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L’infatigable Hans Stöckli

Le 20 octobre, l’ancien maire de Bienne brigue un troisième mandat au Conseil des Etats. «Ma santé est excellente et mon intérêt pour la politique intact», jure le socialiste de 67 ans.

Hans Stöckli a connu pratiquement tous les échelons que la politique suisse a à offrir. Photo: Raphael Schäfer

Didier Nieto

Quarante ans de politique et toujours pas repus. A 67 ans, Hans Stöckli veut conserver le siège qu’il occupe depuis 2011 au Conseil des Etats. Un troisième mandat à la Chambre haute qui serait le dernier pour l’ancien maire de Bienne. Mais le socialiste est loin de songer à la retraite. Il a encore beaucoup de choses à dire, et à faire, à Berne.

Hans Stöckli, vous êtes candidat pour un troisième mandat au Conseil des Etats. L’âge de la retraite a pourtant déjà sonné...
Ma santé est excellente et mon intérêt pour la politique intact. Et mon parti n’est pas mécontent de ma candidature. De plus, ces dernières décennies, il est habituel que les sénateurs bernois effectuent trois législatures. Et la perspective d’être président duConseil des Etats n’a certainement pas été un frein à mon envie de continuer. Cette fonction offre de nombreuses possibilités de mettre en valeur notre région ainsi que le bilinguisme.

L’idée de laisser votre place à un candidat plus jeune, à une femme, voire à un Romand, vous a-t-elle effleuré l’esprit?
Il n’y a aucun candidat romand et plusieurs femmes ainsi que des personnalités plus jeunes sont en lice. Je représente aussi notre région bilingue dont je connais les spécificités. Il serait cependant judicieux d’élire une femme pour remplacer Werner Luginbühl (réd: le second conseiller aux Etats bernois (PBD) ne brigue pas de nouveau mandat).

Que retenez-vous des quatre dernières années que vous avez passées sous la Coupole?
Je suis assez satisfait des résultats obtenus durant la dernière législature. En 2016, j’ai réussi à former un important comité comprenant presque tous les anciens conseillers fédéraux et les conseillers aux Etats anciens et actuels pour combattre l’initiative de mise en œuvre de l’UDC (réd: rejetée par 58,9% des voix en février 2016). Je me suis aussi engagé avec succès en faveur de la RFFA. Plusieurs de mes interventions ont abouti, notamment celle concernant le renforcement de la qualité et de l’économicité dans la santé publique et l’encadrement des patients qui doivent prendre plus de trois médicaments. J’ai aussi échafaudé l’initiative «Enfants sans tabac» afin de mieux protéger les jeunes contre la publicité pour les cigarettes.
Sinon, je suis content que plusieurs mesures proposées par la Commission sur le bilinguisme dans le canton de Berne, que je préside, aient été validées par le Conseil exécutif.

Quel est votre plus gros regret?
Le refus, en 2017, de la Prévoyance vieillesse 2020. C’est celui qui me fait le plus mal. On ne devait pas perdre.

On se souvient aussi de l’échec de la candidature de Sion pour accueillir les Jeux olympiques en 2026. Vous étiez le vice-président du comité d’organisation.
Oui, je le regrette, mais il s’agissait d’une votation valaisanne. Le projet a été refusé principalement en raison de la méfiance éprouvée à l’encontre du comité international olympique ainsi que des craintes écologiques et financières. Mais je tiens à souligner que notre projet était bon, bien meilleur que celui des villes italiennes qui a finalement été choisi. Les Valaisans ont refusé le projet principalement en raison de la méfiance éprouvée à l’encontre des organisateurs locaux. Dans une moindre mesure, les enjeux financiers et environnementaux ont aussi joué un rôle dans le rejet.

Si vous êtes réélu le 20 octobre, que comptez-vous apporter de plus, ou de neuf?
Le Conseil des Etats va connaître un changement de visage d’une ampleur inédite: 20 des 46 sénateurs en place ne briguent pas de nouveau mandat. Ce renouvellement est positif, mais il signifie aussi une perte conséquente de savoir-faire. Il est donc important de pouvoir s’appuyer sur des personnes qui peuvent transmettre leur expérience.

Sur le plan politique, quelles seront vos priorités?
J’ai la volonté ferme de continuer mon combat dans le domaine de la santé, entre autres. La prévention reste encore trop négligée. Dans la santé publique, nous dépensons plus pour l’administration et la gestion que pour la prévention. La mise en œuvre du projet de renforcement de la qualité et de l’économicité dans la santé publique, approuvé par les chambres, doit donner les bases pour renforcer la prévention. Je dois aussi veiller à ce que la loi sur le tabac ne soit pas dénaturée après son passage auConseil national et la protéger des lobbyistes de l’industrie du tabac.
D’une manière générale, je reste aussi en contact direct avec le gouvernement bernois pour défendre les intérêts du canton et de la région.

Restons dans le domaine de la santé. Selon différents sondages, la préoccupation principale des Suisses concerne le poids des primes maladies sur le budget des ménages. Quelle est votre solution pour stopper la hausse des coûts?
J’ai récolté des signatures en faveur de l’initiative qui demande que les primes n’excèdent pas 10% des revenus. Dans la plupart des pays qui nous entourent, les charges de la santé sont réparties en fonction des revenus, comme les impôts. Or, en Suisse, les primes sont calculées par tête sans prendre en compte les revenus. L’initiative du Parti socialiste cherche à rendre le système plus équitable. Et comme le financement des montants qui excèdent les 10%  sera partagé entre la Confédération et les cantons, ceux-ci seront davantage mis sous pression dans leur utilisation de l’argent public. Ils devront donc mieux planifier leurs investissements, en veillant à une meilleure répartition des prestations spécialisées et en se tournant davantage vers la prévention. Ce qui permettra de réduire l’augmentation des coûts.

Autre sujet: vous soutenez l’accord-cadre avec l’Union européenne. En quoi est-il important pour la place économique régionale?
L’industrie de Bienne et du Jura bernois est fortement axée vers l’exportation. Elle a besoin de bonnes conditions dans sa relation avec l’Union européenne, l’un de ses marchés principaux. L’accord-cadre peut les lui apporter. Mais étant donné que l’UDC lancera certainement un référendum contre cet accord, c’est la population qui se prononcera au final. Il vaut donc mieux investir maintenant du temps et des ressources en discuter, car la proposition actuelle ne répond pas à plusieurs de nos exigences, notamment en matière de protection contre le dumping salarial et de règlement des litiges.

Le thème dominant la campagne est celui du climat. Quelles mesures doivent être appliquées en priorité pour limiter le réchauffement climatique?
Les principales émissions de CO2 proviennent du trafic et des systèmes de chauffage. C’est dans ces secteurs que nous devons changer en premier lieu nos habitudes. Il faut mettre l’accent sur les règles en matière de constructions, sur l’encouragement des énergies renouvelables, sur les modalités du trafic... Le projet de loi discuté par le Conseil des Etats répond bien à ces exigences. La taxe sur les billets d’avion est aussi une mesure judicieuse. En Allemagne, une telle taxe a entraîné la baisse des ventes de billets de 15%.

Dans son nouveau projet de réforme de l’AVS, le Conseil fédéral propose de mettre l’âge de départ à la retraite des femmes à égalité avec celui des hommes. Y êtes-vous favorable?
Aussi longtemps que des inégalités de salaires inadmissibles entre hommes et femmes persistent, ce n’est pas la première mesure à soutenir. Mais si l’âge de la retraite des femmes augmente, les compensations qui leur sont accordées doivent être crédibles. Mais quoi qu’il en soit, il faut chercher des solutions pour pérenniser le système de prévoyance vieillesse.

Bienne est empêtrée dans le nœud de la branche Ouest de l’A5. Vous avez par le passé dirigé le groupe de travail qui a jadis soutenu le tronçon muni de deux jonctions au centre-ville. Aujourd’hui, êtes-vous toujours derrière cette variante?
J’ai promis de ne pas m’immiscer dans les affaires qui sont aujourd’hui entre les mains de mon successeur à la mairie de Bienne! En tant que parlementaire, je suis toutefois intervenu auprès de Simonetta Sommaruga pour qu’un dialogue soit entamé avec les opposants. Mon rôle est de contribuer à la bonne tenue de ce processus. Et si une solution meilleure que le projet officiel voit le jour, je la défendrai.

Le Conseil des Etats vient de soutenir l’acquisition de nouveaux avions de combat pour six milliards de francs. Les Suisses voteront en automne 2020. Cet investissement est-il nécessaire?
Je me suis abstenu lors du vote, car le projet soumis par le Conseil fédéral ne prend pas en compte les besoins en matière de radar et de défense sol-air. Il faut aborder la problématique de la protection aérienne dans sa globalité, et non point par point. Si au final la défense du pays nécessite de dépenser six milliards pour des avions, alors j’y serai favorable. Mais avant, j’aimerais connaître le montant de la facture totale.

 

Quatre décennies de politique

Né en 1952, marié et père de trois enfants, Hans Stöckli a commencé sa carrière politique en 1979 avec son élection au Conseil de ville de Bienne pour le compte du Parti socialiste. Avocat de formation, il a été élu à la mairie en 1990. Durant son mandat de maire, il siège également au Grand Conseil et au Conseil national. Il quitte la mairie fin 2010 et se fait élire en 2011 au Conseil des Etats. A côté de la politique, il fait partie d’une multitude d’organisations, dont il assume aussi parfois la présidence (Alliance pour la santé en Suisse, Jura & Trois Lacs...). Son budget pour la campagne électorale en cours se monte à 290 000 fr., financé entre autres par le PS, des donateurs privés ainsi que lui-même. DNI

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