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Pédale douce

Où le feu ne brûle pas le cycliste

Améliorer la reconnaissance des deux-roues par les feux de circulation? C’est presque fait, répond le Conseil exécutif. Explications en mode cale-pied.

Le pire, c’est qu’un cycliste peut en cacher un autre... Photo:LDD

par Pierre-Alain Brenzikofer

Le cas est effectivement complexe. Tout comme la demande de Michael Ritter de Berthoud, chevalier vert libéral de la cause cycliste et accessoirement député. Par voie de postulat, il souhaitait ainsi donner mandat au Conseil exécutif d’étudier la possibilité d’installer, sur les routes cantonales, des feux de circulation plus favorables aux cyclistes que les modèles actuels, qui détectent les véhicules à l’aide de boucles d’induction magnétique, ou de remplacer progressivement les feux actuels, rien que ça.
«Les modèles à étudier en particulier sont ceux munis de caméras optiques ou thermiques. L’étude devra en outre examiner s’il existe sur le marché des modèles avec boucles d’induction magnétique plus performants pour ce qui est de la détection des vélos et si leur installation est envisageable. Sur le plan financier, il sera enfin examiné la possibilité de remplacer au fur et à mesure les feux de circulation trop usés ou d’en installer de nouveaux», insistait l’auteur du postulat. Une intervention que le gouvernement propose d’adopter, mais surtout de classer comme étant réalisée. Pas de panique, on y revient.Michael Ritter, lui, rappelait que la plupart des feux mis en place fonctionnent avec des boucles d’induction magnétique. Ce qui veut dire qu’ils détectent les modifications du champ magnétique que provoque le passage des véhicules.

Les frais du système
Mais, constatait-il avec effroi, «les vélos font de plus en plus les frais de ce système, qui a des difficultés à les reconnaître, voire ne les reconnaît pas du tout, le métal n’étant plus nécessairement leur principal composante, et les boucles d’induction magnétique étant incapables de détecter un cadre en carbone ou fait de matières plastiques.» Bref, son intervention demandait à ce que d’autres systèmes de feux de circulation soient examinés, en particulier ceux qui utilisent une caméra optique ou l’imagerie thermique. Soucieux de l’avenir de la planète, Michael Ritter ajoutait cependant ce qui suit: «Dans une optique de développement durable et de proportionnalité, les nouveaux équipements ne seront mis en service que lorsqu’il s’agira de remplacer des feux trop usés ou d’en installer de nouveaux.» Oui, la pédale douce malgré tout!
Dans le camp du gouvernement, on dit comprendre ces préoccupations et les failles du système actuel. On ajoute cependant que la majorité des vélos en circulation sont toujours en métal et donc pris en compte par les feux actuels. N’y aurait-il donc pas le feu au lac?
L’exécutif constate qu’aujourd’hui, les caméras optiques permettent de repérer les piétons le long des routes cantonales et d’adapter la durée des feux verts. Cependant, comme d’autres cantons en ont fait l’expérience, ces caméras ne fonctionnent pas toujours de manière fiable avec les vélos, pour lesquels les modèles avec caméras optiques à imagerie thermique sont plus appropriés.

La bonne position
«Adapter les feux actuels en les équipant de ce type de caméras s’est révélé très onéreux. La transformation consiste à changer l’unité d’exploitation du boîtier de commande et à poser la caméra et son câblage.
Par ailleurs, selon le matériel déjà installé, le positionnement correct de l’appareil n’est pas toujours garanti, explique doctement la Berne plantigrade. Sur le plan économique, la proportionnalité entre les coûts et l’utilité n’est, dans de nombreux cas, pas démontrée. Mais cela est différent lors du remplacement complet ou du montage de nouveaux feux de signalisation. A l’avenir, ces installations devront être équipées d’une caméra optique à imagerie thermique.»

Coûts peu élevés
Il faut préciser que par rapport à une transformation, les coûts supplémentaires sont peu élevés dans la plupart des cas. Comme quoi, il y sera renoncé uniquement si l’utilisation de tels bidules débouche sur des frais disproportionnés ou si leur positionnement n’est pas adapté, jure le gouvernement. Ce dernier tient à répéter qu’il étudie déjà la possibilité d’installer des feux de circulation plus favorables aux cyclistes sur les routes cantonales et d’adapter les feux obsolètes dans les limites du principe de proportionnalité. L’utilisation de caméras optiques à reconnaissance thermique sur les nouvelles installations fait systématiquement l’objet d’une analyse et est réalisée dans la mesure du possible. Au vu de ce qui précède, le Conseil exécutif propose d’adopter et de classer le postulat. Pédalez!

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