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Du rap entre fastes et sentiments

Le rappeur biennois et congolais Young Christy émerge avec deux vidéo-clips dont le dernier, «Na Nko», le met en scène au milieu de ses propres ambitions

Dans son nouveau clip «Na Nko», le Biennois vit un rêve éveillé au milieu d’une fastueuse villa, entouré d’amis dans une ambiance festive. LDD
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Pierre-Yves Theurillat

En deux clips, dont le dernier est paru tout dernièrement sur les réseaux sociaux et quelques télévisions, Young Christy creuse son sillon. Son chemin de terre, le jeune rappeur de 24ans, congolais et biennois, il le consacre depuis 2010 à la production musicale.

Tout en bossant à côté. Humblement et comme tout le monde, le métier d’artiste étant pour l’heure une passion, un extra. Il prend son temps et conçoit les choses professionnellement, Fabrice Mazinga, son nom à la ville. Son premier album est prévu pour juin 2016.

En attendant, avec «Trop tard», et l’autre clip «Na Nko»,  Young Christy a franchi un pas important. Dans «Trop tard», on l’observe débiter sur la relation sentimentale, alors que dans «Na Nko», le nouveau clip, c’est dans un décor de villa luxueuse et un contexte d’amitiés festives qu’il en dévoile plus sur ses ambitions.

Suivi sur YouTube et visionnée 79000 fois à ce jour, «Trop tard» marque le goût de la mélodie dans le rap, pour son auteur, qui dit pouvoir toucher ainsi la gent féminine: «J’ai grandi à Bienne. J’y suis depuis l’âge de 11 ans. Dans cette ambiance rap ici, moi et mes amis écoutions un peu de street. En grandissant, j’ai changé. Comme créateur, j’ai voulu apporter quelque chose d’un peu différent, sans trop m’attacher au rap plus ancien», explique-t-il.

Rap pas vulgaire

C’est en Belgique que Young Christy a découvert sa vocation de chanteur, entre 2007 et 2010, alors qu’il résidait en internat. Il dit s’être retrouvé dans le rap comme par hasard: «En Afrique, les parents trouvent le rap vulgaire, déplacé. J’ai eu de la peine à convaincre les miens. Je ne suis pas vulgaire et mon message est éloigné de ce que la plupart des gens pensent du rap.»

Et le message, alors?«Ne pas penser qu’on ne peut pas s’en sortir. Il faut encore chercher, travailler. Mon message est un message d’espoir.» «Espoir» est aussi le titre de l’album à venir, promis pour l’été prochain. «Un des morceaux parle de mobbing, quelque chose dont j’ai été le témoin. Je le relate pour sensibiliser les gens, pour qu’ils ouvrent les yeux sur certaines choses qu’ils ne réalisent pas», évoque-t-il.

Recherche de fonds

L’envie de partager avec des milliers d’autres personnes est bien là pour ce footballeur de deuxième ligue, qui fait ses gammes au FC Franches-Montagnes: «Je ne veux pas être prétentieux, mais je travaille dur, et ai beaucoup d’enregistrements valables. Comme tout ce que je fais, ça vient vraiment de moi-même. Mettre des mots sur des instrumentaux, c’est mon truc. J’ai 50 à 60 titres:tous les jours, je continue à en créer, pas forcément pour les sortir, mais c’est un besoin», confie-t-il.

Young Christy n’a pas de producteur, ni de maison de disques. Inutile de dire qu’il cherche l’aubaine de ce côté-là: «Oui, j’aurais besoin d’un coup de main pour que les choses se fassent. Mon entourage me soutient, j’ai de la détermination aussi, mais pour que ça aille quelque part et se développe, j’ai besoin de fonds.» Jusqu’à présent, il a tout fait lui-même ou presque: payé la production, travaillé le son, le mixage et bien sûr le concept.

Pas de fumette

«Les choses à dénoncer, je les dénonce. Mais mon optique est plutôt l’encouragement. Certes, d’un point de vue social, pour les gens de mon âge, la vie n’est pas simple, mais il y a toujours moyen de se sortir d’affaire. J’ai connu différents environnements avec des dealers. Au mieux, on fait son apprentissage, on trouve du travail, on construit une famille. Mais dans d’autres univers, ça fume des joints. C’est un effet de masse. Tout le monde fume, alors je fume! J’ai réussi à passer entre les gouttes, et c’est déjà une difficulté pour arriver à sortir de ça. Je suis arrivé là où j’en suis sans tout ça. J’ai un boulot, je m’assume. Je n’ai pas attendu qu’on m’apporte quelque chose dans ma vie.»

Ouvert à la discussion, le jeune homme né à Kinshasa est retourné au pays l’an dernier. Il a pu constater ce qui avait changé.

Young Christy relate le travail que sa maman a mis en pratique, le «Panier d’amour». Un concept visant à venir en aide aux Congolais démunis: «On fournit depuis la Suisse des soins de première nécessité aux familles en république démocratique du Congo, avec l’aide des églises. Dans l’endroit où j’ai été, j’ai vu pas mal de choses choquantes. Les autres jeunes n’ont pas ma chance.» Le jeune homme s’estime chanceux et reconnaissant envers la Suisse d’avoir accueilli ses parents: «Aujourd’hui, depuis 13 ans, je suis là!»

INFO:

À voir sur: YouTube et Facebook. Côté concerts, une date est prévue à Neuchâtel le 30 janvier, tandis que le 3 mars, Young Christy fera une apparition à un festival africain à Bienne.

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