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Baoshida Swissmetal

Toute la production à Reconvilier!

Le groupe chinois a donné son feu vert à un projet d’envergure à l’horizon 2018

Pour Ivan Spoya, le redéploiement programmé de toutes les activités industrielles sur le site de Reconvilier témoigne de la confiance du groupe Baoshida dans l’avenir. Philippe Oudot

Philippe Oudot

«Nous avons obtenu le feu vert de notre direction générale en Chine: toutes les activités industrielles de Baoshida Swissmetal seront concentrées sur le site de Reconvilier à partir de 2018. Ne resteront à Dornach que les services administratifs et financiers. C’est évidemment une excellente nouvelle pour le Jura bernois!»

Prononcés par Ivan Spoya, COO (chief operating officer) et responsable du site de Reconvilier, ces mots ont de quoi surprendre les plus incrédules des observateurs, après toutes les années de galère vécues sous la catastrophique ère Hellweg.

Et Ivan Spoya assure qu’il ne s’agit pas d’un effet d’annonce, mais bel et bien d’«une décision parfaitement mûrie et sur laquelle nous travaillions depuis longtemps. Disons que l’annonce de la BNS,en janvier dernier, d’abandonner le taux plancher, qui a eu pour conséquence de renchérir d’un seul coup nos produits de 10 à 12%, a accéléré le processus de décision.»

Dans un marché toujours plus concurrentiel, il faut en effet gagner en compétitivité. «Ce regroupement sur un seul site nous permettra de réduire nos coûts et d’être beaucoup plus réactifs en raccourcissant nos délais.»

Volonté claire

Comme le souligne notre interlocuteur, d’aucuns avaient eu peur, lors du rachat de l’ex-Swissmetal par Baoshida, que le nouveau propriétaire ne s’empare du savoir-faire pour délocaliser la production en Chine. «Il n’en est rien, bien au contraire! Il aura fallu attendre ces investisseurs pour permettre ce regroupement et un nouveau développement de nos activités.» Une volonté dont témoignent d’ailleurs les augmentations successives du capital-actions, qui a passé de 1 mio lors du rachat, à 30 mios aujourd’hui.

Concrètement, le déplacement des activités va démarrer très rapidement, avec l’installation d’une première presse, «une Loewy de 1200 tonnes». La même que celle qui avait été démontée sous l’ère Hellweg? «Pas du tout! Celle-là était une machine de 2200 tonnes, qui est d’ailleurs toujours entreposée sous une bâche à Dornach. Notre nouvelle machine nous permettra de presser de petits profils et d’élargir la palette de produits fabriqués à Reconvilier.»

Par exemple pour produire les pièces destinées à la fabrication de fermetures éclair, qui sont actuellement produites à Dornach. La nouvelle presse devrait être opérationnelle «au début janvier si tout va bien, et sinon à la fin du mois».

A l’usine 2

Question de logique de flux de production, cette première presse et celles qui suivront à partir de 2016 seront montées à l’usine 2, où se trouvent déjà les installations de fonderie – celle de coulée continue, celle pour les billettes, ainsi qu’un four de type Osprey. Ce dernier est utilisé pour les alliages très spéciaux et fonctionne par projection de poudre métallique sous vide sur un barreau où la matière s’amalgame de manière homogène.

Dans le cadre du regroupement des activités industrielles à Reconvilier, va-t-on également déplacer la gigantesque presse Apollo installée à grands frais à Dornach, et qui était censée remplacer toutes les autres? Ivan Spoya élude la question, indiquant simplement que «nous aurons de nouvelles presses».

Mais l’usine2 offre-t-elle suffisamment d’espace pour accueillir toutes les activités de traitement à chaud? «Nous avons encore la possibilité de nous agrandir sur les terrains attenants dont nous sommes propriétaires», explique Ivan Spoya. Et de préciser que les écroûteuses, qui se trouvaient dans l’usine1, ont d’ores et déjà été transférées et installées dans la 2 par souci de rationalisation.

Autre signe illustrant cette décision stratégique: trois étireuses très puissantes, de type Schumag, vont tout prochainement prendre place dans l’usine1. Elles permettront d’étirer fils et barres d’un diamètre allant de 9à 26mm. De quoi compléter la palette de produits déjà étirés à Reconvilier, puisque les machines qui y sont actuellement en service sont spécialisées dans les petits diamètres.

Retour des pointes de stylo

Et ce n’est pas tout:depuis le début de cette année, Baoshida Swissmetal a repris la production des pointes de stylo sur son site de Reconvilier. Sous forme de lopins ou de torches (rouleaux de fils). Une activité qui était un des fleurons de la production du site, et que Martin Hellweg avait délibérément sacrifiée. Et comme le souligne avec satisfaction Ivan Spoya, «malgré ce douloureux épisode, nous avons toujours le savoir-faire et avons déjà regagné un de nos gros clients».

Pour affronter l’avenir dans les meilleures conditions, Baoshida Swissmetal continue à développer de nouveaux alliages. Pour tenir compte des nouvelles normes en matière de protection de l’environnement, le département recherche et développement (R&D) planche par exemple sur des alliages exempts de béryllium, ou avec des teneurs en plomb extrêmement réduites. Dans les alliages, le plomb a une fonction de brise-copeaux à l’usinage.

Et même si l’Union européenne a donné aux industriels un délai supplémentaire pour s’adapter, tel n’est pas le cas aux Etats-Unis, raison pour laquelle Baoshida met les bouchées doubles pour trouver une alternative au plomb.

Comme l’indique Catherine Lottmann, responsable de R&D, son département travaille en étroite collaboration avec les clients afin de développer des solutions personnalisées. «Les clients cherchent aussi à rationaliser leur production en modifiant leur façon d’usiner les pièces. Du coup, la matière réagit différemment et nous cherchons à modifier nos alliages en conséquence pour répondre à ces besoins spécifiques.»

La confiance revient

Reprise Comme le souligne Ivan Spoya, les heurs et malheurs de l’ex-Swissmetal avaient détruit la confiance de très nombreux clients qui, par la force des choses, avaient dû chercher d’autres fournisseurs. Avec la reprise par Baoshida, la méfiance était encore de mise, «mais aujourd’hui, nous avons pu récupérer des clients – ce qui fut tout sauf facile, car ils avaient trouvé des alternatives satisfaisantes». Il espère bien qu’avec la concentration des activités et l’optimisation des coûts qui va en résulter, il pourra en regagner d’autres encore.

Franc fort Et si, en raison du franc fort, Baoshida a dû introduire le chômage partiel sur ses deux sites – entre 15 et 18% en moyenne à partir du mois de juin et jusqu’en septembre, précise-t-il –, «nous travaillons à nouveau à 100%» indique notre interlocuteur. Il précise qu’à l’heure actuelle, Swissmetal Baoshida emploie quelque 250 collaborateurs répartis grosso modo à parts égales sur les deux sites.

Réactions à Dornach La direction a d’ores et déjà informé les collaborateurs du site soleurois de la décision prise. La nouvelle a certes eu l’effet d’un choc, mais n’a pas suscité de mouvement de révolte. Comme le relève Ivan Spoya, «la grande majorité des collaborateurs sont des frontaliers alsaciens, qui sont fidèles à l’entreprise. Habitués à se déplacer, beaucoup sont prêts à faire les courses, même si elles seront plus longues, l’essentiel étant de conserver leur emploi.» £ pho

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