Christian Kobi
Une goutte d’eau. Celle de trop. Et un vase qui déborde, inévitablement. La défaite 1-17 enregistrée samedi dernier sur la patinoire du Locle, la neuvième en neuf matches cette saison (pour un goal-average de -79!), a agi comme un détonateur au Erguël HC. «La douzaine de gars qui étaient à ma disposition ce soir-là ne s’est pas présentée. On aurait dit qu’ils préparaient une soirée fondue entre potes, pas un match de 2e ligue. C’était la cata, un vrai sabordage», fulmine Pascal Gilomen.
Mardi soir, au terme d’une séance de crise, l’Imérien de 47 ans a été démis de ses fonctions d’entraîneur. Une issue inéluctable. «On ne pouvait pas continuer à sombrer ainsi, il fallait que quelque chose se passe», convient-il lui-même. Selon les termes officiels, la séparation s’est faite d’un commun accord. «A l’évidence, les joueurs n’étaient pas derrière le coach, son message ne passait pas. Il y avait de la frustration des deux côtés», constate Ludovic Barras, le président du HC Saint-Imier, club auquel est rattaché le Erguël HC.
Chasseral, la révélation
Dans les deux camps, on parle de la «moins mauvaise des solutions». Mais comment en est-on arrivé là? Au printemps dernier, l’engagement de Pascal Gilomen avait suscité pas mal d’espoirs dans cette entité née en 2019 pour combler un manque dans la hiérarchie du hockey erguëlien, entre Saint-Imier (1re ligue), Corgémont (3e ligue) et Cortébert (4e ligue). Très vite, il a fallu déchanter. «Quand on est monté à vélo à Chasseral durant l’été et que j’ai constaté qu’un gars comme moi, qui a 47 ans et pèse 125 kg, avait laissé sept gars derrière lui au sommet, j’ai commencé à me poser des questions», concède l’habitant de Sonvilier, dubitatif.
Ce n’était, en réalité, que le début des ennuis. Il a ensuite fallu jongler avec les aléas incessants du contingent, entre joueurs non-vaccinés et peu enclins à se faire tester avant chaque match, nombreux blessés et trous à combler au HC Saint-Imier, départs à l’armée des uns, séjours linguistiques des autres. Bref, Pascal Gilomen a dû composer avec un effectif au niveau insuffisant pour espérer régater en 2e ligue. Le résultat? Des défaites 1-15, 1-12, 2-11, et récemment 1-17. La goutte d’eau. Celle qui a fait déborder le vase.
Le Erguël HC poursuit ainsi son parcours scabreux au cinquième échelon du hockey helvétique. En 31 matches de championnat depuis sa création, l’équipe basée à Saint-Imier a concédé pas moins de... 28 défaites. De quoi se poser quelques questions sur la légitimité de sa présence à ce niveau. «Pour nous, malgré la situation actuelle, le Erguël HC conserve tout son sens», répond Ludovic Barras. «Son existence permet aux jeunes de la région d’évoluer dans une ligue intéressante avant de peut-être viser plus haut. Sans cela, comme c’était le cas auparavant, ils s’en iraient très vite dans d’autres clubs.»
Des retours attendus
Reste que la perspective d’enchaîner défaite sur défaite n’a rien d’alléchant. «Aujourd’hui, nous devons travailler à consolider et à élargir le contingent», reprend le président imérien. «Heureusement, plusieurs joueurs vont faire leur retour en début d’année prochaine après avoir terminé l’armée, leur séjour linguistique ou parce qu’ils sont remis de leurs pépins physiques (réd: Rudy Buehler, Samuel Humbertclaude, Louis Meyer et Sam Leuenberger, notamment). L’intégration de davantage de jeunes doit aussi être un objectif.»
Ludovic Barras ne nie pas que des erreurs ont été commises depuis la création du club, «qui s’est fait dans la précipitation parce qu’il y avait une opportunité à saisir». Mais il continue d’y croire dur comme fer. Tout comme il croit en Vincent Paratte, le successeur de Pascal Gilomen dont il était l’adjoint cette saison après avoir été à la barre lors des trois matches de la saison dernière. C’est lui, le citoyen de Cormoret, qui sera chargé de redresser le navire erguëlien. Ou du moins, dans un premier temps, d’éviter qu’il ne sombre davantage.
Vous aviez transmis l’équipe à Pascal Gilomen au printemps dernier tout en restant son adjoint. Pourquoi accepter de reprendre le flambeau aujourd’hui?
Mon choix à l’époque était dicté par des raisons professionnelles, et il avait été effectué à contrecœur. Je ne voulais pas assumer la responsabilité d’une équipe sans pouvoir être là à 100%. Avec Pascal, depuis le début de la saison, on donnait les entraînements en alternance. J’étais finalement plus disponible que prévu. Et je me suis bien relancé.
Qu’est-ce qui va changer avec vous?
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