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Saint-Imier/Villeret

Rien de tel que l’apprentissage précoce

L’école se jette dans le bain pour apprendre aux enfants à dompter l’eau et à éviter les noyades

C’est par le jeu que les jeunes enfants apprennent à se familiariser avec le milieu liquide. Lors des leçons à la piscine, ils s’amusent magnifiquement tout en étant très encadrés par une ambassadrice de la Société suisse de sauvetage (SSS). Blaise Droz

Blaise Droz

Certains matins, le bassin de natation de Saint-Imier ne désemplit pas. Très fréquenté par les écoles de toute la région, il permet aux touts petits des deux premiers degrés HarmoS (l’école enfantine) de se familiariser avec l’eau. Quand tous ces marmots sont au jus, un observateur non averti pourrait croire à  une sacrée  foire d’empoigne ponctuée de chants et de cris.

En réalité, il s’agit de leçons parfaitement structurées dont le but est d’apprendre dès le plus jeune âge à se comporter sans crainte mais également sans témérité dans l’élément liquide. Tous ceux qui ont dû apprendre  plutôt mal que bien à nager lorsqu’ils étaient déjà adultes, comprendront combien il est préférable d’apprendre au plus vite. Chaque été apporte malheureusement son lot de noyades qui toutes seraient a priori évitables.

Les leçons de gymnastique déplacées à la piscine sont organisées une dizaine de fois par année. Les élèves de l’école enfantine de Villeret, sous la conduite de la maîtresse Joëlle Montanaro-Spring, y retrouvent Corinne Testaz dont la fonction est ambassadrice de la Société suisse de sauvetage. Citoyenne de Renan, elle est parfaitement formée pour exercer sa fonction dont l’importance est égale aux leçons données par des policiers pour apprendre à traverser la route.

Là aussi la sécurité est le maître mot. Après s’être équipés de leur tenue de bain, les enfants commencent par une partie théorique. Il s’agit d’apprendre et de retenir les dix commandements  devant leur éviter des mésaventures dans le milieu liquide. Corinne Testaz ne manque pas de rappeler que le danger de noyade est particulièrement grand pour les tout petits. «Chez eux, on parle de noyade silencieuse parce que les petits enfants risquent de se laisser couler sans se débattre ni appeler au secours.»

Par le jeu, les enfants apprivoisent l’eau et apprennent à contrôler leur respiration. Après quelques séances, tenir leur souffle pour s’immerger plusieurs secondes n’est plus un problème.

Des jeux qui plaisent

Les jeux proposés ont toujours l’avantage de plaire aux participants tout en les mettant dans des situations particulières. «Ils apprennent à se servir d’objets flottants tels que des boules, des longues tiges appelées frites, ou des petites planches. Tous ces objets peuvent jouer un rôle prépondérant lorsqu’il faut venir au secours d’une personne en difficulté. Au contraire, les bouées, ballons et autres objets gonflables sont présentés comme des jouets qui ne doivent être utilisés que là où l’on est sûr d’avoir son fond. C’est très important de faire la distinction», explique Corinne Testaz aux enfants.

Des mini-sauveteurs

En fin de séance, ils apprennent même les gestes du secouriste. Certains miment la noyade, d’autres doivent leur porter secours avec du matériel adapté.

«Bien sûr, ils sont encore jeunes pour réussir ce type d’exercices, explique la monitrice, mais l’essentiel est que ces  gestes leur soient connus. Plus tard, ils auront peut-être à en faire usage et ils auront le souvenir de la meilleure façon de se comporter.»

Où l'on reparle du nerf de la guerre

À la caisse  Les leçons de piscine pour les tout petits ne sont pas encore formellement des cours de natation.

Pour les 5800 enfants romands qui ont suivi ces cours  depuis janvier dernier, l’essentiel n’est pas d’apprendre la brasse ou la nage papillon mais de savoir se comporter dans l’eau. Utile précision, les cours à la piscine sont complétés par des visites en classe pour apprendre les règles essentielles. Leur finalité est évidente, il faut éviter à tout prix que des enfants se noient dans une piscine, un lac ou une rivière parce qu’ils ne sont pas suffisamment familiarisés avec l’élément liquide et insuffisamment informés de ses dangers.

GRIMACES Lorsqu’on les reçoit sur la tête, ces baguettes flottantes que l’on appelle frites font grimacer autant la petite fille que le pauvre ballon. Aïe, tu m’embêtes!

Pourtant, Corinne Testaz n’en est pas moins un peu inquiète pour leur avenir. Le problème passe bien évidemment par le nerf de la guerre. «Il y avait de l’argent disponible au niveau de la Confédération mais la source semble tarie. Du coup, il appartiendra aux communes de participer au financement de ces leçons particulièrement utiles.»  A titre d’exemple, à Genève on parle de 80 fr. par visite et par commune.  

Dans le contexte où le législatif imérien a voté non sans difficultés un gros crédit pour la rénovation de l’ensemble des halles et du bassin de natation, le refus de se mouiller de l’une ou l’autre commune de l’Erguël serait bien dommage aux yeux de la monitrice. Malgré qu’elle soit un peu vieillotte, trop gourmande en eau et parfois fermée en cas de panne, cette petite piscine couverte est follement appréciée par les enfants des petites classes qui la fréquentent.

RÉUSSI Un exercice rondement mené. Le sauveteur tracte son copain en difficulté avec une de ces fameuses frites. Même très jeunes, les enfants apprennent les gestes qui sauvent.

Éclairage Quant aux enseignantes, elles n’ont qu’un seul regret. L’éclairage de la partie ouest du bassin est jugé largement insuffisant.

L’eau y apparaît très foncée, opaque et le nécessaire travail de surveillance est difficile, tout particulièrement durant les mois d’hiver quand la lumière extérieure est la plus faible.

Les travaux de rénovation qui débuteront cet été permettront peut-être de résoudre ce problème, si possible sans rallonge budgétaire.

LES CRABES  Les enfants doivent attraper la balle avec leurs longues pinces de crabes et les déposer au bord. Le tout sans se faire prendre par un concurrent.

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