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VTT

La nouvelle reine reste cool

Même après avoir dressé le bilan d’une saison ahurissante sur le plan des résultats, avec en exergue un titre mondial en descente, la Biennoise d’adoption Camille Balanche n’est pas près de prendre la grosse tête.

Camille Balanche porte le maillot arc-en-ciel de championne du monde, un titre planétaire suivi par le sacre national.

par Sélim Biedermann


D’abord très enthousiasmante par le fait d’avoir pu intégrer pour la première fois de sa carrière un team professionnel, en l’occurrence DorvalAM, la saison2020 de Camille Balanche a rapidement pris un arrière-goût fétide avec l’entrée en scène du Covid-19. Malgré tout, les as de l’équilibre à grande vitesse ont pu dévaler quelques pentes en compétition. Et un nom est apparu en grandes lettres, celui de la Biennoise d’adoption, locloise d’origine.

De quoi jeter un regard fier et empreint d’une immense satisfaction dans le rétroviseur. «Nous n’étions dans un premier temps pas sûres du tout que des courses puissent figurer au programme de cette année», glisse-t-elle. «Alors d’avoir ensuite pu obtenir de si bons résultats...» C’est incroyable, phénoménal, magique? N’allez pas croire que Camille Balanche va user d’une succession de superlatifs pour qualifier son ahurissant exercice, alors qu’elle ne s’est mise au VTT de descente qu’en2018... «Pour ma troisième saison, c’est pas mal!», lance-t-elle. Oui, c’est tout.

Coup de maître
A 30ans, cette touche-à-tout ayant goûté à plusieurs sports –et le terme reste faible pour celle qui a notamment participé aux Jeux olympiques de Vancouver2010 dans le costume d’une hockeyeuse sur glace– a certes atteint le sommet, mais le phénomène de la grosse tête ne l’atteindra a priori jamais. «Cam» reste cool en toute circonstance. Non sans se montrer lucide: «Je pourrais très bien ne rien avoir obtenu même au bout de 10ans, puisque c’est une seule course par année». Bien sûr, c’est à son coup de maître qu’elle songe en premier à l’heure de dresser le bilan et de prendre du repos. Soit le sacre mondial, une première chez les Suissesses dans la discipline.

Chose que Camille Balanche n’aurait oser esquisser dans son esprit, même dans un minuscule coin de sa tête. Et pourtant. Le dimanche 11octobre2020 restera ce jour si particulier, celui où la citoyenne de Bienne a précédé toutes ses rivales au terme d’une descente disputée dans des conditions épouvantables, en Autriche du côté de Leogang. «C’était spécial comme course, avec un sol boueux presque inroulable», souligne la championne du monde, qui, alors affublée d’un dossard élevé, s’est justement révélée plus maligne que les autres. «Ce genre de circonstances me convient mieux qu’une piste ultra rapide, lorsque cela se joue au centième près et où il faut donc prendre des risques partout.»

Début de saison en fanfare
Cette distinction planétaire suprême ne tombait de loin pas de nulle part. Hormis son brillant titre de championne d’Europe décroché en2019, cette année, à l’occasion du début d’une saison raccourcie, déjà, Camille Balanche a fait parler d’elle. En août, elle s’adjugeait les Hot Trail Series dans les Préalpes fribourgeoises, à LaBerra. Puis elle remportait le classement général de la Coupe de France, mi-septembre, après avoir signé une 2eplace, une victoire et un 4erang.

Et vu que la nouvelle reine de la descente en avait encore sous la pédale après s’être parée de l’or mondial, elle n’a pas laissé planer le doute aux championnats de Suisse, le 25octobre à Lenzerheide, remplissant son objectif en s’étant montrée la plus rapide, et ce pour la première fois dans cette compétition. Elle a carrément écrasé une concurrence privée de l’autre Biennoise, la multiple championne nationale Emilie Siegenthaler, à nouveau blessée.

«Que 8e au final»
Au regard de cette accumulation de très probants résultats, la 8eposition de Camille Balanche au général de la Coupe du monde ferait presque un peu tache, sachant qu’elle avait fait mieux l’an dernier avec une 7eplace. «Je suis contente, parce que beaucoup de filles roulent vraiment fort», coupe-t-elle sans sourciller. Seulement quatre courses sur huit, uniquement à Maribor et Lousa, ont pu se dérouler à cause de la crise sanitaire. «Cam» visait au moins un podium, mais elle s’est classée8e,7e et deux fois6e. «Je n’ai du coup pas vraiment de chance de ne me retrouver que8e au final», souligne-t-elle.

Pas de quoi faire perdre le sourire à celle qui porte un maillot arc-en-ciel tant convoité. Qui se réjouit de pouvoir bénéficier l’an prochain encore, selon son contrat, du confort offert par une équipe pro. Chaud devant!

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