Les anges gardiens du lac

Par Maeva Pleines

Dès qu’ils montent sur le bateau. ils prennent un petit air de loups de mer. Une chose est sûre, tous cultivent un lien fort avec l’eau. Plongeur professionnel, joueur de water-polo, capitaine ou même médecin... «Tout le monde peut rejoindre le service de sauvetage du lac de Bienne. Ainsi, chacun apporte ses compétences et s’enrichit au contact des autres», explique Marc Baumgartner, le président du service, qui travaille lui-même dans la confection de machines-outils. «De mon côté, j’apporte des capacités techniques.»

Celles-ci s’avèrent, par exemple, utiles lorsqu’il s’agit de réparer des bouées endommagées. Car, si la mission première du service est de venir en aide aux  personnes en détresse sur le lac de Bienne ou dans les eaux environnantes, lors des journées plus calmes, il s’occupe aussi de travaux de maintenance. «Mais même lors de ces missions, nous restons toujours prêts à réagir», assure Marc Baumgartner.

Ainsi, chaque week-end, une équipe de cinq bénévoles assure un piquet pour épauler la police du lac en cas d’urgence. Et durant la période hivernale, lorsqu’il y a moins d’activité sur le lac, ils ne sont plus que trois. «En général, les cas graves se comptent sur les doigts d’une main chaque année, mais nous sommes aussi là pour d’autres demandes», poursuit Marc Baumgartner. «En début de saison, nous sommes régulièrement sollicités pour des soucis de batteries qui n’ont plus servi depuis longtemps. Ou lorsqu’il y a beaucoup de vent, nous devons souvent intervenir auprès de voiliers retournés.»

Un plongeur à la rescousse

Lors de notre rencontre, le téléphone sonne assez rapidement. Il s’agit de retrouver le couvercle du réservoir à benzine d’un bateau parqué à Ipsach. En quelques minutes à peine, nous voilà partis pour porter secours au propriétaire de l’embarcation. À bord, on comprend rapidement l’assignation des différents membres de l’équipage:le capitaine du bateau est assisté par deux matelots et deux plongeurs qui sont prêts à se jeter à l’eau. D’ailleurs, en deux temps trois mouvements, l’un d’eux enfile son équipement avant de plonger, puis de ressortir un instant plus tard, brandissant le précieux objet.

Le propriétaire du bateau, faisant partie des membres passifs de l’association, il bénéficiera même d’un rabais pour cette intervention. «Nous comptabilisons environ 1100membres passifs, 200 actifs et 45 volontaires pour les piquets», glisse le président de l’association.

Formation pour les jeunes

Egalement de piquet ce jour-là, le responsable du matériel, Philippe Schwalm travaille dans la bonne humeur. Il confie que, ce qui lui tient à cœur dans cette activité bénévole c’est l’ambiance conviviale. «Même en étant l’un des premiers Romands du groupe, j’ai très vite été intégré. A première vue, on passe pour une équipe un peu déjantée, mais dès que l’alarme sonne, tout le monde sait exactement ce qu’il doit faire. C’est impressionnant, mais c’est surtout nécessaire de savoir que l’on peut compter sur ses coéquipiers.»

Philippe Schwalm ajoute qu’il s’est inscrit dans le service en 1979, suite à la noyade d’un collègue lors d’une sortie en kayak. «Nous n’avons pas su réagir pour le sauver... Cela m’a poussé à suivre un cours de nageur sauveteur.»

De fait, les ateliers de formation représentent également un axe important du travail de la société de sauvetage. Elle organise régulièrement des stages pédagogiques pour les jeunes de 10 à 16 ans. «Nous assurons ainsi la relève de l’organisation», rapporte Marc Baumgartner.

Lui-même a ainsi repris les rênes de son père alors qu’il n’avait que 16 ans. «Les personnes intéressées à se lancer peuvent commencer par nous accompagner dans nos piquets. L’apprentissage se fait ensuite directement en contribuant», sourit-il.