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Tramelan

Artistes solidaires des femmes de l’Ituri

Le CIP de Tramelan vernit, le samedi 6 mars, une vaste exposition de Neuchâtelois et de Jurassiens bernois

  • 1/3 Les trois piliers de l’action solidaire en faveur des femmes de l’Ituri, un district de la RDC: (de g. à dr.) Fanny Ukety, Anne-Christine Horton, Marie-Claire Meier. Photo ©: Anne-Camille Vaucher/LDD
  • 2/3 En bas à gauche, deux tableaux symboliques.Photo ©: Anne Vaucher.
  • 3/3 Des bénéficiaires de l’ONG. Photo ©: LDD
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Yves-André Donzé


Opération coup de cœur dès ce samedi 6 mars au CIP à Tramelan, qui coïncide avec la Journée de la femme du 8 mars: plus de 20 artistes reconnus du canton de Neuchâtel et du Jura bernois offrent des œuvres récentes au profit de l’Association d’appui aux Ituriennes (Assafi), une ONG soutenant un programme de microcrédit et de développement des femmes à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Un exercice de survie pour plus de 7000 femmes? Certes, mais il s’agit surtout d’un formidable élan de solidarité spontanée de la part des artistes d’ici. L’argent de la vente des toiles, sculptures et autres photographies va servir à mettre le pied à l’étrier des femmes dans une région en complète reconstruction suite aux effets funestes de la guerre. L’exposition, vernie ce samedi, se déroulera jusqu’au 25 mars. Plusieurs prestations publiques de qualité ont été organisées durant l’expo. Conteuse professionnelle, débat avec des pros du développement par le microcrédit, musique, tout a été organisé pour que les amateurs d’art et connaisseurs puissent faire leur marché (voir ci-contre).
La fondatrice de l’Assafi (l’antenne congolaise s’appelle Cemadef, Centre multidisciplinaire d’appui pour le développement de la femme), Fanny Ukety, de Genève, originaire de l’Ituri, la communicatrice de l’Assafi, Anne-Christine Horton, de Moutier, et Marie-Claire Meier, artiste plasticienne à La Neuveville, étaient présentes hier au point presse de l’événement durant l’accrochage. Ce sont les trois piliers de cette action solidaire.

Un palmier qui ploie sous le poids d’un régime

Magnifiquement drapée d’un costume rappelant son pays d’origine, Fanny Ukety exhibe la peinture d’un jeune amateur congolais, en acryl sur tissu. «Ce tableau n’est pas à vendre, mais il est le symbole de notre action», avertit la pionnière du développement personnel. Un palmier qui ploie sous le poids d’un régime, soutenu par un piquet de retenue, c’est le sujet du tableau, affichant une composition lumineuse. En plus, c’est clair: les bananes du régime, ce sont les charges que subissent quotidiennement la femme africaine, les enfants, la survie de la famille, puis le poids psychologique, celui de l’abandon du mari, du veuvage, celui de la dispersion (après la guerre), de l’indigence, du manque permanent de respect. Fanny Ukety brandit un autre tableau tout aussi symbolique: une femme enceinte, outil en main, allant travailler aux champs: elle a un bébé dans le ventre, un autre dans le dos. Elle porte une cruche d’eau sur la tête, et puis le fagot de bois sur l’épaule pour faire du feu au retour. Un véritable programme de surfemme. «Elle a un courage incroyable, mais sans une impulsion, sans le soutien extérieur, c’est impossible de s’en sortir et de s’engager dans la vie communautaire. Quand j’ai vu l’extrême pauvreté de ces femmes, alors j’ai décidé d’agir», raconte la pionnière iturienne. «Il leur fallait une formation, pour apprendre à gérer leur vie quotidienne, puis la reconnaissance de la collectivité, enfin, donner de la valeur à ces femmes afin qu’elles puissent aller de l’avant», s’enthousiasme leur compatriote.
Fanny Ukety a donc mis sur pied le premier centre situé à Bunia, chef-lieu du district de l’Ituri. En commençant par former une quarantaine de femmes par groupes de 5 bénéficiaires de l’aide qui, à leur tour, allaient former d’autres équipes. L’association a inauguré deux nouveaux centres en 2014, les 6e et 7e du genre. Actuellement, 7000 femmes sont impliquées dans le processus de reconstruction personnelle et collective.

Autonomie et petite entreprise

Pour le Cemadef, «il s’agit de faire en sorte qu’elles atteignent leur propre autonomie, qu’elles puissent avoir leur petite entreprise, maraîchère, artisanale ou d’une autre nature, leur permettant d’avoir une maison et un avenir», résume Fanny Ukety. Concernant la stabilité politique, il n’y a pas trop de soucis malgré la présence de poches de rebelles dans les forêts du Sud. L’Ituri fait frontière avec l’Ouganda et le Soudan du Sud.
L’Assafi, qui fait partie de la Fondation genevoise de coopération, propose un programme de formation et de microcrédits. Avec 10% d’intérêt. Chaque bénéficiaire est suivie pendant 6 ans jusqu’à ce qu’elle atteigne ses objectifs. «On espère récolter une somme de 10000 francs par cette opération», souligne Anne-Christine Horton. Elle précise qu’il faut un minimum de 60 000 francs pour capitaliser un centre de formation et de prêts. Du point de vue de l’art, le but est de créer «avant tout de la solidarité et de la dignité pour les femmes de l’Ituri. J’ai été très touchée par cet élan incroyable des artistes à mettre à disposition des œuvres récentes à des prix abordables», se réjouit la plasticienne Marie-Claire Meier. Qui assure une grande diversité de créations dans cette expo.

Evénement en 4 étapes

Les 21 artistes présents Catherine Aeschlimann, Jean-Pierre Béguelin, Danièle Carrel, Jacqueline Chaignat, Béatrice Dubied, Roger Frasse, Maryse Guye-Veluzat, Isabelle Hofer-Margraitner, Claudine Houriet, Alain Indermaur, Monique Itten, Jean-Marie Jolidon, Annemarie Maillat, Marie-Claire Meier, Alina Mnatsakanian, Géraldine Renggli, Dominique Rouge, Thierry Voirol, François Vuilleumier, Gabriel Vuilleumier, Coco Zingila.Exposition collective: du 6 mars au 29 mars, du lundi au jeudi de 8h à 20h, vendredi de 8h à 17h, samedi fermé, dimanche de 14h à 17h. Vernissage de l’exposition (avec tout le comité d’Assafi): le vendredi 6 mars dès 18h.
Rigole d’histoires Conte africain dès 5 ans, avec Rahila Hassane.Mercredi 11 mars à 16h. Il était une fois un prince qui bégaie, une jambe qui parle, un pou dans un puits. Des histoires entrelacées, farfelues pour faire chanter, danser, rire les timides comme les délurés, yeux et oreilles assurément grands ouverts !
Investir dans le microcrédit comme outil de développement: quels enjeux? Table ronde modérée par Khadija Froidevaux, journaliste, le jeudi 26 mars à 19h30. John Alyffe, fondateur de 1to4. Patrick Elmer, Crédit Suisse, Philanthropy Services & Responsible Investment, Reto Gmünder, expert en développement, Fanny Ukety, fondatrice d’Assafi. En collaboration avec la Chambre d’économie publique du Jura bernois
Finissage, le chant de celle qui sait....
Prestation musicale, le dimanche 29 mars à 17h.

 

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