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Moutier

Premiers préparatifs pour le message électoral

Une commission municipale non permanente formée en vue du futur vote sur l’appartenance cantonale

Une délégation de l’exécutif a informé la presse au sujet de la commission d’autodétermination. Le président Pascal Eschmann était accompagné du chancelier Christian Vaquin et des conseillers Marcel Winistoerfer, Marc Tobler et Pierre Corfu. S. Gerber

Michael Bassin

Un jour –vraisemblablement au printemps 2017–, les Prévôtois décideront si Moutier reste bernoise ou si elle devient jurassienne. Avec leur bulletin de vote, ils recevront un message comportant trois parties. Les autorités bernoises et jurassiennes s’exprimeront, mais la partie principale (qui présentera également les arguments des opposants) sera rédigée par les autorités locales.

On en sait désormais davantage sur le processus qui aboutira à la création dudit message. Une commission non permanente, appelée commission d’autodétermination, aura pour tâche de fournir un travail préparatoire au Conseil municipal. Ce dernier transmettra ensuite son projet au Conseil de ville, qui aura finalement le dernier mot.

De bouillants élus

La commission d’autodétermination sera composée de deux conseillers municipaux, de neuf conseillers de ville et d’un observateur. Les sept partis représentés au législatif ont accepté de la rejoindre, quand bien même cette question a fait débat du côté antiséparatiste. «Oui, certains, au sein de la minorité, se sont demandé pourquoi mettre sur pied un tel organe», relève le conseiller municipal UDC Marc Tobler.

Et le vice-président de la commission de poursuivre, à titre personnel: «Ce vote, Moutier l’a demandé, il faut essayer de le faire du mieux que possible.»

Tous les partis seront donc de la fête. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que plusieurs d’entre eux ont choisi d’envoyer des conseillers de ville connus pour leurs avis tranchés et leur engagement actif...

«Je ferai appel à l’honnêteté intellectuelle de chacun, rappelant que nous sommes des élus représentant le peuple et que nous travaillons pour le bien de la cité. Nous voulons rédiger un texte le plus transparent possible. J’espère que tout se passera dans le meilleur des mondes», indique le président de la commission, le conseiller municipal PDC Pascal Eschmann, en reconnaissant qu’il aura un rôle à jouer pour que les engrenages ne se grippent pas.

Outre un projet de message électoral à fournir au Conseil municipal, cette commission pourra proposer des questions (celles de la population notamment) à soumettre ensuite à l’expert qui sera prochainement désigné comme convenu dans la feuille de route. Par ailleurs, elle préparera, avec les autorités bernoises et jurassiennes, les parties du message qui leur sont dévolues. Elle devra enfin veiller au respect des délais prévus par la feuille de route.

La composition de la commission a été entérinée le 2 juin. «L’idée est de convoquer une première séance avant les vacances pour un premier échange», note Pascal Eschmann. Selon lui, il serait opportun que la commission livre ses résultats au Conseil municipal au plus tard environ six mois avant la votation.

Hier, l’exécutif prévôtois a par ailleurs livré à la presse sa position sur la Loi sur l’organisation de votations relatives à l’appartenance cantonale de communes du Jura bernois (LAJB). Pas de surprise à signaler. Le Conseil municipal constate que toutes les exigences qu’il avait formulées en amont se retrouvent dans le projet de loi concocté par le gouvernement. Il se réjouit particulièrement de l’importance accordée à l’autonomie communale.

A ce sujet, il réaffirme «sa détermination à déposer un recours de droit public auprès du Tribunal fédéral dans le cas où le Grand Conseil tenterait d’imposer à la ville de Moutier un processus ou des modalités qui lui disconviendraient ou qui porteraient atteinte à son autonomie».

Cette «mise en garde», note le Conseil municipal, vaut en particulier pour ce qui concerne «les éventuelles intentions d’imposer un vote simultané aux communes de Moutier, Belprahon et Grandval».

Sinon, dans ses divers commentaires, le Conseil municipal de Moutier dit notamment qu’il tient à ce que «des mesures particulières de prévention et de contrôle soient prises en vue d’assurer l’expression libre et sûre des citoyens placés en institutions (EMS)».

L’hôpital de Moutier déjà au cœur des opérations

Missive L’avenir du site de Moutier de l’Hôpital du Jura bernois (HJB) sera à coup sûr un thème brûlant lors de la campagne d’avant votation. En date du 25 février, le Conseil municipal de Moutier s’est d’ailleurs adressé au Conseil exécutif à ce sujet pour l’inviter à constituer un groupe de réflexion associant les deux cantons, la ville de Moutier et les conseils d’administrations de l’HJB et de l’Hôpital du Jura.

Cet organe aurait pour mission d’étudier les différents scenari en lien avec la votation, dont celui d’un HJBSA déployant ses activités sur deux cantons.

Dans sa missive, le Conseil municipal estime qu’il est du devoir stratégique de la direction et du conseil d’administration de l’HJB d’évaluer les risques et les chances à la fois d’un maintien de Moutier dans le canton de Berne, mais aussi d’un transfert de la ville dans le Jura.

Et à son avis, le conseil d’administration de l’HJB s’est jusqu’ici «confiné dans une approche manichéenne de cette problématique qui consiste à appeler de ses vœux» le maintien de Moutier dans le canton de Berne tout en considérant, «sans examen sérieux», le transfert de la ville «comme synonyme de la disparition de HJB SA».

Ainsi, selon l’exécutif prévôtois, le groupe de travail doit permettre d’éviter «une instrumentalisation électorale simpliste et populiste» de l’hôpital.

Dans sa réponse datée du 1er avril et rendue public hier par les autorités de Moutier, le Conseil exécutif affirme «prendre acte avec intérêt des desiderata» du Conseil municipal prévôtois. Mais il indique que cette proposition soulève plusieurs questions, dont celle de la comptabilité avec la feuille de route, et notamment par rapport au mandat qui sera confié à l’expert.

Ainsi, le Conseil exécutif a chargé sa Délégation aux affaires jurassiennes de soumettre la proposition prévôtoise «à un examen attentif», intégrant les résultats de la procédure de consultation concernant la Loi sur l’organisation des votations relatives à l’appartenance cantonale des communes. Une procédure qui a pris fin vendredi.

Président Interrogé hier par Le JdJ, le président du conseil d’administration de l’HJBSA, Pierre-Alain Schnegg, contre-attaque la lettre de l’exécutif prévôtois: «Que l’on me dise quel serait l’intérêt du canton de Berne d’être actionnaire d’un hôpital situé dans le Jura? Et vice-versa, quel serait l’intérêt du canton du Jura d’être actionnaire d’une société ayant un hôpital sis dans le canton de Berne? Moi je n’en vois aucun! De plus, le canton du Jura a adopté une stratégie faisant état d’un site de soins aigus à Delémont. Quel serait l’intérêt d’en avoir un second à quelques kilomètres?»

Pierre-Alain Schnegg note que, de toute manière, un hôpital intercantonal ne se crée pas en deux ans. Il relève par contre que l’HJBmise sur les collaborations. «L’HJB n’a jamais été opposé à collaborer lorsque cela s’avérait opportun, il l’a d’ailleurs fait en créant une SApour la pharmacie interjurassienne.»

Selon le président de l’HJB, l’idée d’un hôpital intercantonal est aujourd’hui avancée «parce que le site de Moutier est un enjeu fort et que certains veulent l’instrumentaliser, essayer d’en faire un contre-argument électoral.» Mais lui ne voit aucun intérêt à cette idée, «que ce soit pour le bien des patients ou économiquement parlant.»

Onze et un observateur

La commission d’autodétermination est constituée de onze membres (deux conseillers municipaux et neuf conseillers de ville). Elle respecte les forces politiques au sein des autorités.

Pour le Conseil municipal: Pascal Eschmann (PDC, président) et Marc Tobler (UDC, vice-président). Pour le Conseil de ville: Pierre-Alain Droz, Tina Schluep (UDC), Lucie Scaiola, Pierre Sauvain (PSA), Manuel Gsteiger (Interface), Steve Léchot (PLR), Chantal Mérillat (RPJ), Alain Piquerez (Rauraque) et Claire-Lise Coste (PDC). Observateur au Parlement jurassien, le conseiller municipal PSA Pierre Corfu disposera là aussi d’un rôle d’observateur avec voix consultative.

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