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Hôpital du Jura bernois

Une santé remarquable des deux sites

Le conseil d’administration détaille avec optimisme sa stratégie des dix prochaines années

Dominique Sartori (à gauche) et Pierre-Alain Schnegg ne peuvent que se réjouir de l’état de santé de l’Hôpital du Jura bernois et ils envisagent une progression continue durant les dix prochaines années. Stéphane Gerber

Blaise Droz

Hier face à la presse, le Directeur de l’Hôpital du Jura bernois Dominique Sartori et trois membres du conseil d’administration, Pierre-Alain Schnegg président, Me Etienne Junod vice-président et la Dr. Joëlle Michel administratrice, ont expliqué, sourire aux lèvres, combien l’Hôpital du Jura bernois se porte bien et combien l’avenir est envisagé avec sérénité pour les dix prochaines années.

Initialement prévue sur le site de Moutier un jour plus tard, cette conférence de presse a été avancée afin de répondre au plus vite au communiqué de presse lié au vote communaliste paru le 3 décembre dernier et rédigé sous le contrôle des cantons de Berne et du Jura et de la commune de Moutier. Le conseil d’administration en a pris connaissance avec un très grand étonnement mais s’est borné hier à expliquer sa stratégie pour les années à venir.

Sans fausse modestie

Elle repose sur le développement harmonieux des deux sites de Moutier et Saint-Imier, en continuant d’offrir sur chacun d’eux toutes les prestations de base dont la population a besoin.

Faisant fi de fausse modestie, Dominique Sartori a dit vouloir expliquer «pourquoi nous sommes encore là alors que d’autres ont disparu dans le contexte très tendu qui entoure les soins hospitaliers dans notre pays».

Et le directeur de rappeler les pressions sur les tarifs, la croissance démographique lente mais qui voit augmenter substantiellement le nombre de personnes de 65 ans et plus. Malgré ce contexte, le budget 2016 de l’HJB est sous toit et il prévoit des résultats positifs sans trop de difficultés, ce qui démontre la justesse des choix stratégiques des dernières années.

Pierre-Alain Schnegg de son côté constate que les hospitalisations dans les deux sites de l’HJB ont grimpé de 3307 en 2005 à 5191 en 2015, soit une augmentation de 36,3% en dix ans. Mieux, le nombre de traitements ambulatoires est passé de 58637 en 2012 à 81 198 en 2015 ce qui représente une augmentation de 28,5% en seulement 4 ans.

Pour présenter la stratégie 2025, volontairement construite de bas en haut, Dominique Sartori a choisi de comparer les choix de l’équipe dirigeante à ceux des alpinistes qui conquièrent la face nord de l’Eiger. Tout a été pensé minutieusement afin d’atteindre un objectif très ambitieux. «Présentée le 11 décembre dernier aux 70 cadres et médecins-chefs de l’HJB, la stratégie en question a été commentée très positivement et très applaudie», se réjouit le directeur.

Il n’ignore pas que l’HJB a aussi ses faiblesses. Il est soumis à des menaces connues comme la pénurie de spécialistes, les pressions sur les tarifs, l’augmentation des charges, de listes hospitalières contraignantes.

Cependant, le directeur note surtout des opportunités sous la forme de nouvelles prestations de niche et de partenariats avec les médecins généralistes et les autres acteurs de la santé.

Pour ce qui est des aspects financiers, les coûts liés aux bâtiments et à la logistique sont en diminution régulière depuis 2012 alors que le chiffre d’affaires est en augmentation. Les coûts d’infrastructure sont identiques sur les deux sites. Les coûts liés au directoire et à l’administration sont en baisse régulière en revanche, les coûts de l’informatique sont et resteront en augmentation.

Médecine interne

Secteur par secteur, le directeur explique que la médecine interne, essentielle à la pérennité de l’HJB, va compléter et développer son offre de spécialités.

Il pense notamment à la pneumologie et à l’infectiologie. Il envisage la mise en place d’une offre de gériatrie aiguë et d’un centre de dialyse à Saint-Imier, compte tenu que Moutier en est déjà pourvu. En chirurgie générale, il est prévu à moyen et long terme d’exploiter deux blocs opératoires ouverts 24 heures sur 24 et d’élever sensiblement le niveau d’activité pour récupérer des parts de marché.

Il s’agira aussi de récupérer des parts de marché en chirurgie orthopédique. Pour ce faire, Dominique Sartori mise sur une collaboration accrue avec la Clinique du Noirmont qu’il qualifie d’excellente dans le domaine de la réadaptation musculo-squelettique.
En gériatrie, les deux sites de Moutier et Saint-Imier devront créer de nouvelles surfaces dans l’optique d’améliorer la qualité de vie des patients.

Potentiel de progression

Le cas de la gynécologie n’est pas comparable sur les deux sites. Alors que ce poste est bien développé à Saint-Imier au point d’entrevoir des difficultés d’absorption du flux des patientes qui pourrait nécessiter la relocalisation de cette activité dans le bâtiment est, celle-ci est faible à Moutier et son potentiel de progression est élevé. En obstétrique, le nombre des naissances augmente année après année et la mise en place d’un service mère-enfant est programmée.

La réadaptation gériatrique, devant permettre le retour à domicile des patients connaît déjà un beau succès mais devra encore se faire mieux connaître. A terme, ce service pourrait être regroupé sur un seul site, a priori celui de Moutier.

Toujours à Moutier, le service d’imagerie médicale devra assurer dans le futur son développement et son attractivité, notamment en installant un appareil IRM entre 2016 et 2017.

Ce tour d’horizon ne serait pas complet si l’on omettait la grande volonté du directoire d’améliorer encore les prestations d’hôtellerie afin que les patients se sentent choyés et autant à l’aise que possible pendant leur séjour à l’hôpital.

Site prévôtois sur le fil du rasoir

Afin de conserver et de renforcer son attractivité, il est important que l’HJB communique et fasse savoir que contrairement à certains de ses voisins, il jouit d’une excellente santé financière. Or, c’est dans ce contexte que les cantons de Berne et du Jura ainsi que la ville de Moutier ont annoncé que rien de substantiel ne changerait au cas où Moutier basculerait d’un canton vers l’autre. Vraiment rien? Forcément, la question a été posée hier après-midi.

La réponse de Me Etienne Junod, vice-président du conseil d’administration, a été franche et directe.

«L’HJB est une société anonyme ce qui lui laisse une grande autonomie politique. Cependant notre actionnaire est le canton de Berne et c’est lui qui défini notre cadre global.» Du coup, il est légitime de se demander si en cas de transfert de souveraineté, le sort que le canton du Jura réserverait à l’Hôpital de Moutier sera meilleur que celui qu’il a réservé à ceux de Saignelégier et Porrentruy.

Pour l’heure, on ne voit rien d’autre qu’un grand point d’interrogation. C’est dans ce contexte que le conseil d’administration de l’HJB pose très fermement la question de savoir ce que deviendra ce site alors qu’il dépendrait du canton du Jura. Une autre question mériterait d’être posée. Bienne dispose d’un hôpital régional que les citoyens de la vallée de Tavannes pourront atteindre d’autant plus rapidement que la Transjurane sera achevée.

Ces derniers sont aujourd’hui très attachés au site prévôtois de l’HJB au point de le choisir par atavisme régional. Cette situation perdurerait-elle après un transfert cantonal? Si 300 à 500 patients par année se détournaient du site de Moutier, la diminution du chiffre d’affaires pourrait atteindre 2 à 3 millions de francs. Ce n’est pas rien!

Site internet hôpital du Jura bernois

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