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Bienne

Un nouveau bâtiment futuriste pour Omega

La marque phare de Swatch Group a investi plus de 150 millions dans sa nouvelle manufacture, qui doit lui permettre de répondre à une demande en hausse.

Non, Nick Hayek n'a finalement pas coupé la cravate de Johann Schneider-Ammann. Mais on n'est pas passé loin (Copyright Matthias Käser / Journal du Jura)

Christian Kobi

Une sono qui crache le tube «Run Boy Run» de Woodkid, des stores qui se mettent progressivement en mouvement, laissant apparaître aux fenêtres les quelque 350 employés munis d’une blouse blanche et répartis sur quatre étages: Omega avait mis les petits plats dans les grands pour l’inauguration de son nouveau centre de production, hier sur son site historique de la rue Jakob-Stämpfli.

Tels des rockstars, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, le CEOde Swatch Group Nick Hayek, le patron d’Omega Raynald Aeschlimann et l’architecte japonais Shigeru Ban sont alors apparus sur le tapis rouge. Ils ont été chaleureusement applaudis par la centaine d’invités, dont le Conseil municipal in corpore et tout le gratin que compte le monde de l’horlogerie. «Grâce à son engagement, la famille Hayek fait gagner la Suisse et contribue à la renommée de tout le pays», a déclaré Johann Schneider-Ammann. Et le ministre de l’Economie de saluer la mémoire de Nicolas Hayek, «cet homme né à Beyrouth qui a toujours davantage cru en la Suisse que les Suisses eux-mêmes».

Un signal fort pour Bienne
Pour Raynald Aeschlimann, le choix de Bienne comme site de la nouvelle manufacture était une évidence. «C’est ici que tout a commencé il y a 135 ans et c’est ici que bat le cœur d’Omega, une marque dont l’histoire est intimement liée à Bienne et qui le sera encore davantage à l’avenir», a-t-il martelé. L’investissement consenti est conséquent: plus de 150millions de francs. «Ce n’est pas une opération marketing, mais un investissement fondamental pour notre évolution, a poursuivi le président du groupe biennois. Nous avons regroupé sous un même toit tous les métiers des processus d’assemblage et de certification. Désormais, nous avons à notre disposition un véritable écrin duquel partiront dans le monde entier nos plus belles montres.»

Non loin de là, le maire de Bienne Erich Fehr affichait évidemment le sourire des grands jours. «Le fait qu’une grande marque comme Omega décide de continuer d’investir à Bienne est un signal fort non seulement pour l’économie, mais aussi pour la population biennoise et le marché de l’emploi», s’est-il réjoui. Un investissement d’autant plus important, a-t-il précisé, à l’heure où certaines entreprises délocalisent leur production en Chine.

Stock central automatisé
Le nouveau bâtiment, d’une superficie de 16 000m² et qui s’étend sur une longueur de 70m, pour 30m de large et 30m de haut, a été conçu pour répondre aux plus hautes exigences à la fois en termes d’efficacité et de respect de l’environnement. Selon l’architecte Shigeru Ban, réputé pour ses structures sophistiquées et ses techniques non conventionnelles, la structure et l’ossature en bois – de l’épicéa suisse – incarnent «la précision et la fiabilité d’Omega».

Le cœur de la manufacture est sans conteste l’espace central de stockage, qui peut contenir plus de 32 000 cartons remplis de composants nécessaires pour fabriquer les montres. Celui-ci est entièrement automatisé: deux boîtes transportent les pièces dans les allées à une vitesse de quatre mètres par seconde, effectuant 1400 mouvements par heure. Les employés n’ont ainsi plus à se déplacer pour aller chercher la pièce dont ils ont besoin, puisque celle-ci est livrée directement à leur place de travail. Pour prévenir les risques d’incendie dans cet espace, le taux d’oxygène y est réduit à 15,2%, ce qui implique que seules deux personnes spécialement formées et au bénéfice d’un certificat médical sont autorisées à pénétrer à l’intérieur.

Le papier est également banni à tous les étages: désormais, tout se fait à l’aide de tablettes et de codes barres, ce qui permet une meilleure traçabilité des produits.

Demande en hausse
Bijou architectural et technologique, le nouvel écrin d’Omega doit surtout permette au groupe de répondre à la demande en croissance, notamment en Chine, en Europe et aux Etats-Unis. «Nous enregistrons une croissance à deux chiffres dans nos boutiques en propre depuis les 12 derniers mois», s’est félicité Raynald Aeschlimann. Le président d’Omega faisait écho aux propos du patron de Swatch Group Nick Hayek, qui avait déclaré dans son discours inaugural que, contrairement à ce que certains prédisaient, l’industrie horlogère n’est pas morte et se porte même «très bien». «Chaque mois la demande augmente», avait-il même assuré.

Cela tombe bien: avec le nouveau site de Bienne, Omega voit ses possibilités augmenter, elle qui fabrique actuellement 450 000 montres par année et qui pourrait théoriquement passer à 700 000. «Omega se porte bien», a résumé Raynald Aeschlimann dans un large sourire.

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