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Gléresse

Un tunnel entre vignes et vestiges

Les CFF ont commencé les travaux préparatoires de doublement de la voie, dans le secteur de Chavannes. Les vestiges d’un port médiéval ont été découverts sur le chantier.

Les vestiges du port médiéval de Chavannes, mis à jour lors des travaux préparatoires du tunnel de Gléresse. (Théophile Bloudanis)

Théophile Bloudanis

Dans la brume matinale de la région de Chavannes mercredi, ouvriers et machines de chantier s’activent sur le terrain qui accueillait, il n’y a pas si longtemps encore, des parcelles de vignes. Sur les voies, les trains circulent encore, au contraire de ceux entre Lausanne et Genève.

Les CFF ont ainsi commencé les premiers travaux du doublement des voies entre Chavannes et Douanne. «La première étape prévoit d’arracher les vignes, d’enlever des terres viticoles et de les transporter à Cornaux, pour qu’elles puissent être remises en place à la fin du projet», déclare Philippe Cornaz, chef de projet général. «La planification actuelle prévoit des travaux jusqu’en 2026», commente-t-il.

Un chantier pharaonique

Au total, le coût s’élève à près de 432 millions de francs, financé par le Fonds d’infrastructure ferroviaire (FIF). Le premier coup de pioche officiel aura lieu au printemps 2022 et dès janvier 2023, le début du creusement du souterrain verra deux équipes d’ouvriers travailler cinq jours par semaine. Dès mi-2026, l’ancienne voie sera démantelée, libérant ainsi 32 000m² de surface qui sera réaménagée en vignobles. La mise en service complète est prévue pour décembre de la même année.

D’une longueur de 2,13km, le futur tunnel de Gléresse permettra de gagner 37 secondes sur les horaires de trains. «De quoi presque prendre un café à la gare», plaisante le chef de projet. «C’est le dernier tronçon ferroviaire à simple voie de la ligne Lausanne-Bienne et c’est un goulet d’étranglement. Le doublement des voies, leur réaménagement ainsi que le tunnel, sera non seulement une amélioration de la ponctualité mais aussi de la qualité de vie des riverains de ce secteur.»

Découvertes archéologiques

Outre la complexité technique du chantier, les CFF ont dû s’adapter au fait que le secteur est inscrit dans la zone de protection de l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP). C’était sans compter la découverte impressionnante des vestiges archéologiques de l’ancien port médiéval de Chavannes, lieu où les vignerons de jadis chargeaient les bateaux de vin pour Soleure. Tout observateur peut ainsi se rendre compte de la hauteur du lac à cette époque.

L’ex-régie fédérale collabore ainsi de près avec le Service archéologique du canton de Berne ainsi qu’avec les autorités communales de LaNeuveville. «C’est très émouvant de se retrouver devant ces vestiges», se réjouit Catherine Frioud Auchlin, maire de La Neuveville. «C’est un élément supplémentaire de ce qu’était la vie économique et commerciale de notre région», observe-t-elle.

Les restes du port vont être cartographiés puis modélisés avec des moyens technologiques, avant d’être retirés. Les blocs de pierre seront réutilisés pour des réaménagements périphériques du projet. «C’est un petit sacrifice à faire. L’important c’est de l’avoir vu et d’avoir archivé son emplacement, d’autant plus que nos régions lacustres regorgent de traces archéologiques en tout genre», explique la mairesse. Et de conclure: «Nous vivons au 21e siècle et il faut faire un peu de place à la mobilité douce, plutôt que de la donner à une enfilade de camions.»

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