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Un humaniste en dvd

L’autre Roland Staehli

«Roland le Transjuran», le film de Patrick Amstutz et Denis Maurer, est disponible en DVD. Réalisé en 2017, il n’aborde que la dimension littéraire et historique du grand homme. Bien vu!

Roland Staehli: ce DVD rend hommage à l’humaniste et au poète. Photo: sg-a

Par Pierre-Alain Brenzikofer

Ceux qui connaissent véritablement Staehli le savent parfaitement: l’illustre Tramelot, quand bien même il fut une figure majeure de la Question jurassienne, n’aspirait en fait qu’à promouvoir la littérature et l’histoire de son coin de pays. Disparu en 2010, il avait eu le temps de réveiller Virgile Rossel – «son dernier combat», dixit ici Mario Annoni – et Albert Gobat, n’en déplaisent à certains pauvres en esprit. Ceux qui n’ont pas compris que l’histoire, la littérature, sont des révélations bien plus hautes que la politique.

Patrick Amstutz et Denis Maurer l’ont bien saisi, eux. En réalisant «Roland le Transjuran», ils n’ont évoqué que l’humaniste érudit, féru de littérature, d’histoire et de poésie. L’écrivain, aussi, qui sut chanter Tramelan et sa région avec un souffle littéralement homérique.

A la recherchedu temps perdu?
Pas question, bien sûr, de snober une carrière politique qui l’avait mené au Conseil national. Mais il n’en est nullement question ici. Et c’est tant mieux! «La politique m’a enrichi, mais elle m’a pris une partie de ma vie», nous avait-il confié. Une preuve que Roland Staehli avait lu «A la recherche du temps perdu»?

Dans ce film, le Tramelot apparaît au soir de sa vie. Et Patrick Amstutz et Denis Maurer écoutent, à la fois émus et hypnotisés, le vieux sage au coin du feu. Dans ce document exceptionnel – par rapport au film, le DVD offre en sus quelques bonus prometteurs –, il est question de sa jeunesse littéraire, de l’exceptionnelle aventure de La Revue Transjurane, fondée par le disparu. Staehli exprime aussi avec virulence son dégoût de tous les totalitarismes, son séjour traumatisant pour apprendre l’allemand dans une Allemagne se gavant de nazisme. Marqué, il renoncera pour toujours à parler cette langue.

Dans «Roland le Transjuran», les témoignages de ses proches et admirateurs se taillent la part du lion, pendant qu’Erika von Rosen et Antoine Le Roy lisent quelques-uns des poèmes du disparu.
«Quelle époque merveilleuse, quand la foi, la poésie et l’amitié vous transportent» nous apostrophe ici Roland Staehli. Et si c’était là son legs?

Au cours de cette évocation, les témoignages enthousiastes se ramassent à la pelle. Mario Annoni, l’ancien conseiller d’Etat. Milly Bregnard, l’ancienne mairesse qui fut l’élève de ce prof «extrêmement sévère, mais qui nous faisait partager tout ce qu’il y a de beau». Vincent Girardin, petit-fils du grand ami de Roland Staehli Laurent Boillat. A ce propos, on sait que Staehli s’apprêtait à honorer l’illustre sculpteur-graveur tramelot. La mort l’en a empêché, mais Tramelan a magnifiquement pris le relais. Le très beau cheval trônant aux Reussilles en constitue l’une des preuves. Allez! revenons au DVD. On y entend aussi le maire de Tramelan Philippe Augsburger et l’ancienne ministre jurassienne Elisabeth Baume-Schneider.

Gardien de la sagesse
Avec la voix du grand ancien, la partie la plus émouvante du film met en scène la famille du disparu. Mireille Lévy-Staehli, sa fille; Francis Staehli, son fils; Elodie Lévy-Gerber, sa petite-fille, et Luigi Staehli, son petit-fils, évoquent avec emphase, émotion, humour et amour une trajectoire hors normes.

«Il y avait de la passion dans ses yeux», semble acquiescer le chancelier tramelot Hervé Gullotti.

Dans la Revue Transjurane, son œuvre de vie, Roland Staehli avait pu s’assurer la collaboration de grands noms comme Jean Cuttat, Lucien Marceau, Henri Guillemin.

«Tout cela démontre l’attachement d’un homme à la littérature, aux grands noms. Mais pas question pour les régionaux d’éprouver quelque complexe», salue à juste titre Elisabeth Baume-Schneider.

Oui, Patrick Amstutz et Denis Maurer ont superbement mis en valeur le Roland Staehli héraut de la langue française, mais aussi poète impénitent.

Surtout, ils ont su saisir l’universalité d’un personnage qui ne cachait pas son admiration pour un certain Ernesto – «Che» – Guevara. Staehli? Un radical quarante-huitard, comme dirait Mario Annoni. Mais ça, ce n’est pas dans le film!

Pour obtenir le DVD, s’adresser à l’adresse: chancellerie@tramelan.ch

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