A même pas 15 ans, Jil Couture crève déjà l’écran

par Sélim Biedermann

La voie qui, espère-t-elle, doit la mener au sommet paraîtrait presque aussi évidente que celles dont Jil Couture se joue avec aisance en compétition. Motivée et déterminée sont à l’évidence les adjectifs qui siéent le mieux à la jeune femme. Elle vise des objectifs mondiaux, avec le même regard affûté qui lui permet d’atteindre si souvent une prise finale en haut d’un mur de grimpe.

La Biennoise aura 15ans en juillet. Ses grandes ambitions pourraient ainsi sembler bien précoces. Mais pas tant que ça, en fait. A l’occasion de ce qui représentait sa première épreuve internationale en tant qu’athlète du cadre de l’équipe de Suisse, elle a porté sa carte de visite aux yeux de spécialistes avertis. En Russie, au début du mois de mai lors des championnats d’Europe de la jeunesse –ouverts aux espoirs ayant jusqu’à 19ans–, Jil Couture était pourtant la moins âgée des 11membres de la délégation helvétique sélectionnés. Mais, au même titre que son compatriote Jonas Utelli, c’est elle qui a crevé l’écran dans la ville de Perm.

Pour autant, l’humilité qui est la sienne ne l’a pas fait se pavaner. «Si cela avait été une simple manche de Coupe d’Europe, ça aurait certainement été moins stressant. J’étais un peu impressionnée face à tant d’autres athlètes plus grands que moi», lâche-t-elle. «Mais ça s’est bien passé au final...» Jil Couture a pris les4e et 7erangs en catégorieB dans les deux disciplines auxquelles elle a participé, respectivement la difficulté et le bloc –la troisième et dernière en escalade sportive est la vitesse. «Je suis très satisfaite de mes performances. J’ai atteint mon but, qui était d’arriver au minimum en demi-finales. Mais c’est quand même frustrant de finir au pied d’un podium et au pied d’une finale (réd:qui comprenait les six meilleurs)!»

Passeport canadien
Oui, la Biennoise voit haut, toujours plus haut. «Mon objectif à court terme est de me qualifier pour les Mondiaux de la jeunesse, qui se dérouleront à nouveau en Russie l’automne prochain. Les sélections sont difficiles, mais étant donné que j’ai été assez bonne aux Européens, mes chances semblent grandes», se réjouit l’athlète aux deux passeports dans une bonne humeur qui fleure bon la feuille d’érable, non sans une pointe de timidité contrastant avec la volonté de fer qu’elle affiche aux dépens de bon nombre de ses concurrentes. Elle reprend: «A plus long terme, j’espère prendre part aux championnats du monde élites et aux Jeux olympiques». Mais pas trop tard non plus, dans l’idée de Jil Couture... Qui cible déjà les Mondiaux de Berne2023 et les JO de Paris2024!

Le timing paraît court. Toutefois, ses résultats ainsi que la dose d’entraînement qu’elle s’inflige volontiers au quotidien au sein d’un centre régional à Berne –en plus des parois escaladées pour le fun le week-end– parlent en sa faveur. Sacrée à quatre reprises championne de Suisse et autant de fois vice-championne dans sa catégorie d’âge et dans différentes disciplines depuis2016 –elle se montre le plus à l’aise et éprouve davantage de plaisir en difficulté–, la Seelandaise brandit également avec fierté une médaille de bronze obtenue à Montréal en2019 aux championnats nationaux... du Canada.

Malgré son nom typiquement québécois lui venant de sa mère, son père étant suisse allemand, c’est bien sous la bannière rouge à croix blanche que cette parfaite bilingue, par ailleurs future étudiante au Gymnase français, a décidé de concourir. «Je vais au Canada tous les hivers, j’ai de la famille là-bas», commence-t-elle avec enthousiasme. «Mais pour moi, c’est un choix logique. Je suis née, j’ai grandi et je vis à Bienne.» C’est donc dans une demeure de la métropole seelandaise que Jil Couture a fait ses premières armes: «Je suis la seule de ma famille à pratiquer ce sport, mais c’est une passion depuis toute petite. A 3ans, je grimpais déjà dans le cadre des portes. Et à5 ou 6ans, j’ai commencé la compétition.»

Contrairement à la natation, qu’elle a dû laisser tomber voici une année faute de temps, l’escalade sportive risque fort d’accompagner longtemps cette jeune championne. Parce qu’elle a ça dans le sang.