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Pierre-Yves Grivel

«Nous dépendons de nos voisins!»

Le président du PLR du canton de Berne croit en une Suisse diversifiée, ouverte, innovante et formatrice. Il mise sur la rencontre et le dialogue avec les citoyens pour redonner du poids à son parti au Conseil national

Pour aller au contact de la population, Pierre-Yves Grivel a choisi le coupé sport. Peter Samuel Jaggi

Propos recueillis par Julien Baumann

Député au Grand Conseil depuis 2007 et directeur du collège des Platanes à Bienne, Pierre-Yves Grivel, 62 ans, veut donner une image combative des libéraux-radicaux.

Il se présente dans la course au National en étant conscient qu’il sera très difficile de placer un candidat francophone sous la Coupole.

L’objectif du parti est avant tout d’oublier la défaite de 2011 et de récupérer au moins un siège dans le canton de Berne. A en croire les sondages, le PLR pourrait être un des gagnants des élections du 18 octobre. Un avantage que Pierre-Yves Grivel souhaite conserver en allant sur le terrain.

Pierre-Yves Grivel, comment le PLR bernois compte-t-il s’y prendre pour regagner un siège?
C’est un objectif ambitieux. Il y a quatre ans, nous avons perdu deux sièges sur quatre. Les sondages nous sont favorables mais nous ne devons pas baisser la garde. En tant que président de la section cantonale, j’appelle à la mobilisation de mes collègues, surtout dans la rue. Les annonces, les affiches et les réseaux sociaux ne suffisent pas. Pour rassembler il faut aller au contact des citoyens et les écouter. C’est précisément ce travail sur le terrain qui explique selon moi le succès actuel du PLR. Il est redevenu populaire.

Quelles sont vos priorités?
Nous avons trois axes principaux. Premièrement, la liberté individuelle. Nous combattons le trop-plein de bureaucratie et de lois qui déresponsabilisent les gens. Deuxièmement, la cohésion nationale. Nous soutenons la diversité culturelle et linguistique de la Suisse. Le français est par exemple en danger dans certains cantons. Et troisièmement, l’innovation. Il faut davantage d’encouragement aux nouvelles technologies, aux idées neuves, aux start-up et aux petites et moyennes entreprises. C’est particulièrement important pour la région de Bienne et du Jura bernois qui comptent de nombreuses PME.

Vous prétendez défendre les francophones, mais vous ne présentez pas de Romands en tête de liste et les candidats sont majoritairement alémaniques...
Je vous rappelle que pour le Jura bernois, Dave Von Kaenel est en troisième position, juste après les sortants. Par ailleurs, on a déjà essayé une liste exclusivement francophone, sans succès. Si on est réaliste, on constate que les Romands sont largement minoritaires dans le canton. Ils ont, de fait, très peu de chance d’être représentés à Berne, ce que je déplore évidemment.

La question des réfugiés est au centre de la campagne. Comment réagir?
La Suisse doit préserver sa tradition d’accueil. Aujourd’hui ce sont les Syriens, mais le pays a déjà ouvert ses portes à bien d’autres populations par le passé. J’insiste sur le terme «réfugiés de guerre» quand j’aborde ce sujet. Car ce sont des personnes qui fuient une situation intenable. Ce sont des familles avec des gosses! Les images que l’on voit sont très marquantes. Pour trouver une solution, il faut d’abord que les pays européens s’entendent sur une clé de répartition de ces réfugiés. En Suisse, je suis pour une accélération des procédures d’asile. Il ne faut pas oublier l’aide au développement sur place, pour permettre aux personnes de retourner chez elles après la guerre.

Autre sujet très débattu: les relations avec l’Union européenne. Quelle approche prônez-vous?
Le PLR est très clair à ce sujet. Nous privilégions la voie bilatérale. Une adhésion à l’UE reste exclue au vu de la situation actuelle. Nous défendons la libre circulation des personnes. L’Europe, en particulier les pays limitrophes sont nos premiers partenaires commerciaux. A l’heure de la mondialisation, nous dépendons de nos voisins. Vivre dans son petit chalet sur la montagne avec une barrière et un drapeau suisse, c’est terminé!

En tant que directeur d’école, n’avez-vous pas l’impression que l’éducation passe au second plan dans la campagne?
La formation fait partie intégrante de notre troisième axe. La grande force de la Suisse, c’est son système dual, alliant théorie et pratique. Un système pris comme exemple dans le monde entier. Et ce sujet concerne particulièrement Bienne et le projet du futur Campus. Les étudiants seront en contact direct avec les entreprises. C’est ce genre d’idée qu’il faut soutenir.

Selon une évaluation de la RTS, le PLR a fait de grosses dépenses ce printemps en vue des élections. Il se classe juste derrière l’UDC et loin devant les autres partis. Êtes-vous pour davantage de transparence?
Pour être honnête, je ne connais  pas les chiffres au niveau national par contre je connais mon budget cantonal  et peut vous assurer que tous les candidats mettent de leur poche! C’est vrai que c’est un débat, mais il faudra sans doute encore quelques années avant qu’il aboutisse, un peu comme le secret bancaire.

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