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Hockey sur glace

Vyacheslav Fetisov: «Nos superstars sont les meilleures!»

Les Etats-Unis battent la Russie sous les yeux d’une légende

Vyacheslav Fetisov rappelle que les matches les plus importants seront les trois derniers... © Laurent Kleisl/ Journal du Jura

Sotchi, Laurent Kleisl

Vladimir Poutine s’est pointé en retard, samedi après-midi au Bolshoy Ice Dome. La faute à une raclette avalée en vitesse à la Maison Suisse en compagnie d’Ueli Maurer. Pour un peu de fromage fondu – par ailleurs excellent –, le président russe a courbé les premières minutes de l’événement le plus attendu de la première partie des Jeux: le choc Russie - Etats-Unis. «Parfois, les politiciens et les médias ont une approche très particulière de notre sport», sourit Vyacheslav Fetisov (55 ans), ce morceau d’histoire.  
Cette personnalité forte, charismatique, est demeurée impuissante devant la défaite des Russes 2-3 aux tirs au but, séquence marquée par les quatre réussites de l’Américain T.J.Oshie sur six tentatives. «Le match entre les deux meilleures équipes du tournoi», lâche, amusé, l’ancien défenseur du CSKAMoscou, des New Jersey Devils et des Detroit Red Wings. «De toute façon, pour les Russes, les rencontres les plus importantes sont les trois dernières!» Distillant de petites provocations à moitié pensées, Fetisov manie la dérision sans jamais quitter sa posture statique, le regard bien caché derrière ses lunettes aux verres fumés. Seul le rictus ponctuant ses phrases trahit son humour pince-sans-rire.

L’or ou l’exil

«Quand j’étais Ministre des Sports (réd: entre 2002 et 2008), j’ai fait construire 300patinoires couvertes en Russie, soit davantage que durant toute l’histoire de l’URSS», poursuit-il. «Les attentes sont énormes car chez nous, le hockey est le sport No1.» Le slopestyle, le skicross, le skeleton, Fetisov n’a rien contre. Le Russe s’en accommode poliment. «J’aime l’atmosphère olympique», dit-il. «Mais chez nous, l’intérêt pour le hockey est complètement fou, bien plus que dans n’importe quel autre pays. A travers la Russie, les gens ne parlent que de notre équipe de hockey. C’est normal, nos superstars sont les meilleures! Autre chose que l’or serait une terrible déception pour le peuple russe.»
De l’or, Fetisov en a plein son coffre. Jeux, Mondiaux, Coupe Stanley, Canada Cup, en club, en équipe nationale ou à titre individuel, le Moscovite a tout gagné. Sauf un match qui, 34 ans après, subsiste dans les mémoires. «J’ai participé au fameux Miracle», sourit-il. En 1980, à Lake Placid, une équipe de joyeux universitaires américains s’était imposée 4-3 devant peut-être la plus puissante Sbornaja jamais assemblée. Encore les Etats-Unis, encore une défaite. «A Lake Placid, on avait quand même décroché la médaille d’argent. C’est positif, non?»

Le poids du passé

La guerre froide, l’Est contre l’Ouest, Fetisov a effacé de son cerveau cette époque obscure. En 1989, avec sept autres compatriotes hockeyeurs, il a contribué à ouvrir les barrières du sport, amorçant l’exode des Soviétiques vers la NHL. «Je connais bien les deux côtés du hockey», reprend-il. «J’ai joué pour les Soviétiques, cette grande machine rouge. J’ai évolué pendant plusieurs années avec les quatre mêmes joueurs.» Un bloc de légende inscrit au patrimoine de l’Humanité. Devant, Vladimir Krutov, Igor Larionov et Sergei Makarov. Derrière, Fetisov et Alexei Kasatonov.
Entre la fin des années70 jusqu’au début des années90, ce quintette a dominé la planète hockey. «Avec le CSKA Moscou ou la Sbornaja, on était toujours ensemble, cela rendait les choses bien plus simple qu’aujourd’hui. En 2002, j’étais entraîneur de la Russie aux JO de Salt Lake City. Les joueurs de NHL étaient arrivés à 22h la veille du début du tournoi. Des conditions qui ne facilitent pas la création d’une vraie ambiance d’équipe. Et tactiquement, on est obligé d’appliquer un système de jeu simple.»
Un constat qui n’enlève rien à l’évidence. Pavel Datsyuk, Alexander Ovechkin et Ilya Kovalchuk sont condamnés à l’or, le seul métal qui pourra les défaire du poids du passé.

Mots clés: Sotchi, hockey, Russie

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