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VTT

Emilie Siegentahler vise les sommets sans pression

Après être montée sur son premier podium en carrière il y a un mois, la Biennoise amorce la deuxième partie de sa saison en pleine confiance.

Emilie Siegenthaler en pleine action (photo LDD)

Christian Kobi

Cinq semaines qu’elle n’est plus rentrée chez elle, qu’elle n’a plus vu ses proches. Le mois de juin, pour Emilie Siegenthaler, s’est résumé à une succession de voyages et de compétitions, entre les manches de Coupe du monde et les Crankworx, le circuit parallèle qui fait la part belle aux sponsors. «Là, c’est un peu le moment où j’en peux plus», lâche la Biennoise de 31 ans. «J’aurais pu rentrer deux jours, mais cela n’aurait pas valu le coup. Franchement, je me réjouis de retrouver ma maison après Andorre.»

Enclavée entre l’Espagne et la France, la petite Principauté sera le théâtre ce week-end de la quatrième des sept manches de Coupe du monde que compte cette saison 2017. Une piste qu’Emilie Siegenthaler apprécie particulièrement, tout comme celle de Lenzerheide où les rideuses ont rendez-vous une semaine plus tard (8 et 9 juillet).

Ces deux événements marqués en rouge dans son agenda, la meilleure spécialiste suisse de descente les aborde en pleine confiance. «La donne a un peu changé pour moi après mon bon début de saison et notamment ma 3e place à Fort William, au début du mois de juin», raconte-t-elle. «Désormais, j’ai un peu moins la pression du résultat. Je peux me concentrer pleinement sur ma manière de rouler, ce qui me permettra, je l’espère, d’enchaîner les places dans le top 5.»

Le plaisir avant tout
Au bout du fil, le ton de sa voix ne trompe pas. Emilie Siegenthaler paraît épanouie. Un sentiment de bien-être qui s’explique en partie par ses bonnes performances sportives, bien sûr, mais pas seulement. En 2015, elle a trouvé en la marque américaine Pivot Cycles Team un équipementier dans lequel elle s’identifie parfaitement. «Je sens que le manager de la marque, Bernard Kerr, est vraiment derrière moi», savoure la Biennoise qui prend, à témoin de cette confiance, la prolongation de son contrat jusqu’en 2018 après sa lourde opération à un genou en août dernier.

Si les manches de Coupe du monde continuent de représenter le gros du morceau de sa saison, les petits sucres s’appellent désormais Crankworx. Cette appellation désigne des festivals d’événements promotionnels et de compétitions qui se déroulent autour de certaines versions du VTT, comme la descente, le slalom, le slopestyle et d’autres disciplines spectaculaires. Il y en a quatre dans l’année, dont deux ont eu lieu ces deux derniers week-ends, aux Gents (FRA) et à Innsbruck (AUT). «L’accent est mis sur le plaisir et le show. Il n’y a pas de qualifications, tout ce qu’il faut faire est de rouler sans se poser mille questions», apprécie-t-elle.

Cette diversification de son champ d’action la réjouit. «Je suis quelqu’un qui me met énormément de pression», enchaîne-t-elle. «Là c’est plus relax, la pression du résultat n’est pas présente. Je me concentre uniquement sur ma manière de descendre.» Un état d’esprit qu’elle s’efforce de transposer en Coupe du monde. «J’essaie effectivement de ne plus me focaliser uniquement sur le résultat, mais sur les petits détails qui me permettent de l’atteindre. Pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien pour moi.»

Des pistes plus adaptées
Evidemment, l’environnement des Crankworx tranche avec celui, beaucoup plus conventionnel, de la Coupe du monde. Les parcours, également, diffèrent. «Les organisateurs des Crankworx choisissent des pistes en forêt qui plaisent aux coureurs, avec un bon mélange entre vitesse et technique. Ce n’est pas toujours le cas en Coupe du monde, où les tracées sont de plus et en plus conçus de manière artificielle», s’agace-t-elle.

Ce tiraillement entre deux pôles, l’un axé sur le spectacle et l’autre sur le sportif, c’est l’histoire du VTT de descente, un sport qui cherche toujours sa voie. Emilie Siegenthaler, elle, l’a trouvée. «Entre les deux, j’y trouve un équilibre qui me convient bien.» Elle est pas belle la vie, même loin de la maison?


Un après-carrière qui se dessine dans la psychologie du sport

Objectif Lenzerheide Emilie Siegenthaler l’avait annoncé avant le début de la saison: 2017 est une année de transition en vue de 2018 et des championnats du monde qui auront lieu à Lenzerheide, un de ses endroits préférés sur le circuit. Est-ce à dire, qu’elle rangera, dans la foulée, son vélo à la cave? «Je n’ai encore pris aucune décision à ce sujet», coupe la Biennoise, dont le contrat avec Pivot Cycles Team court justement jusqu’en 2018. «Je laisse la porte ouverte et j’écouterai ce que diront mon corps et ma tête. Si je réalise un super coup à Lenzerheide, j’imagine que je n’aurai pas envie d’arrêter. En revanche, si cela devait mal se passer, il est possible que j’aie envie de tout plaquer. Franchement, je suis incapable de dire quoi que ce soit à ce sujet à l’heure actuelle. Ce ne sont que des spéculations.»

Lenzerheide, son circuit court, rapide, ses passages en forêt. «C’est mon grand objectif, tout est construit là autour», poursuit l’ancienne championne d’Europe juniors de cross-country. «Chaque fois que l’on va là-bas, je sais que j’aurai beaucoup de pression, puisque de nombreux amis et connaissances font le déplacement. Mais avec le temps, c’est quelque chose que j’ai appris à mieux gérer.»

Projets multiples Quel que soit le jour où elle décidera d’arrêter, Emilie Siegenthaler ne manque pas de projets pour l’avenir. Dès cet hiver, elle commencera à suivre certains athlètes au sein de la structure de son père, Nicolas, elle qui est fraîchement diplômée en psychologie du sport. «Je dois encore valider certains modules pratiques en accumulant des heures de pratique», précise-t-elle. Et son premier cobaye, elle l’avoue, c’est elle. «C’est souvent plus facile d’aider les autres que de s’aider soi-même. Par exemple, dernièrement, j’ai eu un ennui technique lors d’une autre course. Durant 30 à 45secondes, je ne pensais qu’à ça et je n’ai pas réussi à passer à autre chose. C’est quelque chose que je dois travailler.»

En plus d’aider les sportifs sur le plan psychologique, Emilie Siegenthaler pourrait garder un autre pied dans le milieu. «Je sais que mon sponsor est à fond derrière moi et qu’il aimerait développer certains produits, comme les vidéos. Il souhaite aussi être plus présent sur le marché allemand et comme je maîtrise la langue, il compte sur moi. La relation ne s’arrête pas à la compétition de haut niveau. J’ai envie de rester dans le milieu et j’essayerai de combiner mes activités au mieux.»

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