh bien, ça promet! «Je prends pour l’instant les compétitions les unes après les autres. Et il s’agit de faire attention à ne pas effectuer trop fréquemment des entraînements très explosifs. Mon problème n’a d’ailleurs jamais vraiment été de rester en forme, il se situait plutôt dans la tête», relève la Seelandaise «volante».

Pas de rang précis à atteindre
Nicole Büchler abordera donc ces Jeux olympiques dans un nouvel état d’esprit, aussi libéré que conquérant. Le hic, c’est qu’avec ses performances hors normes de ce début d’année, on en vient à rêver. Les attentes grandissent au fur et à mesure de ses records. Mais il est certain que celle qui est actuellement No 1 en Europe en2016 ne gâchera pas son rêve à elle, cette fois-ci.

«Les Jeux, c’est incomparable avec le reste, c’est unique. Pour ne pas me mettre trop de pression, il est important que je ne me fixe pas un rang précis à atteindre. Je dois simplement me concentrer sur ce que je dois faire, sur les aspects techniques et mentaux.»

Ce serait dommage, en effet, de revenir de Rio avec des mauvais souvenirs. Surtout que ce déplacement outre-Atlantique est une première pour Nicole Büchler. «Je ne suis jamais allée au Brésil, ni même en Amérique du Sud. Je me réjouis vraiment, je suis très excitée!» Et encore un sourire inégalable... Autant dire, par ailleurs, que la crise politique brésilienne ne l’effleure que très peu. «Je suis l’actualité, mais indépendamment des Jeux olympiques, comme celle des autres pays.»

Volera-t-elle vers une médaille européenne?
Avant ce qui pourrait être, à 32 ans, ses derniers JO – «Il est difficile de me dire que je devrai arrêter à un moment donné, mais je ne vais en effet peut-être pas encore faire quatre ans, c’est quand même long», souffle-t-elle –, Nicole Büchler a rendez-vous début juillet aux Pays-Bas pour les championnats d’Europe d’Amsterdam. Mais elle ne se fixe toujours aucun objectif au classement dans le but de «voler» sans soucis.

Difficile à croire, toutefois, que quand on est actuellement la meilleure perchiste du continent, on ne pense pas à une médaille... «La saison en extérieur ne fait que commencer, plusieurs choses peuvent se produire. Mais j’espère connaître encore beaucoup de joies comme en ce début d’année incroyable.» Oui, la Biennoise, «confiante comme jamais auparavant», reste cool.